Tarn : La présidente de la Région Occitanie relance le dossier de la RN88
Urbanisme - Aménagement, Travaux routiers, Lescure-d'Albigeois
Publié le 06/01/2023 à 10:49
l'essentiel : Hier, dans un communiqué, la présidente de la Région a indiqué relancer sans attendre les études des aménagements de Lescure d'Albigeois.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps. À peine le transfert des routes nationales aux collectivités acté, et déjà le dossier de la Rn88 revient sur le devant de l’actualité. Hier dans un communiqué Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie a indiqué que la collectivité allait « reprendre sans attendre les études des aménagements de Lescure d’Albigeois ». Une petite phrase qui vient clore un vieux débat et surtout relancer un dossier à l’arrêt depuis quelques années faute de consensus.
La RN88 est un itinéraire interrégional qui relie Toulouse à Lyon. Le 1er janvier 2024, ce sera donc la région Occitanie qui devra assurer son aménagement et sa gestion et non plus l’Etat.
Sur cet itinéraire, « une concertation menée par la Région en 2022 a abouti à un consensus auprès de la population sur l’urgence d’agir pour fluidifier et sécuriser les circulations au regard des besoins de mobilité ». Sur la partie tarnaise, il reste un point noir : les 7 km qui ne sont pas en deux fois deux voies au niveau d’Albi et de Lescure. Ce qui provoque d’importants bouchons.
Pour les résoudre, trois solutions avaient été envisagées. Un grand contournement par l’ouest d’Albi. Une solution actée par l’Etat en 2001 mais qui n’a jamais été mise en place, notamment par l’inertie des politiques locaux.
Une par la plaine du Gô, qui déboucherait à Lescure. Et une troisième qui a été évoquée depuis quelques mois : la construction d’un autopont au niveau du rond-point de l’Arquipeyre pour fluidifier la circulation.
Ce débat agite le nord du département depuis plus de 20 ans. La présidente de la Région vient de le clore en écartant la solution du grand contournement. Comme l’avait souligné le préfet du Tarn ou encore la maire d’Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, cette solution n’est plus viable : trop onéreuse et écologiquement difficilement défendable.
Midi Libre a écrit:Aveyron : Département et Région se partagent la RN88
Publié le 06/01/2023 à 10:06 , mis à jour à 10:13
La décision était attendue par la Région Occitanie et le Département de l'Aveyron. L'aménagement de la 2x2 voies de la RN88 en dépendait. Le gouvernement a attribué 360km de routes nationales à la Région Occitanie ce vendredi 6 décembre. Cinq axes sont donc concernés par cette décision dont "la quasi-totalité de la RN88", indiquent les services de la Région.
"Je salue une décision qui donne enfin aux collectivités les moyens de répondre efficacement aux attentes des habitants dans de nombreux territoires, notamment ruraux, où ces routes jouent un rôle déterminant en matière de déplacements du quotidien, de désenclavement et de développement économique, a réagi la présidente de la Région, Carole Delga. La Région participait déjà grandement au financement des travaux sur ces itinéraires. Mais dans les faits, l’action de l’Etat s’avérait trop lente et parfois inadaptée aux attentes car trop éloignée des enjeux locaux."
La partie Est au Département
Les discussions entre le Département et la Région avancent bien concernant la partie aveyronnaise du tronçon routier. "Nous coopérerons en bonne intelligence sur le partage égal des 90 km d’itinéraires avec le Département, avoue la Présidente. Il financera une large partie du tronçon entre l’échangeur du Lachet et l’A75. La Région poursuivra également ses investissements importants sur le rail, notamment en vue de la réouverture de la ligne Rodez-Sévérac."
