Le Parisien a écrit:
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Porte de Clichy : l’Etat n’est pas prêt à «accrocher» une nouvelle bretelle au périphérique
Le ministère des Transports ne poussera pas à la création d’une nouvelle bretelle d’accès au périphérique à la porte de Clichy. Il renvoie vers la mairie de Paris… opposée à ce projet.
Les élus du 17e arrondissement de Paris et des Hauts-de-Seine militent depuis longtemps pour la création d'un nouvel accès au périphérique extérieur à la porte de Clichy. LP/Eric Le Mitouard
Par Benoit Hasse
Le 24 mars 2021 à 15h16, modifié le 24 mars 2021 à 16h27
Une nouvelle bretelle d'accès au périphérique? Ce n'est pas à l'Etat d'en décider mais à la mairie de Paris, gestionnaire de cet axe routier! Emmanuelle Wargon, la ministre du Logement qui s'exprimait au nom de son collègue des Transports, a botté en touche ce mardi lors de la séance des questions au gouvernement. La ministre répondait à la députée de Paris (LR) Brigitte Kuster qui l'avait interrogée sur la construction d'une nouvelle voie d'accès au périphérique extérieur au niveau de la porte de Clichy.
Cette porte du nord-ouest de la capitale ne dispose que de trois bretelles : une voie d'entrée et une voie de sortie sur le périphérique intérieur mais uniquement une bretelle de sortie dans le sens opposé. Impossible de s'engager sur le périphérique ouest à ce niveau. Pour rentrer sur l'autoroute urbaine, il faut aller jusqu'à la porte suivante (Asnières), quelque 300 mètres plus loin… en empruntant au passage le boulevard de Douaumont, régulièrement saturé.
Les élus de la majorité parisienne s'y opposent
La demande de création de la « bretelle manquante » de la porte de Clichy en vue de fluidifier le trafic dans le secteur n'est pas nouvelle. Brigitte Kuster, ancienne maire du 17e arrondissement, son successeur (LR également) mais aussi la mairie de Clichy et le conseil départemental des Hauts-de-Seine la réclament depuis 2014.
L'ouverture (en 2018) de la cité judiciaire de Paris et du nouveau siège de la PJ à la porte de Clichy ainsi que la construction du nouveau quartier des Batignolles et de ses 3500 logements qui ont encore densifié la circulation dans le secteur n'ont fait que renforcer leur demande. Selon leurs estimations, la construction de la bretelle manquante nécessiterait un investissement « mesuré » de 6 millions d'euros.
Mais les élus de la majorité parisienne (PS, EELV, PCF) sont opposés à cette solution... à contre-courant. Du côté de la Ville de Paris, on rappelle ainsi régulièrement que l'heure n'est plus au développement de nouvelles infrastructures sur le périphérique mais au contraire à la réduction de la place occupée par l'autoroute urbaine. Une étude d'impact, réalisée en 2019 par la préfecture de région, a par ailleurs montré que la création d'une nouvelle bretelle allégerait la circulation aux abords de la porte de Clichy mais attirerait jusqu'à 1000 voitures supplémentaires sur le périphérique en heure de pointe.
«Il est impossible de continuer d'ignorer le danger existant»
« L'Etat ne peut intervenir en lieu et place des collectivités locales dans des dossiers où elles sont pleinement compétentes », en conclut Emmanuelle Wargon... Avant de préciser que l'Etat a tout de même contribué au financement d'aménagements majeurs pour désaturer le secteur stratégique de la porte de Clichy. Et la ministre déléguée de citer le prolongement de la ligne 14 qui dessert, depuis janvier dernier, la cité judiciaire de Paris.
Pas de quoi rassurer les « pro bretelle d'accès supplémentaire » qui évoquent les problèmes de sécurité générés par le plan de circulation actuel. Notamment pour les convois pénitentiaires revenant du tribunal qui peuvent se retrouver bloqués dans d'inextricables embouteillages. « Dans le contexte des procès liés aux attentats terroristes, il est impossible de continuer d'ignorer le danger existant », insiste Brigitte Kuster en déplorant le non-interventionnisme de l'Etat.
Dès ce mercredi, Geoffroy Boulard, maire (LR) du XVIIe et Rémi Muzeau, maire (LR) de Clichy ont envoyé une lettre au Premier ministre Jean Castex pour lui demander de relancer le dossier. Dans leur courrier commun, les deux élus en appellent à la responsabilité de l'Etat pour « décongestionner un axe majeur de la circulation francilienne ».
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