Le Parisien a écrit:Municipales à Villeneuve-Saint-Georges : et si on ressortait le projet de déviation de la N 6 face aux bouchons ?
Sollicité dans le cadre des municipales, un lecteur propose de créer un contournement de la nationale 6 pour désaturer la commune, asphyxiée par les bouchons. Un projet de longue date qui n’a jamais vu le jour. Décryptage.
Durant la campagne des élections municipales des 15 et 22 mars 2020, le Parisien invite ses lecteurs à lui envoyer les propositions qu'ils souhaiteraient voir émerger. Chaque semaine, une partie d'entre elles sont passées au crible par la rédaction. Ce mardi, nous nous penchons sur le projet de déviation de la N 6 à Villeneuve-Saint-Georges pour réduire les embouteillages.
De quoi parle-t-on ?
Un serpent de mer. Depuis la 2 nde moitié du XX e siècle, le trafic est saturé sur la nationale 6 au niveau de Villeneuve-Saint-Georges, goulot d'étranglement où se croisent bus, camions et voitures, attirés par la gare et le pont de Villeneuve-le-Roi, seul ouvrage franchissant la Seine sur 12 km. Selon les derniers chiffres de la Direction des routes d'Ile-de-France (Dirif), 44 000 véhicules empruntent ce tronçon chaque jour.
En 1967, le projet de déviation de la N 6 apparaît dans le premier schéma directeur de la région parisienne. En 1994, il est déclaré prioritaire dans un nouveau schéma. En 2000, un planning prévisionnel fixe le début des travaux à 2008 pour une mise en service en 2014. En 2002, un tracé est retenu par la Direction départementale de l'équipement. Le contournement partirait de Crosne (Essonne), emprunterait 7 km de tunnel, ressortirait le long du bois de la Grange et du plateau de Villeneuve vers Limeil-Brévannes, pour rejoindre la route de Pompadour via Valenton. Mais à partir de 2005, le projet est peu à peu enterré.
Combien cela coûterait ?
Un milliard d'euros environ.
Pourquoi la déviation n'a pas vu le jour ?
L'Etat a expliqué ne pas avoir l'argent. Du moins, il n'a pas voulu financer un projet qu'il jugeait d'intérêt local et non national. Autre raison : les élus locaux étaient divisés. Des anti-déviation s'y opposaient farouchement comme Nicolas Dupont-Aignan (LR), député-maire de Yerres (Essonne) à l'époque. Lui plaidait pour bâtir deux ponts sur la Seine côté Val-de-Marne et côté Essonne. Une solution quinze fois moins chère, estimait-il en 2002.
Qu'en disent les principaux candidats à Villeneuve-Saint-Georges ?
Pour la maire Sylvie Altman (PCF), « la priorité est d'obtenir le nouveau pont et la poursuite de la transformation de la N 6 en boulevard urbain. L'idée d'une déviation est enterrée par l'Etat, des élus s'y étaient opposés et c'était jugé trop cher. Ce qui était une possibilité à l'époque, et que j'ai soutenu, ne l'est plus. Soyons réalistes ».
Au contraire, Philippe Gaudin (DVD) soutient que « la seule solution efficace, c'est le contournement routier. Toute autre solution est illusoire, le rond-point en est la meilleure preuve. » Il propose au sud un accès par le futur pont, les bords de Seine puis le Val-d'Orly; au nord, la création d'un accès à la N 6 avec le développement du triage SNCF grâce au contrat d'intérêt national.
Birol Biyik (EELV) invite à développer les circulations par le rail et le fleuve, limiter les camions de la zone industrielle de Villeneuve-le-Roi, profiter de la rénovation de la gare pour créer un pôle intermodal qui concentre les arrêts et facilite les correspondances train et route, créer de nouvelles lignes de bus pour désenclaver certains quartiers…
Quant à Bénédicte Bousson-Janeau (ex-PS, soutenue par LREM), elle propose « un Grenelle local réunissant tout le monde. Il nous faut un nouveau tracé de cette nationale » et piétonniser le passage entre la gare et la mairie.
Alors, jouable ou pas ?
Aucun indicateur n'est au vert actuellement. Le tracé était envisageable à l'époque. Mais plusieurs zones à proximité ont été urbanisées depuis et le futur téléphérique Téléval, reliant Créteil à Villeneuve via Valenton, survolera le tracé envisagé.
En plus, l'Etat et la région viennent de mettre la main au portefeuille pour ce secteur. Entre 2017 et 2019, ils ont réaménagé une partie de la N 6 à Villeneuve pour plusieurs millions d'euros afin d'y fluidifier la circulation. Mais si le trafic y est un peu moins anarchique depuis les travaux, la saturation reste quasi identique.
Quant à l'idée de créer un pont sur la Seine entre Vigneux et Athis-Mons (Essonne), il a progressé ces derniers mois. Le département de l'Essonne, après une longue concertation, a « décidé de poursuivre le projet d'un franchissement localisé à Port-Courcel ». « Un seul pont ne sera pas suffisant », prévient Roger-Gérard Schwartzenberg (PRG), ancien maire de Villeneuve-Saint-Georges, ex-député et ex-ministre.
Enfin, « le projet de déviation de la N 6 n'est pas inscrit au schéma directeur d'Ile-de-France », tranche la Dirif. Ce qui ferme la porte à ce scénario. D'où la suggestion de Roger-Gérard Schwartzenberg, toujours partisan d'une déviation : « Il faut faire une table ronde avec l'Etat, le préfet de région, la région, le département et la mairie. »
Bilan
Le + d’une telle idée :
• Une déviation ferait « sauter » le bouchon de Villeneuve de manière certaine.
Les - d’une telle idée :
• Un coût élevé, des contraintes foncières nombreuses, non inscrit au SDRIF et crée le risque d’enterrer le projet de création d’un pont supplémentaire sur la Seine.