Ainsi, sur les 90km qui traversent l'Aveyron, la Région aura la portion Sud entre le viaduc du Viaur et Rodez, soit 45km. Le Département hérite des 45km de la portion Est qui séparent l'A75 et l'échangeur du Lachet. Cet été, lorsque le Département a dévoilé son plan pluriannuel pour le réseau routier, 350 millions d'euros étaient prévus pour aménager une 2x2 voies sur la portion entre Rodez et Sévérac-le-Château. Désormais il est assuré d'avoir la maîtrise d'ouvrage à sa charge et peut avancer plus sereinement sur le dossier.
colvert a écrit:L'État ayant passé la main, la Région est à la manœuvre sur la RN88 et sa présidente annonce l’abandon du contournement nord-ouest d'Albi (devant l'inertie locale ?) et il ne resterait que les solutions réutilisant la rocade d'Albi (déjà en limite de saturation ce qui ne pourra que s'aggraver avec une population en augmentation). Décision visionnaire ou de courte vue ?
G.E. a écrit:Face à un Etat honteusement démissionnaire, la région prend ses responsabilités et c'est très heureux. Il est effectivement plus que temps d'évacuer le sujet parasite du grand contournement et de voir comment assurer la continuité de la voie express dans l'agglo d'Albi.
G.E. a écrit:D'énormes investissements ont été consentis entre Albi et Rodez, la mauvaise rocade de Rodez va être doublée et dénivelée (là aussi un grand contournement s'est révélé impossible à construire et les élus ont été réalistes). Reste le verrou d'Albi à supprimer qui est déjà un gros point noir. Ce ne sont pas les (stupides) travaux de fortune actuels qui vont améliorer la situation : construire des giratoires sur des axes à bout de souffle n'a toujours fait qu'empirer les problèmes !
G.E. a écrit:Pour Albi, 2 solutions :
- Soit doubler et déniveler sur place la RN88 au milieu de secteurs bien urbanisés. Pas facile, avec notamment le problème de travaux à mener sur place sur des axes saturés et avec un pont sur le Tarn vétuste de surcroît.
- Soit rester sur le schéma initial du barreau de Lescure avec moins d'urbanisation et des emprises connues de tous (sauf des esprits chagrins) et préservées. L'insertion sera un grand enjeu humain et environnemental mais les réalisations récentes dans notre pays sont d'excellente qualité (logique, vu le temps et les moyens qu'on y consacre ).
G.E. a écrit:Dans tous les cas, même avec le volontarisme de la région, le quasi-retour à la case départ sur ce dossier à cause de l'inaction de l'Etat et de la complexification à l'absurde des procédures administratives laisse 15 ans avant les premiers travaux.
pierrrot81 a écrit:Que ce soit une honte que l'Etat soit démissionnaire, je n'ai pas eu le temps de ma pencher sérieusement sur la question par contre franchement j'ai du mal à saisir le fait que vous parlez de parasitisme pour le contournement.
pierrrot81 a écrit:Les études de faisabilité ont montré qu'il était parfaitement réalisable, et pas aussi onéreux que certains veulent le faire croire (j'ai évoqué les raisons dans mon intervention précédente).
pierrrot81 a écrit:Le contournement d'Albi ne s'est jamais révélé impossible, ce sont les élus qui veulent le rendre impossible en annonçant des chiffres totalement délirants (certains articles de la dépêche retransmettant les propos de certains, indiquent un montant de 1 miliard d'euros avec un tunnel de 15 km etc...).
pierrrot81 a écrit:Les travaux actuels semblent stupides aujourd'hui mais normalement il n'aurait pas du l'être étant donné qu'à l'origine ils étaient prévus pour sécuriser et non pour fluidifier le trafic (voir dossier de voierie d'Albi de l'époque dans le scénario C qui a été retenu). L'objectif n'étant pas de faire passer l'autoroute sur la rocade.
pierrrot81 a écrit:Question urbanisation, elle est dense, Lescure est classée en zone urbaine, un nombre important d'habitation se trouve vraiment en bordure. Le contournement nord ouest d'Albi ne présente pas ce problème puisque les maisons les plus proches se trouvent à plus 200 m des faisceaux et il y en n'a que très peu.
