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Le Conseil d’État dit non au prolongement de la pénétrante Cannes-Grasse
AUGUST 04, 2021
En juillet 2019, la décision de la cour administrative d’appel de Marseille, annulant celle du tribunal administratif de Nice, prononcée en février 2017 [lire plus loin], avait fait l’effet d’un tremblement de terre. Deux ans plus tard, place à la réplique, devant le Conseil d’État.
L’institution a confirmé l’annulation de la déclaration d’utilité publique validée par le préfet en 2014. Conséquence: le prolongement de la pénétrante (entre les stades Perdigon et Jean-Girard) ne se fera pas.
Un sacré camouflet pour le Département – porteur d’un projet visant à fluidifier un trafic routier asphyxiant l’ouest du territoire, à hauteur de 97% de financement – et la Ville de Grasse, qui entendait retourner la situation devant le Conseil d’État. Et, par ricochet, une grande victoire pour les associations de riverains opposées à l’infrastructure depuis 1993.
Les motifs invoqués pour annuler la DUP : le "coût disproportionné [68 Me estimés en 2013, près de 100 Me aujourd’hui pour ses détracteurs] de l’infrastructure [1,9km avec deux viaducs de plus de 20m de haut] par rapport aux avantages" ; la remise en cause de la partialité du commissaire enquêteur en 2013; "l’atteinte excessive au paysage, l’un des plus beaux balcons de la Côte d’Azur, eu égard à l’intérêt qu’elle présente".
Voilà où l’on en est à ce jour. Et, quand le Conseil d’État dit non, c’est un non définitif.
Alors, que faire désormais pour désenclaver ces axes routiers, où les automobilistes passent, chaque année, d’innombrables heures dans les bouchons ?
La fameuse solution alternative de contournement par l’ouest, plébiscitée par nombre d’opposants au projet de prolongement, va-t-elle être réétudiée ? Lors de son passage à la Villa Fragonard de Grasse, le 19 juillet 2019, le président du Département, Charles-Ange Ginésy, avait estimé celle-ci à près de 160 Me. Pas sûr, du coup, qu’elle soit à l’ordre du jour.
Autre question qui se pose sérieusement après la décision du Conseil d’État : que va faire la collectivité des multiples emprises foncières achetées – au prix, souvent, d’expropriations – le long des 1.900m du tracé ?
Contacté, le Département indique, déjà, "avoir pris acte de [cette] décision qui entérine l’annulation de la DUP". Et assure qu’à ce stade, il n’est "pas en capacité de se positionner sur la suite du dossier, qui nécessite, avant tout, une discussion avec la Ville de Grasse devant intervenir dans les prochaines semaines et une analyse en cours de cette décision par les services départementaux en charge des routes".
Président de l’association de défense de l’environnement des quartiers de Saint-Antoine et Saint-Jacques, Paul Euzière a sa petite idée... "On a la chance d’avoir ces terrains non bâtis. De notre côté, on est pour la création d’un grand parc, une coulée verte préservée."
Reste à voir ce que décideront le Département et la Ville ces prochaines semaines. Ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir se mettre autour d’une table et réfléchir à un nouveau projet...
Une bien triste nouvelle quand on sait que ce projet est dans les cartons depuis plus de 30 ans, que la banlieue de Grasse (notamment Peymeinade, Le Tignet, et même le Pays de Fayence dans le Var) a continué de grossir de manière incontrôlée. Et je ne peux m'empêcher de penser aux riverains du Chemin des Chênes, à qui on promet de dévier l'énorme flux quotidien vers de nouveaux aménagements...
Nous allons donc rester avec une des plus belles aberrations de notre réseau français, avec cette arrivée de la 2x2 voies sur une bretelle, puis sur un giratoire.
Et puis, une coulée verte à cet endroit, non mais franchement...