50 km/h, réduction des voies… ce que dit le rapport sur le périphérique de Paris
Par Damien Dole — 28 mai 2019 à 07:55
L'échangeur de la porte de Bercy, dans l'est de Paris, avec le périphérique à l'arrière-plan, en 2017. Photo Ludovic Marin. AFP
Issues d'une mission d’information et d’évaluation, les préconisations d'élus de tous bords à propos de la rocade parisienne, rendues ce mardi à la maire, devraient être suivies en grande partie par Anne Hidalgo.
50 km/h, réduction des voies… ce que dit le rapport sur le périphérique de Paris
Quarante-six ans après son inauguration, le «périph» parisien reste un totem auquel il est dangereux de toucher. En 2018, Anne Hidalgo annonce avec prudence la création d’une mission d’information et d’évaluation (MIE) «sur les perspectives de changements du boulevard périphérique». Un an plus tard, des élus représentants l’ensemble des groupes politiques siégeant au Conseil de Paris rendent un rapport dont les 277 pages, nourries par 86 personnes auditionnées, réfléchissent à la pollution atmosphérique et phonique, les nouvelles mobilités mais aussi l’utilité de cette route dans les circulations franciliennes.
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Loin de vouloir le supprimer, le rapport recommande une série de mesures – dont certaines ne pourront se concrétiser qu’avec le concours de l’Etat et des élus du Grand Paris (1) – qui «ont pour objectifs de repenser et réaménager les liaisons et les échanges entre les territoires de l’agglomération parisienne pour en finir avec le "boulevard périphérique", source de pollutions multiples, véritable barrière urbaine et faire émerger à moyen terme un espace de liaison, de respiration plus vert, renaturé, doté de nouveaux usages urbains». Rien que ça.
Tour d’horizon des principales préconisations et idées que contient le rapport rendu ce mardi à Anne Hidalgo et qui doivent être présentées au vote entre le 11 et 14 juin lors du Conseil de Paris.
• Vitesse maximale abaissée à 50 km/h. C’est la mesure qui va le plus faire parler ces prochaines semaines. Cinq ans après l’avoir fait passer de 80 à 70 km/h, les élus préconisent de baisser la vitesse de 20 km/h supplémentaire. Le but : «Améliorer la fluidité du trafic», lit-on dans le rapport, et permettre «l’implantation de pistes cyclables et la diversification des modes de mobilité», chose impossible avec la route actuelle.
• Réduire le nombre de voies. Deux fois 4 voies porte de Saint-Cloud, 4 et 5 voies entre les portes de Montreuil et de Bagnolet… Le nombre de couloirs sera désormais uniforme sur les 35 kilomètres du périph. Les voies libérées «seront, quand cela est possible, remises en pleine terre».
• Réserver une voie aux véhicules propres et au covoiturage. Le désir de faciliter les trajets des véhicules «vertueux» apparaît régulièrement dans le rapport. Le chiffre de 1,05 passager par voiture – cela signifie que, en moyenne, 19 véhicules sur 20 ne comportent que le chauffeur – est censé montrer l’urgence du développement du covoiturage. La Ville de Paris agit ici de concert avec la région Ile-de-France, qui multiplie les incitations, notamment financières, pour que les automobilistes ne partent pas seuls au boulot. Les véhicules électriques sont quant à eux présentés comme la voiture individuelle du futur, sans que l’on sache à ce jour si les aides permettront aux classes populaires et aux artisans de franchir le pas.
• Interdire les poids lourds de plus de 3,5 tonnes en transit. Cette préconisation est notamment destinée à contenir la pollution phonique de nuit pour les riverains, les poids lourds ne représentant que 3% du trafic sur le périphérique.
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• Lutter contre les déplacements pendulaires. C’est la principale raison de la saturation des routes comme des transports en commun : une majorité d’emplois se trouvent dans l’ouest de l’agglomération parisienne alors qu’une majorité de personnes habitent dans l’Est. Le rapport appelle donc à «de nouvelles centralités» dans la région (nostalgie des villes nouvelles ?), le développement de centres de travail et la prise en compte «autant que possible, [du] lieu de travail dans l’attribution des logements sociaux». Problème : si la mairie ne marche pas main dans la main avec la région et les élus métropolitains, ce sujet restera lettre morte.