pierrrot81 a écrit:Je veux bien vous croire qu'aujourd'hui que l'insertion de certains projets sont d'excellente qualité mais au vu du maraichage bio qui se développe dans la plaine de Lescure, quelle qu'en soit l'insertion d'une voie express n'est pas compatible avec cette agriculture. Comment la région peut-elle accepter l'étude de ce barreau quand on sait qu'en même temps elle subventionne l'association qui développe ce maraichage qui a aussi pour but de rendre en partie autonome la ville d'Albi qui elle même se vente de ce projet ? où est la cohérence là dedans ?
pierrrot81 a écrit:Il ne s'agit pas de l'inaction de l'Etat, mais surtout de l'inaction des élus locaux. Puisque comme je l'ai évoqué dans ma précédente intervention, depuis 2006 aucune demande concernant ce dossier n'a été faites dans les différents contrats de plan qui se sont écoulés. Si l'Etat a sa part de responsabilité, elle est minime par rapport à celle de élus locaux.
G.E. a écrit:Quelles études ? Il n'y a rien d'autre qu'un vague tracé.
G.E. a écrit:Rien n'est impossible dans l'absolu mais sur le forum nous avons la vue de tous les projets routiers en France, du manque de financement public, de la réglementation très stricte, etc. donc sans aller jusqu'au milliard qui est sans doute trop, on doit être proche désormais de 300-400 millions pour un grand contournement, sans parler des dizaines d'hectares de compensation environnementale. Autant d'argent et d'hectares que personne n'a !
G.E. a écrit:Il y a des maisons partout, le choix final sera forcément un compromis entre coût, nuisances et bienfaits. On sait très bien insérer des voies rapides en milieu urbain en minimisant le visuel, le bruit...
G.E. a écrit:La RN88 est jusqu'à présent une route nationale, donc de la responsabilité de l'Etat. Celui-ci a failli à sa mission en ne prenant pas parti entre les différents intérêts particuliers locaux. Un grand classique : quand les élus s'entendent, les projets avancent, quand ils se battent et oublient l'intérêt général, les projets piétinent. En reprenant sa gestion début 2024, la région assume logiquement son rôle d'aménageur et elle a raison de vouloir trancher le noeud gordien. Il faut souhaiter qu'elle y arrive !
pierrrot81 a écrit:Des études ont été faites, il s’agit d’une étude préliminaire lors de la concertation en 2000.
(...)
Il s’agit d’une étude préliminaire certes mais qui est suffisante pour évaluer un cout relativement précis. Ca date effectivement de 20 ans mais question topologie du terrain rien n’a changé. Par le biais de ces éléments et autres le contournement nord-ouest a été estimé en 2001 à 150 millions d’euros. A la même époque des estimations ont été faites sur les différents tronçons entre Rodez et Albi qui sont aujourd’hui réalisés (contournement de Carmaux, Baraqueville etc…) donc certains tout récemment. Tous sans exception n’ont pas dépassé les évaluations de l’époque alors pourquoi il n’en serait pas de même pour le contournement d’Albi.
pierrrot81 a écrit:Je me répète mais les travaux du contournement Nord-Ouest d’Albi sont bien moins important que les travaux du Puy en Velay datant de 2018 (donc relativement récents) qui ont couté 194 millions d’euros et donc largement en-dessous de 300 millions d’euros. Même en prenant en compte les compassions environnementales on ne pourra pas atteindre ces montants-là.
pierrrot81 a écrit:Pour toutes ses raisons, l’étude plus poussée du contournement ne doit pas être rejetée.
pierrrot81 a écrit:Raison de plus pour étudier ce contournement et le maintenir dans l’étude d’opportunité.
pierrrot81 a écrit:Concernant l’article sur la Dépêche sur le communiqué de presse de Carole DELGA (j’en ai pris connaissance récemment) à aucun moment elle précise qu’elle écarte le contournement d’Albi, elle dit simplement qu’elle veut « reprendre sans attendre les études des aménagements de Lescure d’Albigeois ». Pourquoi la dépêche se permet d’écrire ça ?
pierrrot81 a écrit:En tous les cas en tant qu'expert des routes plus que moi, je ne comprends pas que vous soyez autant favorable au barreau de Lescure et quasiment pas pour le contournement.
