Beure : beaucoup trop de camions, la mise à 2X2 voies est-elle la solution ?
Près de 3000 poids lourds traversent la commune de Beure, suscitant le ras le bol des habitants. La RN 57 doit être mise à 2X2 voies entre cette commune et le contournement Ouest de Besançon. Est-ce une bonne solution ? Points de vue.
Publié le 21/05/2021 à 18h00 • Mis à jour le 21/05/2021 à 18h23
Beure, 8 heures le vendredi 21 mai 2021, les bouchons sont habituels
Les habitants des villages de Beure, Larnod, Samson, traversés par la RN 83, en ont assez des camions. Les routiers quittent l’autoroute à Poligny et la reprennent à Besançon, dans un sens ou l’autre, pour ne pas payer le péage. Au rond-point de Beure, 32 000 véhicules sont comptabilisés chaque jour, dont près de 3000 poids lourds.
Les embouteillages ralentissent la circulation voire la bloquent : le matin pour entrer dans Besançon, soit entre 7 heures et 9 heures et en fin de journée, dès 16 heures 30 pour sortir de Besançon. En plus, des feux ont été installés pour stopper le flux sur la RN 83 et permettre aux véhicules empruntant la Voie des Mercureaux de circuler de manière fluide. Le but : que personne ne reste coincé dans les tunnels, en cas d’incident ou d’accident. Cette disposition a été prise après le drame du tunnel du Mont Blanc qui, le 29 mars 1999, avait coûté la vie à 39 personnes, prises au piège dans le tunnel.
Des associations, « Beure respire » et « Bonne route 83 », se sont créées pour faire diminuer le trafic des camions. Des actions ont déjà eu lieu à Sanson, une autre est prévue le dimanche 29 mai à Larnod pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur cette situation. Trop de poids lourds, c’est, selon les riverains, un problème pour les nuisances sonores, un danger pour la sécurité et la pollution.
La Dréal (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) a rendu un rapport : parmi ces camions, un sur deux, au moins, devrait rester sur l’autoroute… (Devraient être sur l’autoroute les poids lourds qui ne font que traverser notre région, qu’ils soient en transit en France, soit 41 %, ou à l’international, soit 10 % du trafic).
Le doublement de la RN 57, la solution ?
Grand Besançon Métropole a un projet : la mise à deux fois deux voies de la RN 57 entre Beure et les tours de l’Amitié, pour boucler le contournement Ouest de Besançon. En fait, c’est finir le tronçon entre les Montboucons (terminé en 2003) et la voie des Mercureaux (terminée en 2011), soit 3,7 km, à la hauteur de Planoise et Micropolis.
Coût des travaux : 130 millions d’euros. Mais Yves Guyen, maire d’Ecole-Valentin et Vice-Président chargé des Infrastructures à Grand Besançon Métropole, insiste : « 130 millions, oui, c’est beaucoup mais nous avons prévu 30 % soit 42 millions d’euros pour les réseaux de modes de transports doux et à trois passages pour protéger la faune. »
Toujours selon lui, l’avantage sera de supprimer les bouchons de Beure. Les représentants d’associations ne sont pas vraiment d’accord. Selon Cyril Amourette, porte-parole de « Beure respire » : « Au contraire, la fluidité du trafic incitera d’autres automobilistes et routiers à utiliser cette portion de route ! De plus, les véhicules en arrivant de Poligny buteront sur deux ronds-points avant d’accéder à la 2X2 voies. C’est une fausse bonne idée ! »
Il existe d’autres bénéfices, renchérit Yves Guyen : outre une diminution des bouchons aux heures de pointe, une pollution en CO2 en baisse de 10 % et une augmentation de la sécurité routière. De plus, de nouvelles voies devraient améliorer la desserte de Micropolis, des quartiers, notamment de Planoise sans oublier une passerelle qui relierait Planoise à Micropolis en toute sécurité pour les piétons.
Le maire d'Ecole-Valentin avance même une autre hypothèse : la fameuse éco-taxe, donc un péage uniquement pour les routiers en transit et qui, dissuadés par cette taxe, préfèreraient finalement rester sur l'autoroute...
Les élus de Grand Besançon Métropole doivent discuter de ce chantier de la RN 57 le 10 juin et le voter – ou non – le 28 juin.
