La solution des anti : le report modal : les camions sur les trains, les automobilistes passagers dans les transports en communs et en covoiturage. Cela me rappelle l’époque d'avant 1940...
76actu a écrit:Contournement Est de Rouen : le préfet a reçu un collectif d’opposants
Le collectif Non à l'autoroute A133-A134 a été reçu par le préfet Pierre-André Durand mercredi 26 mai 2021, pour notamment lui présenter les alternatives au Contournement Est.
Par Isabelle Villy
Publié le 4 Juin 21 à 15:51
Alors que les alternatives proposées par la Métropole Rouen Normandie au Contournement Est de Rouen sont toujours examinées par les services de l’État, le Collectif Non à l’A133-A134 a été reçu mercredi 26 mai par le préfet Pierre-André Durand. Guillaume Grima, l’un des porte-parole des opposants, revient sur cette entrevue.
Les opposants souhaitaient ainsi présenter au représentant de l’État, les alternatives à cette infrastructure pour le trafic de voitures et de camions. Des alternatives qui reposent sur « un principe fort : favoriser le report modal des personnes et des marchandises ».
La « faisabilité » des alternatives à l’étude
Rappelons qu’en février dernier, la Métropole Rouen Normandie s’est désengagée financièrement du projet de Contournement et que le Département de Seine-Maritime et la Région Normandie ont voté une rallonge budgétaire. Toutefois, le vote de la Métropole a conduit le préfet à solliciter les services de l’État afin que les alternatives mises sur la table puissent être étudiées et pour « en examiner la faisabilité », indique la préfecture.
Trouver un consensus de territoire
« Pour nous, le fait d’avoir été reçus par le Préfet, c’est nouveau. C’est un signe. Il prend le temps d’entendre les différents acteurs », indique Guillaume Grima, l’un des porte-parole du Collectif. Pour lui, il est essentiel de trouver un consensus de territoire et que tous les acteurs se mettent autour de la table. Seulement voilà, le Collectif constate aussi que le consensus ne pourra sûrement pas être trouvé autour du projet actuel de contournement. « On ne peut pas s’accorder sur ce projet de deux autoroutes, clivantes et conflictuelles », assure Guillaume Grima, qui ajoute toutefois : « On a besoin de ce consensus entre tous les acteurs, pour trouver des solutions et pour avancer », chacun devant prendre en compte les évolutions du monde actuel.
L’environnement, une question de plus en plus fondamentale
Le porte-parole du Collectif observe en effet que depuis les années 1970 où effectivement, la logique était de construire des autoroutes pour le transport notamment, les choses ont changé avec une prise de conscience importante pour l’environnement, qui est « une question de plus en plus fondamentale ». Or, souligne Guillaume Grima, le projet de Contournement ne répond plus aux priorités du XXIe siècle. De plus, il fait valoir que « ces deux autoroutes déplacent la pollution en l’augmentant. Les alternatives que nous proposons réduisent la pollution », affirme le porte-parole, qui ajoute qu’il est nécessaire d’agir dans des domaines où cela est possible et là où le consensus existe.
Un report modal de 15 % possible à Rouen
Que faire alors, si l’on se passe du Contournement Est tel qu’il est actuellement défini et pour répondre aux attentes des habitants, des entreprises, des transporteurs ? Et comment répondre à des sujets récurrents comme les embouteillages pour accéder à Rouen et que le Contournement vise à diminuer ? Guillaume Grima ne nie pas l’existence de ce problème mais selon lui, la solution n’est pas la bonne. Avec le Collectif, il prône en effet le « report modal », qui consiste à « lâcher le tout-routier pour aller vers d’autres modes de transport, que ce soit les transports en commun, le covoiturage… » et il cite un exemple.
« Des études ont montré qu’à Rouen, plus de 500 000 véhicules font moins de 5 kilomètres tous les jours. On pourrait atteindre sur ce nombre un report modal de 15 %, soit plus de 80 000 véhicules en moins. C’est énorme et dix fois plus important que ce que le contournement apporterait. Il y a des actions à mener sur ce sujet mais il faudra trouver ce consensus » insiste Guillaume Grima, qui sait bien qu’évidemment, les actions seront plus compliquées à mettre en place quand il s’agit de personnes qui doivent parcourir 25 kilomètres pour se rendre à Rouen.
Le péage, un handicap pour les plus modestes
Mais là encore, il voit justement un autre inconvénient majeur au Contournement : le péage. « Cela amplifie le budget voiture et diminue le pouvoir d’achat des usagers. Or, beaucoup de personnes sont vulnérables sur ce sujet des déplacements en voiture, qui représentent un coût très élevé sur le budget des familles. On souhaite aussi des solutions qui protègent le porte-monnaie des concitoyens », souligne le porte-parole du Collectif, qui voit dans le report modal, une des solutions à ce problème.
Le sujet des axes congestionnés aux abords de Rouen n’est évidemment qu’un aspect du Contournement Est de Rouen, contre lequel Guillaume Grima propose également d’autres alternatives s’agissant du passage des poids lourds à certaines heures de la journée. Et d’ailleurs, à ce sujet, Guillaume Grima estime que des diagnostics partagés devraient être établis pour ce trafic en particulier. « Tout le monde n’est pas d’accord sur le nombre de camions sur l’axe Nord-Sud », constate le porte-parole.
Résultat de l’étude des services de l’État après les élections ?
Autant de motifs qui expliquent pourquoi le Collectif attend beaucoup de l’étude menée par les services de l’État dont les résultats devaient être annoncés fin mai. « Le préfet nous a dit que l’étude avait pris un peu de retard et qu’elle était plus complexe que ce qu’il avait imaginé », souligne le porte-parole du Collectif, qui suppose que les résultats devraient être connus peut-être après les élections régionales et départementales.
Garder le dossier du Contournement dans une dimension d’expertise
Mais il appelle de toute façon le préfet à « ne pas politiser ce dossier complexe » et à le garder dans « une dimension d’expertise ». Aucun calendrier précis ne leur a donc été confirmé pour les résultats de l’étude. Dans un communiqué de presse daté du 26 mai, les services de la préfecture indiquent d’ailleurs que « ce travail d’ampleur est toujours en cours de réalisation. Il sera communiqué aux trois présidents concernés (Région, Département et Métropole) dès qu’il sera finalisé et permettra d’éclairer tous les acteurs locaux, à partir d’éléments objectifs, sur la soutenabilité des différentes pistes de travail évoquées et leur contribution à la résolution des problèmes structurels de mobilité que connaît la métropole ».
Le risque d’étalement urbain
En attendant, Guillaume Grima prévient que le Collectif reste « prudent et vigilant », pour la suite. « Il ne faut pas se mettre à cran sur ce dossier ou engager une guerre de tranchées. C’est la démocratie qui va faire son œuvre », insiste Guillaume Grima, qui observe toutefois avec optimisme que les dernières élections municipales, à Rouen, ont placé l’écologie au centre des préoccupations des habitants… ce qui n’est pas le cas dans d’autres communes, sur les plateaux Est et Nord de Rouen par exemple, toujours favorables au Contournement Est. Et pourtant, Guillaume Grima avance encore une autre mise en garde face au Contournement Est s’il se réalise : selon lui en effet, il amplifiera le phénomène d’étalement urbain, qui grignote peu à peu les terres.