G.E. a écrit: Certes, la géologie ne changera pas mais en 2000, les normes environnementales (et autres) n'étaient pas aussi pointilleuses. Il y a sans doute de mauvaises surprises à la clef : bestioles rares non débusquées, riverains grognons et procéduriers localement une fois le tracé affiné, etc.
G.E. a écrit: Le contournement du Puy est certes exceptionnel avec un relief marqué, une tranchée couverte et un viaduc important... On a été gâté au niveau des mauvaises surprises (effondrements, surcoûts).
G.E. a écrit: Bien que fortement contestable, la doctrine actuelle est de faire le plus possible sur place. C'est devenu le critère principal, sans justification scientifique (pourquoi les hectares doivent primer sur les riverains ?), quitte à aboutir à de mauvais projets ou à des situations absurdes.
G.E. a écrit: L'information doit être de source sûre.
G.E. a écrit: Je suis pour une voie express continue de Toulouse à l'A75 car les territoires concernés en ont besoin et car Albi ne doit pas devenir un verrou et un enfer au quotidien. L'Etat ayant échoué (et même pas tenté véritablement) et les élus locaux (département, communes) ayant montré leur peu d'intérêt général, l'offre de la région est la dernière pour faire bouger le projet. A prendre ou à laisser.
G.E. a écrit: De façon pragmatique, le grand contournement est hors jeu. Le barreau de Lescure peut encore être réalisé car il séparerait les trafics et par chance les emprises n'ont pas été supprimées.
G.E. a écrit: Je pense malgré tout que le contexte réglementaire et local va inciter la région à jouer la carte de l'aménagement sur place. Plusieurs avantages pour la région : phasage possible, moins de problèmes de compensation, traitement dans les 10 ans du verrou de l'Arquipeyre. Mais la grande erreur dans ce scénario serait justement de se focaliser uniquement sur le giratoire de l'Arquipeyre et de ne pas envisager le doublement et la dénivellation jusqu'à L'Hermet. A quoi bon traiter un verrou pour en créer un autre ? A suivre lorsque les études sérieuses seront enfin lancées !
pierrrot81 a écrit:G.E. a écrit: Certes, la géologie ne changera pas mais en 2000, les normes environnementales (et autres) n'étaient pas aussi pointilleuses. Il y a sans doute de mauvaises surprises à la clef : bestioles rares non débusquées, riverains grognons et procéduriers localement une fois le tracé affiné, etc.
Ca sera aussi vrai pour le barreau de Lescure.
pierrrot81 a écrit:G.E. a écrit: Le contournement du Puy est certes exceptionnel avec un relief marqué, une tranchée couverte et un viaduc important... On a été gâté au niveau des mauvaises surprises (effondrements, surcoûts).
Du coup même avec les effondrements et les surcoûts, le chantier n’a pas dépassé les 200 millions d’euros raison de plus pour dire que le contournement nord-ouest d’Albi est tout à fait réalisable financièrement.
pierrrot81 a écrit:Si c’est choisir entre « l’autopont » et le barreau alors j’ai envie de dire que c’est à laisser, car que ce soit l’un et l’autre il y a des fortes chances qu’Albi reste justement "un verrou et un enfer" puisque la rocade servira à la fois d’autoroute et de desserte d’agglomération donc il y aura un mélange du trafic de transit et local. Le barreau de Lescure ne résoudra que le nord de la rocade mais pas le sud sur laquelle il y a le plus gros trafic. Il est fort probable que cette zone devienne dans ce cas très « accidentogène » et saturée..
pierrrot81 a écrit:G.E. a écrit: De façon pragmatique, le grand contournement est hors jeu. Le barreau de Lescure peut encore être réalisé car il séparerait les trafics et par chance les emprises n'ont pas été supprimées.