Un dossier politique très chaud, à lire la position d'Anne Vignot
Politiquement, ce dossier est particulièrement délicat : Anne Vignot, maire EELV de Besançon et présidente de Grand Besançon Métropole, n’est pas favorable à ce projet. Sur cette ligne : les écologistes de son équipe. Les autres membres de sa majorité, dont le socialiste Nicolas Bodin, défendent, eux, le projet. Les maires des autres communes de l’agglomération sont aussi pour ces travaux. Yves Guyen insiste : « Si le projet est voté, s’il reçoit le feu vert, nous pourrons alors l’amender, tant sur les financements que sur des aménagements pour l’améliorer. Il faut rester ouvert… »
Sollicitée pour avoir son avis, Anne Vignot nous a répondu par courriel, comme nous le souhaitions pour avoir son point de vue complet sur cette question. Voici son communiqué in extenso :
« En tant que militante écologiste, j’ai toujours été opposée au projet de doublement de la RN57 car il ne répond pas selon moi aux enjeux environnementaux actuels et ne résoudra pas sur le long terme les problèmes de congestions et de pollutions. Le risque d’étalement urbain est avéré et les bénéfices à court terme de ce projet seront effacés à long terme. Cela a été démontré depuis longtemps, la construction d’infrastructures routières importantes et rapides engendre en effet un phénomène « d’appel d’air » qui sur le moyen-long terme annihile les effets attendus sur la fluidité du trafic et incite les habitants à se loger toujours plus loin de leur lieu de travail. Sans parler de l’emprise de ce projet sur des terres agricoles qui seront définitivement bitumées.
En tant que maire de Besançon, je suis inquiète des conséquences pour Planoise et j’ai demandé à ce que nous puissions travailler sur un nouveau projet pour éviter que ces nouvelles voies et ce mur haut de 4 mètres ne créent une nette coupure urbaine. Alors que nous nous engageons dans un vaste plan de rénovation de Planoise, cette 2x2 voies intra-urbaine risque d’isoler le quartier, et ce alors même que les projets de ces derniers années, et notamment le tramway, ont cherché à mieux le relier. On le voit dans de nombreuses villes traversées par des quatre-voies, les réflexions portent aujourd’hui sur l’effacement de ces tranchées qui posent de vraies problématiques d’urbanisme et de pollution. Selon moi, le projet actuel ne répond pas aux problématiques climatiques auxquelles nous nous devons de trouver des réponses. Le doublement d’une route nationale représente à mes yeux une idée issue d’un modèle hérité, qui n’intègre pas les objectifs d’adaptation climatique dans lesquels nous devons nous engager fortement.
Enfin, en tant que présidente du Grand Besançon Métropole, je travaille avec nos vices-présidents et j’entends le soutien des élus de la périphérie bisontine à ce projet. Je suis aussi là pour faire vivre un collectif et prendre acte des choix démocratiques majoritaires. J’ai proposé aux élus, s’ils votent définitivement ce projet, de mandater Yves Guyen, le Vice-président à la voirie et aux infrastructures, pour poursuivre à mes côtés les discussions avec l’Etat afin d’envisager de nouveaux aménagements au projet existant. Je suis notamment très inquiète quant au financement de cette infrastructure - qui est loin d’être abouti -, au calendrier et aux conséquences que pourront entraîner plusieurs années de travaux sur la circulation de ce tronçon déjà congestionné aux heures de pointe. Le risque est également que ce blocage se traduise par des reports de circulation qui n’iront pas sans occasionner des engorgements sur des itinéraires adjacents. Ce qui est certain, c’est que la mobilisation des riverains, des écologistes, des associations a déjà eu pour effet de faire bouger les lignes, et d’apporter des évolutions au projet initial. Pour autant, je le redis, la réalisation de cette infrastructure ne correspond pas à ma vision d’un investissement d’avenir pour notre territoire. »
La future déviation Est de Vesoul fait débat à la com-com du Pays de Montbozon
C’est un gros dossier qui était sur la table du conseil communautaire du Pays de Montbozon et du Chanois. Il s’agissait de se positionner sur la future déviation Est de Vesoul. Les débats ont été passionnés. Résultat : vingt-trois voix pour, 15 voix contre et un bulletin blanc, l’assemblée s’est prononcée en faveur de la déviation, après un vote à bulletins secrets.
Par L'Est Républicain - 20 mai 2021 à 07:00 | mis à jour le 20 mai 2021 à 14:40
Les conseillers communautaires ont eu à se prononcer sur la déviation Est de Vesoul , projet situé à 80 % sur le territoire de la CCPMC (Communauté de Communes du Pays de Montbozon et du Chanois).