• Ouvrir les portes. «Souvent plus polluées que le périphérique lui-même», les portes du périph composent la majorité des points de passages en surface de Paris aux communes suburbaines. Le rapport préconise donc d’y «prêter une attention particulière» mais aussi de construire des passerelles au profit des circulations douces au-dessus de la route. Surtout utile dans la lutte contre la pollution sonore, la très coûteuse couverture, même partielle, du périphérique n’est pas retenue clairement dans les préconisations.
• Sport et cotillons sur le macadam. Et si on fermait le périph «un dimanche par mois au moins» pour faire du roller, voir une expo ou organiser un débat ? C’est ce que propose le rapport afin de permettre «l’expérimentation citoyenne de nouveaux usages» sur le boulevard.
• L’allusion au péage. Même s’il ne figure pas parmi les préconisations du rapport, «l’hypothèse du péage urbain» est abordée dans le rapport et n’est pas enterrée par la mairie. Pour Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme, «demander que l’espace public soit payé à son coût réel par les usagers de la route ne paraît pas scandaleux, à condition qu’il y ait des compensations pour les catégories les plus défavorisées». En se basant sur les 1,1 million d’utilisateurs journaliers du périphérique, Caroline Grandjean, directrice de la voirie et des déplacements à la mairie, estime même le montant de ce péage : 0,04 euro par trajet sur le périph, un tarif qui tiendrait compte des situations de certains salariés, d’artisans et de certains livreurs.
• L’A86, nouveau périphérique ? Les préconisations du rapport remis à la maire de Paris vont au-delà du territoire administratif de la capitale. L’A86, ce deuxième anneau déjà congestionné qui traverse des zones souvent denses du Val-de-Marne, des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis, est présenté dans le rapport comme «le prochain contournement de Paris». Problème : les élus parisiens disent seulement vouloir «demander à l’Etat» de baisser la vitesse maximale à 70 km/h sur les «axes autoroutiers et des voies rapides qui ceinturent Paris à l’intérieur de l’A86». Pas sûr que le gouvernement prenne cette direction à un an des municipales et quelques mois après une crise des gilets jaunes qui a éclaté pour des raisons liées aux circulations automobiles. Et ce, peu importe les 13% de Yannick Jadot, la tête de liste EE-LV aux européennes. La gestion de la zone à faible émission (ZFE) mise en place à partir du 1er juillet, mais rejetée par un maire de la métropole sur deux, sera un bon test.
AFP a écrit:Périphérique parisien : François de Rugy en faveur d'une modulation de la vitesse
28/05/2019 à 16h33
Le ministre de la Transition écologique souhaite que la vitesse maximale autorisée sur le périphérique parisien soit modulable, "en fonction de l'état du trafic et de la qualité de l'air"
Le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, s'est dit ce mardi en faveur d'une modulation de la vitesse maximale autorisée sur le périphérique parisien "en fonction de l'état du trafic et de la qualité de l'air".
Interrogé sur Radio Classique sur un récent rapport préconisant d'abaisser la vitesse de 70 à 50 km/h sur la boucle de 35 km autour de la capitale, il a répondu "je serais surtout pour qu'on puisse moduler la vitesse en fonction de l'état du trafic et de la qualité de l'air".
"C'est de l'écologie concrète, c'est de l'écologie scientifique. Aujourd'hui les enfants qui vivent dans les grandes villes sont quatre fois plus exposés à la pollution de l'air que ceux qui vivent à la campagne. Il n'y a pas de fatalité à cela", a-t-il souligné.
"C'est très facile d'afficher sur des panneaux la vitesse en direct, de même que sur nos applications GPS, etc... Après, il faut discuter de ça avec les élus locaux, ce n'est pas la mairie de Paris toute seule qui doit décider de ça", a-t-il estimé.
ce n'est pas la mairie de Paris toute seule qui doit décider de ça
lucienmathurin a écrit:ce n'est pas la mairie de Paris toute seule qui doit décider de ça
Je n'aime pas Mr De Rugy, mais il faut admettre qu'il a bien raison sur ce point.
le Parisien a écrit:
Accès au périph porte de Clichy: l’étude d’impact ne convainc pas la Mairie de Paris
Les conclusions de l’étude diligentée par la préfecture de Région sont connues. Les maires de Clichy et du XVIIe arrondissement, favorables à la création d’une bretelle d’accès au périphérique extérieur, y voient des arguments en sa faveur.