Hé bien justement je pense que si l’emprise avait été supprimée l’Etat, les élus locaux n’auraient pas eu le choix. De ce fait ils auraient moins trainé et le contournement nord ouest aurait été réalisé ou bien en cours de réalisation.
pierrrot81 a écrit:D’ailleurs lors de la concertation en 2000 certains souhaitaient que se fasse d’abord le contournement avant le doublement de la rocade pensant justement que dans le cas contraire les projets allaient trainer. Au vu d’aujourd’hui il semble qu’ils avaient raison.
pierrrot81 a écrit:Si c’est cette solution qui se fait, alors à moment donné il va falloir réfléchir comment régler le problème de la pollution, car déjà à l’heure actuelle au niveau de Lescure comme je l’ai dit on est largement au-dessus des normes au niveau des taux NOx et particules fines (EP 2018) pour 30 000 vehicules/jour, ne parlons pas du reste de la rocade ou les taux doivent explosés. Au vu de l’augmentation du trafic qui semble inéluctable l’état et la région vont devoir rendre des comptes s’ils prennent cette décision. Au nom de l’écologie et des économies d’argent, sacrifier la santé des gens me semble très risqué. L’Etat a déjà était condamné pour ça.
pierrrot81 a écrit:Au train où ça va et suite à ce que vous me dites par rapport à votre expérience, j’ai peur qu’effectivement Albi devienne un véritable point noir tel que celui qu’on a connu à Millau. Avant l’arrivée de l’A75.
pierrrot81 a écrit:Les écologistes radicaux ne sont pour aucun projet routier prétextant que de continuer à créer des axes cela ne fait qu’accroitre le trafic et inciter les gens à prendre leur voiture. Je vais finir par les rejoindre en espérant qu’Albi finisse par devenir un cauchemar afin de provoquer l’évènement pour que les gens soient incités à ne plus prendre la voiture concernant les locaux et pour ceux qui sont de passage à les inciter à emprunter un autre axe que celui de Toulouse/Lyon.
pierrrot81 a écrit:Vous avez écrit : « l'offre de la région est la dernière pour faire bouger le projet ». Du coup J’ose espérer que la région arrive à trouver une solution respectable digne de ce nom pour que l’on puisse vivre de manière sereine dans la plaine albigeoise et conserver le meilleur cadre de vie possible sur lequel je travaille.
G.E. a écrit: Quant à la rocade Sud doublée il y a quelques années, elle ne passera pas à 2x3 voies. Il faut considérer qu'elle est dans son état final.
G.E. a écrit: A Rodez, les élus ont intelligemment compris que le projet de grand contournement ne les amènerait à rien. Ils ont donc poussé pour une dénivellation systématique des giratoires bloquant leur rocade, les travaux commenceront bientôt. Mais cette solution est-elle transposable à Albi ? Les études doivent en prouver le bien-fondé comparé à l'option du barreau de Lescure.
G.E. a écrit:L'entrée Nord d'Albi connaît déjà des dysfonctionnements. Et ils ne vont pas s'arranger avec la poursuite du développement de l'agglomération et de l'aménagement dans l'Aveyron. A défaut de devenir l'axe Lyon - Toulouse, la RN88 est déjà l'axe Clermont - Toulouse.
G.E. a écrit:Il y a aura des dizaines de réunion de "débat", "consultation", "concertation" et autres. Si elles ne sont pas noyautées par les opposants à tout, vous aurez largement l'occasion de donner votre avis.
La volonté de la présidente de la Région, Carole Delga, d’avancer sur le sujet va obliger chacun à se positionner sur un dossier qui empoisonne la vie politique et celle des Tarnais depuis des décennies.