Pierre-Henri Ferber, maire de La Demie, a exposé ses inquiétudes , entre autres par « le risque de mise en danger d’une source d’eau potable, mais aussi 320 000 m³ d’excédents de déblais, et un impact visuel gigantesque de tas de remblais ».
Il dénonce « la suppression de terres agricoles, et des déplacements de nuisances dues à une mauvaise gestion des infrastructures de la Communauté d’Agglomération de Vesoul », la « disparition d’une zone Natura 2000 ».
Avis partagé par Frédéric Weber, maire de Dampierre-sur-Linotte, voyant « l’avenir avec le ferroutage par exemple », estimant « inutile de faire de telles infrastructures ».
« Un avis favorable de l’ARS »
Edwige Eme, maire de Fontenois-lès-Montbozon, qui comprend la position du premier édile de La Demie, ne partage pas cette analyse et voit en cette déviation , l’avenir du réseau routier reliant la RN57 à la RN19 sans passer par Vesoul. Comparant ce projet à l’implantation de la LGV (Ligne ferroviaire à grande vitesse), elle explique que l’impact environnemental a été « très bien géré ». En ce qui concerne l’eau potable et la zone Natura 2000, la déviation passe « à la frange de cette zone et en amont de la source, un avis favorable a d’ailleurs été donné par l’ARS (NDLR : Agence régionale de la santé) ». L’impact sur la forêt sera de 30 hectares et 15 de pelouse sèche, elle conclut ainsi : « c’est un enjeu pour le département de la Haute-Saône ».
Sabrina Fleurot, présidente de la CCPMC et maire de Neurey, rappelait : « Neurey n’a pas été sollicitée pour une position officielle, car considérée comme non impactée, une délibération de vigilance par rapport à l’eau a été prise, mais pas d’opposition frontale à la déviation ».
Vingt-trois voix pour, 15 voix contre et un bulletin blanc, l’assemblée s’est prononcée en faveur de la déviation, après un vote à bulletins secrets à la demande du vice-président Guillaume Blondel.
Beure : beaucoup trop de camions, la mise à 2X2 voies est-elle la solution ?
Près de 3000 poids lourds traversent la commune de Beure, suscitant le ras le bol des habitants. La RN 57 doit être mise à 2X2 voies entre cette commune et le contournement Ouest de Besançon. Est-ce une bonne solution ? Points de vue.
Publié le 21/05/2021 à 18h00 • Mis à jour le 21/05/2021 à 18h23
Beure, 8 heures le vendredi 21 mai 2021, les bouchons sont habituels • © Robin Droulez France Télévisions
Franche-Comté Doubs Besançon Jura
Les habitants des villages de Beure, Larnod, Samson, traversés par la RN 83, en ont assez des camions. Les routiers quittent l’autoroute à Poligny et la reprennent à Besançon, dans un sens ou l’autre, pour ne pas payer le péage. Au rond-point de Beure, 32 000 véhicules sont comptabilisés chaque jour, dont près de 3000 poids lourds.
Les embouteillages ralentissent la circulation voire la bloquent : le matin pour entrer dans Besançon, soit entre 7 heures et 9 heures et en fin de journée, dès 16 heures 30 pour sortir de Besançon. En plus, des feux ont été installés pour stopper le flux sur la RN 83 et permettre aux véhicules empruntant la Voie des Mercureaux de circuler de manière fluide. Le but : que personne ne reste coincé dans les tunnels, en cas d’incident ou d’accident. Cette disposition a été prise après le drame du tunnel du Mont Blanc qui, le 29 mars 1999, avait coûté la vie à 39 personnes, prises au piège dans le tunnel.
Des associations, « Beure respire » et « Bonne route 83 », se sont créées pour faire diminuer le trafic des camions. Des actions ont déjà eu lieu à Sanson, une autre est prévue le dimanche 29 mai à Larnod pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur cette situation. Trop de poids lourds, c’est, selon les riverains, un problème pour les nuisances sonores, un danger pour la sécurité et la pollution.
La Dréal (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) a rendu un rapport : parmi ces camions, un sur deux, au moins, devrait rester sur l’autoroute… (Devraient être sur l’autoroute les poids lourds qui ne font que traverser notre région, qu’ils soient en transit en France, soit 41 %, ou à l’international, soit 10 % du trafic).
Le doublement de la RN 57, la solution ?
