Rn141
Saint-Saturnin: vif débat autour du pont entre habitants et experts
La Dreal a présenté une image de synthèse de ce à quoi ressemblerait le pont envisagé, un ouvrage de 5,5 m de haut.
Photo Dreal
Par Amandine COGNARD, publié le 3 décembre 2016, modifié à 12h44.
Plus de 200 personnes ont assisté jeudi soir à la réunion publique de St-Saturnin. Détour de 3,7 km ou pont au-dessus de la RN141 ? Le débat a été vif entre experts et habitants.
Plus de 200 personnes, des spectateurs debout... L’espace culturel de St-Saturnin a fait salle comble jeudi soir. Au programme, pas de spectacle, mais un sujet qui anime les habitants depuis plusieurs mois : le pont de la RN 141.
Ce projet, envisagé par la Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement (Dreal) pour enjamber la future 2x2 voies, est pour l’instant bloqué. Les agriculteurs locaux refusent de vendre les terres nécessaires au projet. C’est pour tenter de sortir de cette impasse que le préfet Pierre N’Gahane a décidé d’organiser cette réunion publique.
Il a immédiatement cadré le débat. "De toute façon, la RN141 sera faite à cet endroit. La seule question qui reste à déterminer est : faisons-nous un pont qui évitera de couper la commune de Saint-Saturnin en deux? Ou créons-nous seulement un détour de 3,7 km par l’échangeur de La Vigerie ?" Après une présentation détaillée du projet, visuels et plans à l’appui, chacun a pu s’exprimer.
Plusieurs habitants mécontents ont proposé des solutions alternatives au projet. "Pourquoi ne pas faire ce pont entre Hiersac et l’actuelle D53? Ce ne sont que des terres en jachère, ça poserait moins de problèmes", demande un agriculteur. "Et passer sous la RN141 au niveau du carrefour actuel?", propose un père de famille. "Et pourquoi ne pas faire un pont au-dessus de l’actuel boviduc, 400 mètres plus loin, ça ne gênerait personne?", a de nouveau tenté François Mesnard, l’un des propriétaires réticents à la vente.
"Ne faites pas cette bêtise"
Gilles Paquier, de la Dreal, assure que les différentes hypothèses ont été étudiées. Cartes en main et arguments en bouche, il les évacue toutes. Il tente de rassurer aussi, assurant qu’il n’y aura pas plus de bruits pour les habitants, grâce à "un écran acoustique en terre de quatre mètres de haut."
Face aux réticents, de nombreuses voix se sont également élevées pour défendre le pont. "Nous sommes parents d’élèves de l’école de Saint-Saturnin mais habitons au nord. On a acheté ici, on paye des impôts pour profiter des commodités du bourg. Sans pont, on ne viendra plus, on ira sur Fléac, Saint-Yrieix, c’est la mort du bourg et de l’école", clame un trentenaire, soutenu aussitôt par un ancien élu, habitant du hameau de La Garenne. "Il y a 300 habitants au nord, si on se coupe d’eux, c’est la fin de la vie communale."
Une expérience que le maire de Fléac, Guy Etienne, a vécue. Jeudi soir, il a mis en garde les Saturniniens. "La RN141, c’est 15 à 17.000 véhicules par jour. à Fléac, le carrefour qui la traverse pose de vraies questions de sécurité. On a eu beau limiter la vitesse, installer un radar pédagogique, dans les faits, la commune est coupée en deux. Les enfants ne peuvent plus aller à l’école à pied ou en vélo, les gens vont faire leurs courses à Saint-Yrieix ou Saint-Cybard, ne faites pas cette bêtise", a conseillé l’élu.
Des arguments qui ont fait mouche? Difficile à dire à l’issue de cette réunion publique. "Nous allons faire de nouvelles propositions juridiques et financières aux agriculteurs, a annoncé le préfet. Mais, qu’elles aboutissent ou non, la Dreal tranchera sur le maintien ou l’abandon du pont d’ici fin janvier." Pour une construction en 2020.