« L’État, le gestionnaire de la RN88, doit faire chiffrer et évaluer la faisabilité des scénarios. Qu’il nous dise ce qui est faisable et nous choisirons », lançait Stéphanie Guiraud-Chaumeil la maire d’Albi en novembre 2021 lors d’une réunion publique. Ce que l’Etat n’a pas fait, la présidente de la région Occitanie va le faire. En 2024, c’est la région qui récupérera la compétence sur la RN88. Dès la semaine dernière, la présidence a annoncé qu’elle allait relancer sans plus attendre les études sur Lescure. Voilà une lueur d’espoir de régler ou de faire avancer enfin un dossier vieux de quelques dizaines d’années et qui pourrit la vie de centaines de Tarnais (voir ci-dessous).
Et dans la longueur de ce feuilleton, l’Etat comme les élus tarnais ont une grosse part de responsabilité.
À terme, la RN 88 est appelée à devenir l’autoroute qui reliera Toulouse à Lyon. On compte pas loin de 44 000 véhicules par jour aujourd’hui sur la zone lescurienne de la nationale.
Dix ans de répit
Ce qui pose deux problèmes. La rocade va devenir une autoroute urbaine. Et les 7 km qui ne sont pas en deux voies sont source d'importants bouchons. Même si l’Etat mène actuellement des travaux d’envergure pour en passer une partie en deux fois deux voies, les experts de la Dirso estiment que dans 10 ans, on en sera revenu au même point.
Pour éviter ce point noir, deux solutions : un contournement nord ouest et un par la plaine du Gô. Déjà à la fin des années « 90 », le sujet agite le microcosme local. En 2000, une grande concertation est lancée. Et c’est le contournement nord ouest qui l'emporte. Le gouvernement Jospin, via le ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot valide ce choix et acte le fait que la rocade n’a pas vocation à devenir une autoroute. L’histoire aurait pu s’arrêter là et les travaux démarrer. Sauf qu’Etat comme politiques locaux ne sont pas affolés, c’est le moins qu’on puisse dire, pour faire aboutir le dossier. Résultat, 20 plus tard, on en est toujours au même point. Sauf que la circulation a été multipliée.
Le contournement nord ouest plus viable aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le grand contournement n’est plus viable. C’est ce qu’expliquait la maire d’Albi en 2021. « Le grand contournement, bien sûr sur le papier, c’est la seule solution », admettait-elle. Seul problème, il n’y a plus d’emplacement réservé dans le PLUI. « Quand nous l’avons établi, l’Etat n’a pas souhaité en conserver », rappelait-elle. Il faudrait donc procéder à des expropriations. Et ce serait le moindre des problèmes. Après, il faudra aller à l’encontre des lois liées à la protection des berges, de l’eau, l’artificialisation des terres, la présence du château de Castelnau… Et des fois que cela ne suffirait pas, le coût devrait en dissuader plus d’un. Il était estimé à 150 M€ en 2000.
Reste donc Lescure, la solution que la présidente de la Région souhaite explorer. Pour cette dernière, l’Etat a maintenu les réserves foncières. La solution est donc encore réalisable.
Il y a aussi celle d’un autopont au nouveau de l’Arquipeyre, solution qui a été évoquée par les services de l’Etat depuis 2021.
Dans ces deux cas, le problème restera entier sur le fait qu’une partie de la rocade servira un jour d’autoroute. Dès 2021, l’ancienne préfète du Tarn prévenait que la solution de Lescure n’est viable que si la rocade n’est plus empruntée par les flux urbains. Mais cela suppose que les véhiculent passent par l’intérieur d’Albi. Or, la ville va limiter la circulation sur son deuxième pont à un sens. Et la maire d’Albi a clairement indiqué qu’il était hors de question de réaliser un 4e pont sur sa commune et de ramener les automobilistes de la rocade en ville. Surtout à un moment où son but est de réduire la place de la voiture.