Grand Besançon Métropole a un projet : la mise à deux fois deux voies de la RN 57 entre Beure et les tours de l’Amitié, pour boucler le contournement Ouest de Besançon. En fait, c’est finir le tronçon entre les Montboucons (terminé en 2003) et la voie des Mercureaux (terminée en 2011), soit 3,7 km, à la hauteur de Planoise et Micropolis.
Coût des travaux : 130 millions d’euros. Mais Yves Guyen, maire d’Ecole-Valentin et Vice-Président chargé des Infrastructures à Grand Besançon Métropole, insiste : « 130 millions, oui, c’est beaucoup mais nous avons prévu 30 % soit 42 millions d’euros pour les réseaux de modes de transports doux et à trois passages pour protéger la faune. »
Toujours selon lui, l’avantage sera de supprimer les bouchons de Beure. Les représentants d’associations ne sont pas vraiment d’accord. Selon Cyril Amourette, porte-parole de « Beure respire » : « Au contraire, la fluidité du trafic incitera d’autres automobilistes et routiers à utiliser cette portion de route ! De plus, les véhicules en arrivant de Poligny buteront sur deux ronds-points avant d’accéder à la 2X2 voies. C’est une fausse bonne idée ! »
Il existe d’autres bénéfices, renchérit Yves Guyen : outre une diminution des bouchons aux heures de pointe, une pollution en CO2 en baisse de 10 % et une augmentation de la sécurité routière. De plus, de nouvelles voies devraient améliorer la desserte de Micropolis, des quartiers, notamment de Planoise sans oublier une passerelle qui relierait Planoise à Micropolis en toute sécurité pour les piétons.
Le maire d'Ecole-Valentin avance même une autre hypothèse : la fameuse éco-taxe, donc un péage uniquement pour les routiers en transit et qui, dissuadés par cette taxe, préfèreraient finalement rester sur l'autoroute...
Les élus de Grand Besançon Métropole doivent discuter de ce chantier de la RN 57 le 10 juin et le voter – ou non – le 28 juin.
Politiquement, ce dossier est particulièrement délicat : Anne Vignot, maire EELV de Besançon et présidente de Grand Besançon Métropole, n’est pas favorable à ce projet. Sur cette ligne : les écologistes de son équipe. Les autres membres de sa majorité, dont le socialiste Nicolas Bodin, défendent, eux, le projet. Les maires des autres communes de l’agglomération sont aussi pour ces travaux. Yves Guyen insiste : « Si le projet est voté, s’il reçoit le feu vert, nous pourrons alors l’amender, tant sur les financements que sur des aménagements pour l’améliorer. Il faut rester ouvert… »
Sollicitée pour avoir son avis, Anne Vignot nous a répondu par courriel, comme nous le souhaitions pour avoir son point de vue complet sur cette question. Voici son communiqué in extenso :
« En tant que militante écologiste, j’ai toujours été opposée au projet de doublement de la RN57 car il ne répond pas selon moi aux enjeux environnementaux actuels et ne résoudra pas sur le long terme les problèmes de congestions et de pollutions. Le risque d’étalement urbain est avéré et les bénéfices à court terme de ce projet seront effacés à long terme. Cela a été démontré depuis longtemps, la construction d’infrastructures routières importantes et rapides engendre en effet un phénomène « d’appel d’air » qui sur le moyen-long terme annihile les effets attendus sur la fluidité du trafic et incite les habitants à se loger toujours plus loin de leur lieu de travail. Sans parler de l’emprise de ce projet sur des terres agricoles qui seront définitivement bitumées.
En tant que maire de Besançon, je suis inquiète des conséquences pour Planoise et j’ai demandé à ce que nous puissions travailler sur un nouveau projet pour éviter que ces nouvelles voies et ce mur haut de 4 mètres ne créent une nette coupure urbaine. Alors que nous nous engageons dans un vaste plan de rénovation de Planoise, cette 2x2 voies intra-urbaine risque d’isoler le quartier, et ce alors même que les projets de ces derniers années, et notamment le tramway, ont cherché à mieux le relier. On le voit dans de nombreuses villes traversées par des quatre-voies, les réflexions portent aujourd’hui sur l’effacement de ces tranchées qui posent de vraies problématiques d’urbanisme et de pollution. Selon moi, le projet actuel ne répond pas aux problématiques climatiques auxquelles nous nous devons de trouver des réponses. Le doublement d’une route nationale représente à mes yeux une idée issue d’un modèle hérité, qui n’intègre pas les objectifs d’adaptation climatique dans lesquels nous devons nous engager fortement.