Les maires de Clichy et du XVIIe arrondissement plaident pour la création de la bretelle manquante pour accéder au périphérique extérieur porte de Clichy.
Le dossier de la création d'une bretelle permettant d'accéder au périphérique extérieur, porte de Clichy, s'est encore un peu épaissi cette semaine. Les conclusions de l'étude d'impact sur le trafic, commandée par la préfecture de Région, viennent en effet d'être présentées aux maires et parlementaires concernées.
Et notamment à Rémi Muzeau (DVD) et Geoffroy Boulard (LR), maires respectivement de Clichy et du XVIIe arrondissement de Paris, qui militent tous deux pour ce projet. Ils ont trouvé des motifs de satisfaction dans ce document qui se projette à l'horizon 2025, intégrant donc les nombreux projets immobiliers prévus de part et d'autre du périphérique.
« Cette étude montre que ce projet est bien d'intérêt général et qu'il ne s'agit pas d'une lubie de deux maires, insiste Rémi Muzeau. La création de cette bretelle va permettre de fluidifier la circulation et de développer l'offre de transports en commun, avec des bus qui circuleront mieux ».
Une augmentation du trafic sur le périph… mais une diminution alentour
Côté Clichy, l'étude conclut en effet que « la nouvelle bretelle permet un meilleur écoulement des flux sur le boulevard Jean-Jaurès et réduit les files d'attente aux heures de pointe » et « offre un gain de temps de 3 à 8 minutes sur la tranche horaire du matin pour les flux venant du boulevard Jean-Jaurès et se dirigeant vers le boulevard périphérique ouest ».
En revanche, sur le seul périmètre restreint au périphérique et ses voies parallèles, si l'étude montre une diminution de 60 % du trafic sur le boulevard Douaumont et de 10 % sur les maréchaux, elle projette une augmentation de 12 % du trafic sur le périphérique depuis la nouvelle bretelle.
« Soit 1 000 à 1 200 véhicules supplémentaires en heure de pointe, sur un tronçon déjà très chargé », estime la Ville de Paris qui « n'est pas favorable à la création d'une telle infrastructure ».
«On ne veut pas que cette étude soit enterrée»
« Il faut regarder l'ensemble des données et les diminutions sur les autres axes de circulation. Il y a en réalité une redistribution du trafic », répond Geoffroy Boulard qui déplore « l'absence de vision métropolitaine de la mairie de Paris ».
Chiffres à l'appui, les deux maires veulent en effet rallier à leur cause. En mobilisant notamment le président du tribunal de Paris, installé Porte de Clichy depuis avril 2018 et qui génère lui aussi du trafic avec notamment des convois pénitentiaires, et le préfet de Police de Paris. En heure de pointe le matin, le carrefour de la porte de Clichy (sous le périphérique) voit défiler en moyenne 4 600 véhicules par heure.
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« On ne veut pas que cette étude soit enterrée, ajoute Geoffroy Boulard. L'Etat a tenu ses engagements en faisant réaliser une étude sérieuse. Il faut maintenant parler calendrier et financement. » Une étude de faisabilité diligentée par la mairie de Clichy estime que cet aménagement pourrait coûter 6 M€.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/14/a-paris-transformer-le-peripherique-en-six-ans-c-est-jouable_5510468_823448.html
A Paris, « transformer le périphérique en six ans, c’est jouable »
Dans une longue note, Jean-Louis Missika, la tête chercheuse d’Anne Hidalgo, propose une série d’initiatives pour le prochain mandat.