Une volonté affichée de la Région
Au final donc, la seule bonne nouvelle dans ce dossier est la volonté affichée de la présidente de la Région d’avancer sur ce dossier. Rien ne dit que la déviation se fera, mais dans tous les cas, l’action de Carole Delga va obliger chacun à enfin à se positionner clairement. À l’Agglo comme au département, cela risque d'un peu tanguer ! Meilleure preuve, depuis une semaine, malgré nos nombreux appels, aucun responsable ne souhaite s’exprimer sur le sujet.
Emmanuel Droillard
C’est parti. Albi-Lescure en passant par la RN 88 à 18 heures. C’est comme prendre un bain dans la Baltique, en plein hiver. On sait que ça va être compliqué. Commençons par accéder à la rocade. Petit échauffement en prenant le boulevard du Lude, où la circulation est déjà très dense. On avance à pas de souris, mais on avance. L’exaspération n’est pas encore là. Un rond-point puis un second et c’est l’arrivée sur la RN88. Les premières centaines de mètres sont zen. Le trafic est fluide. On se met à rêver d’un trajet sans problème. Entre le rêve et la réalité. À quelques encablures de la sortie Cantepau, c’est parti pour la galère. Sur les deux voies, c’est un long convoi de voitures et camions à l’arrêt.
Une saturation quotidienne
On n’a plus qu’à prendre notre mal en patience. Dans la file, certains sortent leur portable. Madame se refait une beauté en mettant du rouge à lèvres. D’autres grillent une cigarette. Les derniers frottent leurs yeux fatigués. Bref, le quotidien d’un embouteillage. Petit miracle. On avance de 15 mètres. Devant, une voiture, mélange de 504 Peugeot et de carrosserie de l’époque soviétique, dégage à chaque accélération, une fumée noirâtre. Ce ne sont plus des particules, mais des grumeaux, capables de stopper en plein vol, une escadrille d’oies sauvages. Le temps passe au rythme des panneaux publicitaires. Une promo par ci, une voiture électrique par là. La Jardinerie Tarnaise pointe, preuve de l’arrivée du rond-point de l’Arquipeyre. Que les minutes sont longues. C’est l’instant choisi pour certains qui malicieusement s’étaient installés sur la file de gauche qui navigue un peu plus vite, de se rabattre vers l’intérieur. Évidemment, ça coince. Évidemment, ça ronchonne. La pression monte. Enfin l’Arquipeyre. Dès que l’on a pénétré dans le rond-point, ça va mieux. On dépasse allégrement les 50 km/h. Soyons fous et poussons notre trajet jusqu’au rond-point de la Tête, amenant à l’entrée de la 2X2 voies vers Rodez. Croyez-le ou pas. Même là, en pleine nature, il y a des ralentissements. Allez, on fait demi-tour direction Albi. On sait, on sent que le retour va être encore plus compliqué. Ça ne manque pas. Dès le rond-point de Gaillaguès, c’est l’arrêt total. Pas une accélération à l’horizon. On reste en première, cheveux au vent. La facilité aurait été de passer derrière le Leclerc, route de Cagnac-les-Mines et gagner du temps. Mais non. Non. On suit la file de la majorité silencieuse qui commence à fatiguer. Les bouchons sont de taille pour une ville moyenne. On avance à la vitesse d’une charrette remplie de foin entre un camion polonais et un Aveyronnais qui ne comprend pas ce qui se passe. Un tableau identique tous les matins, les midis et les soirs. C’est pire encore le mercredi et le samedi avec une horde de consommateurs, qui se jette sur les dizaines de magasins de la zone commerciale. Enfin, on n’oubliera pas les futurs travaux de sécurisation dans les prochains mois, qui vont empirer le quotidien déjà rude de ces galériens de Lescure.
Vincent Vidal
Retourner vers Voies Express & Nationales
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité