Pourtant même si le PL était en faute pour stationnement prolongé sur un point d’arrêt, c'est la voiture qui est venue s'encastrer dedans. On vaudrait donc appliquer aux PL stationnés la même punition que pour les arbres plantés au bord des routes?
Que cela soit sur RN ou sur Autoroute la question et plutôt d'avoir une capacité de stationnement adaptée.
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Accident mortel sur la RN10: faut-il obliger les poids-lourds à prendre l’autoroute? (sondage)
La voiture s’est immédiatement embrasée.
Par Jean-François BARRÉ, publié le 16 avril 2021 à 8h57, modifié le18 avril 2021.
Un accident mortel sur la RN 10 à cause d’un poids lourd arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence. Le drame de jeudi a relance la polémique. Participez à notre sondage
Un mort de plus. Un mort de trop sur la nationale. En Charente, où 10.000 poids lourds traversent chaque jour le département du nord au sud, le sujet est sensible. La route y a endeuillé tant de familles. Et le drame qui s’est noué jeudi matin, a relancé la polémique.
Le poids lourd, en transit entre l’Espagne et les Pays-Bas, habitué du trajet, était stationné à un endroit où il n’aurait pas dû se trouver. Juste devant un panneau d’interdiction d’arrêt sauf urgence. "Clairement, c’est une infraction. Dormir n’est pas un motif d’urgence", confirme le capitaine Alexandre Develay, le patron des motards de l’Escadron de sécurité routière (EDSR) au groupement de gendarmerie. L’accident ne l’a pas vraiment surpris. la situation qui a généré le drame, c’est le quotidien de ses équipes. Il suffit de parcourir les nationales à travers le département et d’observer. Des dizaines de poids lourds arrêtés pour la nuit sur les bretelles d’entrée et de sortie de toutes les aires de repos, jusqu’à la bande d’arrêt d’urgence, à la limite de mordre sur la chaussée.
Pourquoi? "Ils ont des temps de pause imposés par la législation européenne, rappelle le capitaine Develay. Au bout de 9 ou 10 heures de conduite, ils doivent s’arrêter. Si les parkings sont pleins, ils poussent jusqu’à trouver un emplacement le moins pire possible". Illégalement. "Ce n’est pas faute de les cibler. En 2020, on a dressé 800 PV à 135 euros".
10.000 poids lourds par jour, 800 PV en 2020
Les gendarmes ont même mis sur pied un groupe de coordination des transports, qui cible les poids lourds "au minimum une fois par semaine, avec les services de l’État. Mercredi, nous avons verbalisé 44 poids lourds, pour des dépassements, des vitesses, des distances de sécurité". Et le reste du temps, les nationales restent le terrain de chasse privilégié des motards. "On verbalise quotidiennement les comportements dangereux". Mais la pratique demeure. Manque de places de parking? Le capitaine constate simplement. "La RN 10, c’est 10.000 poids lourds par jour".
Alors, sur les nationales, les routiers s’arrangent avec le principe de réalité. Sur la RN 10, ils ont accès aux aires de Pont-à-Brac, de Maine-de-Boixe, aux stations-service. La DIRa, la direction des routes, vient d’inaugurer 46 places sur l’aire du Berguille, à Roullet, doit en créer une centaine au bord de la section Reignac-Chevanceaux, où les travaux devraient prochainement démarrer pour une ouverture en 2022. Dispose encore de deux fois 120 places à Bedenac, en Charente-Maritime. Au nord du département, dans les Deux-Sèvres, l’aire de Maison-Blanche fait le pendant de l’aire de Plaisance, à Barbezieux qui offrent tous les services.
Reste que la RN 141 fait figure de parent pauvre. Trotte-Chien, à proximité d’Angoulême, Claude Bonnet, l’ancienne aire de la Bécasse à La Rochefoucauld… Là, les élus continuent à s’arracher les cheveux. Depuis une dizaine d’années, pour éviter que les routiers n’arrachent les portails des riverains de la zone d’activité de Saint-Projet, – "la plaie" – ils planchent sur la création d’une aire de repos à Taponnat. Les élus de la communauté de communes l’assurent, le projet est ficelé, prêt à signer avec un pétrolier, pour une station-service, un immense parking poids lourds…
C’est sans doute nécessaire. à Roumazières, les routiers ont pris l’habitude de squatter le parking de la zone industrielle pour le week-end. La nuit, ils dorment sur le parking entre le vétérinaire et la station de lavage…
Rien n’est gagné. Des agents de la DIRa le disent. Ils tentent de déloger les routiers. "Ils sont souvent étrangers, nous disent qu’ils ne comprennent pas. Nous n’avons pas de pouvoir de police", lâche l’un d’eux. Les panneaux à message variable rappellent l’interdit. Des panneaux ont été posés au sol. "Il y a aussi les habitudes, le mode de vie des routiers".
La victime: un agriculteur de Charente-Maritime
Le bilan est lourd. 7h30 jeudi matin, sur la RN 10, peu avant la sortie Champniers nord, au nord d’Angoulême. Un homme a perdu la vie dans sa Ford Escort carbonisée sur la bande d’arrêt d’urgence.
Il circulait sur la RN 10 en direction de Poitiers. Dans une légère courbe à droite, pour une raison encore indéterminée, le conducteur a perdu le contrôle de sa voiture, s’est déporté sur la droite. Il a mordu sur la bande d’arrêt d’urgence. Il a violemment heurté de plein fouet et à pleine vitesse, comme le laisse entendre l’absence de traces de freinage sur la chaussée, l’arrière d’un ensemble routier.
Sur cet emplacement refuge, réservé aux arrêts d’urgence, le chauffeur britannique du poids lourd espagnol, s’était arrêté pour observer son temps de pause réglementaire. Il dormait dans sa cabine lorsque le choc s’est produit. L’ensemble routier n’a pas bougé. Le porte-char était chargé de deux tracteurs routiers.
La voiture, un modèle déjà ancien, au moteur à essence s’est fracassée contre la remorque, s’est immédiatement embrasée. Un automobiliste qui est arrivé sur les lieux juste après l’accident a donné l’alerte, incité le conducteur du poids lourd à avancer son véhicule pour que l’incendie ne se propage pas.
"À notre arrivée, la voiture était totalement embrasée", confirme le lieutenant Didier Petit, le chef de groupe pompiers sur l’opération. Il a fallu près de deux heures aux pompiers pour désincarcérer la victime de son habitacle. L’homme n’a pu être formellement identifié. Mais des indices, une attestation de déplacement, la plaque de la voiture désigneraient un agriculteur de 49 ans, de Saint-Ciers-Champagne, près de Jonzac, en Charente-Maritime.
"Le chauffeur du poids lourd, un Anglais âgé d’une cinquantaine d’années, familier du trajet a été entendu par les gendarmes, indique le commandant Xavier Debacq, patron de la compagnie d’Angoulême. Il a pu prendre la route. l’enquête se poursuit. Il s’agira notamment de vérifier les temps de conduite, le chronotachygraphe". Le routier était en infraction. "À l’issue de l’enquête, le parquet décidera s’il doit être verbalisé".
7500 signatures pour la pétition qui veut envoyer les camions sur l’autoroute
Un mort dans des circonstances analogues sur le RN 141 en 2010. Et depuis, des blessés, des accrochages avec des poids lourds. Un camion qui en fracasse trois autres à Chasseneuil. Des accidents sur la RN 10. "à chaque accident, la pétition pour renvoyer les poids lourds sur l’autoroute est alimentée", et compte aujourd’hui 7.500 signatures. Nicole Bonnefoy, la sénatrice PS de la Charente, en a fait son cheval de bataille. Elle a obtenu du Sénat une mission sur le sujet, milite pour que le trafic des poids lourds en transit se déporte sur les autoroutes adaptées, où le trafic est "plus fluide, plus sécurisé". Elle envisage aussi, dans le cadre de la loi Climat, de déposer des amendements pour l’instauration d’une écotaxe régionale. "Le jour où la fiscalité sera plus élevée que le péage, les poids lourds prendront l’autoroute". L’enjeu est sécuritaire. "Il est aussi environnemental". "Évacuer les poids lourds plus que les parquer." Le trafic augmente chaque année. "Il faudra plus de poubelles, de pissotières, de places de parking. C’est un cercle vicieux".