Rouen : il manque encore 200 millions au pont Flaubert
CIRCULATION. Quatre ans après son inauguration, le pont Flaubert de Rouen attend encore des voies d'accès définitives. Les élus locaux se mobilisent.
C'est ce qu'on appelle faire corps. Mercredi prochain, c'est une impressionnante délégation haut-normande d'élus (1) - qui plus est renforcée par les deux ministres issus de la région, Valérie Fourneyron et Laurent Fabius - qui s'apprêtait à aller à la rencontre du ministre des Transports, Frédéric Cuvillier. Principal sujet à l'ordre du jour : la présentation du projet des accès définitifs au pont Flaubert rouennais, rive gauche, pour en finir avec le gymkhana qui oblige l'automobiliste à emprunter deux ronds-points (de la Motte et de Madagascar) pour relier la Sud III au pont levant. Mais il y a quelques jours, le ministre a dû reporter sine die la rencontre. Les élus voulaient être là pour accueillir Arnaud Montebourg, de passage à Petroplus à Petit-Couronne…
« La décision n'est pas encore prise »
Pas de chance car cette mobilisation s'explique par l'urgence d'inscrire enfin officiellement ce projet hautement stratégique à l'agenda de l'Etat. Le 24 septembre 2008, lors de l'inauguration de l'ouvrage de 155 millions d'euros, le ministre des transports de l'époque, Jean-Louis Borloo, avait laissé entendre que la question du financement des fameux accès était sur le point d'être réglée. En fait, il n'en est rien. Comme le résume aujourd'hui sobrement le directeur de la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), Patrick Bergue, « la décision n'est pas encore prise de le faire ». Si la question des acquisitions foncières est réglée (5 millions d'euros, 3 apportés par l'Etat, 2 par la Crea), celle des accès proprement dits reste entière.
Une ouverture à horizon 2020
Et la facture n'est pas mince : selon les dernières évaluations, pas moins de 200 millions d'euros ! Par le biais de l'inscription du projet au Plan de développement et de modernisation des itinéraires routiers (le PDMI 2014/2018), il y a donc urgence à ce que l'Etat s'engage à participer au projet. Pour le pont Flaubert, il l'avait fait à hauteur de 27,5 %. « Il y a urgence au regard de la problématique quotidienne d'embouteillages sur la Sud III. C'est un vrai sujet avec des conséquences en termes de temps perdu, de pollution, de santé. C'est une urgence aussi au regard des engagements pris par l'Etat il y a dix ans. Nous, nous sommes prêts pour l'aménagement de l'écoquartier Flaubert. Tout retard nous poserait un problème » rappelle avec force le président de la CREA, Frédéric Sanchez. « C'est le projet numéro 1 de l'agglomération et il a un sens à l'échelle de la France » appuie à son tour, le maire de Rouen, Yvon Robert. « Tout le monde est d'accord sur ce qu'il faut faire. Maintenant il faut l'inscrire dans un calendrier précis et crédible. C'est capital, complètement vital ». Dans le scénario idéal, le projet serait lancé fin 2013 et les travaux pourraient débuter deux ans plus tard, une fois les procédures de consultation achevées. Compte tenu d'un chantier « techniquement difficile », au moins trois, quatre années de travaux sont envisagées. Donc, une ouverture à l'horizon 2020. Si aucun rendez-vous n'est manqué.
VIADUC. Les études, qui sont en voie de finalisation, prévoient un ouvrage allant tout droit à partir de la sortie sud du pont, pour ensuite enjamber par l'ouest les voies ferrées. La grande place intérieure du futur écoquartier Flaubert doit prendre place sous l'ouvrage. Les deux ronds-points de la Motte et de Madagascar sont supprimés.
Ecoquartier. Porté par la CREA, l'écoquartier Flaubert prévoit d'aménager 80 hectares de friches industrielles et ferroviaires pour y implanter 5 000 habitants.
QUI VA PAYER ? Les autres financeurs du pont Flaubert avaient été le Département de Seine-Maritime (35 %), l'Etat et la Région (chacun 27,5 %) et l'Agglomération de Rouen (10 %). C'est certainement cette répartition qui servira de base de négociations.
Prudence. D'ores et déjà, il est acquis que la Ville de Rouen ne participera pas au financement des nouveaux accès. Du côté du Département, principal financeur du pont Flaubert, on se refuse pour l'heure à promettre un engagement aussi important.
43 000
C'est le trafic moyen de véhicules qui empruntent chaque jour le pont Flaubert, quasiment autant que sur le pont Guillaume-le-Conquérant
(1) Alain Le Vern, président de la Région, Didier Marie, président du Département de Seine-Maritime, Frédéric Sanchez, président de la CREA, Yvon Robert, maire de Rouen, Guillaume Bachelay, député
200 millions ? Ils refont le pont Flaubert ou quoi ?
Et en plus, ils manquent, donc c'est encore plus