Que fera Anne Hidalgo si elle est réélue en 2020 ? Dans une note de 60 pages rédigée pour le think tank progressiste Terra Nova, son adjoint à l’urbanisme et responsable du futur projet, Jean-Louis Missika, donne un premier aperçu. Après avoir été la championne de la lutte contre les voitures, l’édile socialiste entend répondre de façon encore plus forte à « l’urgence climatique », sa priorité affichée. Au risque d’énerver ceux qui jugent qu’elle devrait améliorer la vie quotidienne avant de sauver la planète…
Parmi les chantiers majeurs, celui du périphérique. Pas question de supprimer cet anneau sans cesse embouteillé, contrairement à ce que propose un autre candidat à la Mairie de Paris, Gaspard Gantzer. En revanche, la note suggère d’agir sans tarder pour en faire un boulevard urbain presque comme les autres, et atténuer ainsi la coupure avec les communes voisines. « Transformer le périphérique en six ans, c’est jouable », plaide Jean-Louis Missika, qui préside Paris en commun, l’association montée pour la future campagne d’Anne Hidalgo.
Dès 2020, il estime possible d’abaisser la vitesse maximum et de réserver une voie aux véhicules propres, au covoiturage et aux transports en commun. Une autre serait en partie plantée, consacrée aux vélos et aux « circulations douces ». Des feux et des passages piétons seraient installés avant 2024.
Au total, les voitures classiques auraient deux fois moins de place. Le nombre d’arbres jouxtant le périphérique, lui, passerait de 10 000 à 20 000, pour en faire un « couloir vert ».
benjisop a écrit:Mais de toute manière, on ne peut pas rester avec un périph' à 4 voies pour 10 ans de plus, c'est infaisable
benjisop a écrit:Mais de toute manière, on ne peut pas rester avec un périph' à 4 voies pour 10 ans de plus, c'est infaisable
guy21 a écrit:benjisop a écrit:Mais de toute manière, on ne peut pas rester avec un périph' à 4 voies pour 10 ans de plus, c'est infaisable
Pourquoi cette posture? Dans 10 ans la circulation automobile aura beaucoup basculé vers la mobilité électrique, moins polluante et plus silencieuse. Un périphérique à 2x4 (et 2x3 sur le tronçon sud) jouera encore pleinement son rôle d'axe de transit.
guy21 a écrit:Pourquoi cette posture? Dans 10 ans la circulation automobile aura beaucoup basculé vers la mobilité électrique, moins polluante et plus silencieuse. Un périphérique à 2x4 (et 2x3 sur le tronçon sud) jouera encore pleinement son rôle d'axe de transit.
Lambig a écrit:guy21 a écrit:Pourquoi cette posture? Dans 10 ans la circulation automobile aura beaucoup basculé vers la mobilité électrique, moins polluante et plus silencieuse. Un périphérique à 2x4 (et 2x3 sur le tronçon sud) jouera encore pleinement son rôle d'axe de transit.
La pollution n'est pas le seul problème majeur de la circulation automobile. Une voiture électrique ne résoudra jamais le problème lié à l'encombrement et à la congestion. Or, la place en ville est rare. À moins de construire des tunnels et des viaducs à foison, les embouteillages ne pourront jamais être résolus en créant de nouvelles infrastructures pour l'automobile.
Avec l'augmentation récente et nette des déplacements à vélo* et l'inauguration prochaine des premiers tronçons du GPE**, les alternatives à la voiture dans la petite couronne arriveront assez rapidement. Personne n'aime bouchonner plusieurs heures par semaine dans sa voiture. De plus, le maintien dans son jus actuel d'une infra très coûteuse*** pour les finances publiques fera indéniablement débat. On peut critiquer à juste titre des dogmes, mais il ne faut pas oublier que la politique est là pour définir des choix clairs pour des sujets importants. Le dogme du XIXe siècle était le train, et celui du XXe siècle la voiture. Le dogme du XXIe sera différent. Bien sûr que la voiture ne disparaîtra jamais. Le but est de raisonner son usage, notamment par une redistribution de l'espace public en faveur de modes de transports plus efficaces (Cf. l'espace rare dont je parlais en début de paragraphe).
*Et non ce n'est pas un truc de bobo. Regardez par exemple ce qui se passe dans le 93 qui lance un programme très ambitieux. Et a contrario, les zones les plus en retard sont situées dans les communes les plus riches, par exemple vers La Défense.
**On peut y ajouter le RER E, le développement continu du Transilien, la construction de nombreuses lignes de tramway, les BHNS, etc.
***Entendez par là son entretien, l'endettement des ménages pour l'usage de plusieurs voitures par famille et toutes les externalités négatives comme la santé publique.
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