Enfin, en tant que présidente du Grand Besançon Métropole, je travaille avec nos vices-présidents et j’entends le soutien des élus de la périphérie bisontine à ce projet. Je suis aussi là pour faire vivre un collectif et prendre acte des choix démocratiques majoritaires. J’ai proposé aux élus, s’ils votent définitivement ce projet, de mandater Yves Guyen, le Vice-président à la voirie et aux infrastructures, pour poursuivre à mes côtés les discussions avec l’Etat afin d’envisager de nouveaux aménagements au projet existant. Je suis notamment très inquiète quant au financement de cette infrastructure - qui est loin d’être abouti -, au calendrier et aux conséquences que pourront entraîner plusieurs années de travaux sur la circulation de ce tronçon déjà congestionné aux heures de pointe. Le risque est également que ce blocage se traduise par des reports de circulation qui n’iront pas sans occasionner des engorgements sur des itinéraires adjacents. Ce qui est certain, c’est que la mobilisation des riverains, des écologistes, des associations a déjà eu pour effet de faire bouger les lignes, et d’apporter des évolutions au projet initial. Pour autant, je le redis, la réalisation de cette infrastructure ne correspond pas à ma vision d’un investissement d’avenir pour notre territoire. »
Déviation Est : un avis défavorable à l’aune de l’utilité publique
La commission d’enquête publique vient de donner un avis défavorable au projet de déviation Est de Vesoul. Un grand nombre d’éléments a pesé dans la balance et ils ont tous été jugés au regard de l’intérêt général que présente un tel aménagement.
Par Cécilia CHERRIER - Aujourd'hui à 05:00 | mis à jour aujourd'hui à 07:57
« Les inconvénients liés au projet l’emportent largement sur les avantages », a conclu le rapport de la commission d’enquête publique. Photo ER /Bruno GRANDJEAN
Concernant le projet de déviation Est de Vesoul, la commission d’enquête publique a rendu deux avis défavorables , l’un à la déclaration d’utilité publique et l’autre à la demande d’autorisation environnementale (loi sur l’eau et espèces protégées). Son rapport détaillé et ses conclusions motivées sont consultables par tous, notamment sur le site de la préfecture de Haute-Saône.
« Libres et indépendants »
La décision, collégiale, a été rendue par cinq commissaires-enquêteurs « libres et indépendants », comme le rappelle le président Patrick Thomas, soulignant au passage que la campagne de communication de la ville de Vesoul en faveur du « oui » ne les a pas « émus ».
Leur décision a été prise « suite à l’analyse des observations recueillies et du mémoire en réponse du maître d’ouvrage ainsi que du contenu du dossier, des contributions de l’autorité environnementale et des personnes publiques associées ». « Ce n’est pas un référendum. Les 77 % d’observations défavorables ont, certes, alimenté notre réflexion mais d’autres éléments ont pesé davantage dans notre choix », précise encore le président de la commission d’enquête. « La présente enquête n’a pas laissé le public insensible car 1 129 contributions ont été recueillies. Un peu plus de 16 % expriment une adhésion au projet et les 6,5 % restant ne manifestant pas une position tranchée », signe de la mobilisation croissante de la population en matière d’environnement.
Les inconvénients l’emportent
Glanés au fil des pages, voici quelques extraits de « la théorie du bilan » : le coût du projet (65,2 M€) est jugé « élevé » en ces temps de dette publique ; l’intérêt du projet au niveau économique n’est pas « avéré » ; les prévisions de trafic présentées dans le dossier « n’ont pas été réactualisées » ; « le gain de temps serait minime et seulement à certains moments de la journée » ; « aucune description étayée de solutions de substitution » n’y figure ; « la nouvelle voie affectera gravement les paysages remarquables mais aussi la spécificité et la quiétude des lieux » ; des impacts majeurs sur la biodiversité et les terres agricoles sont pointés ainsi que « la possibilité d’atteinte à la ressource en eau et à la pollution des nappes phréatiques ». Bref, « les inconvénients liés au projet l’emportent largement sur les avantages », lit-on dans la conclusion.
Après des discussions qualifiées « d’intenses », les commissaires-enquêteurs se sont fait leur propre religion sur le sujet . « On a fait notre job et le reste, ça nous échappe », termine le président Thomas. À la préfète de Haute-Saône, désormais, de décider du sort de la déviation Est de Vesoul.
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