Bonsoir
https://www.lavoixdunord.fr/1377908/article/2023-09-26/vingt-apres-quel-est-le-bilan-de-l-elargissement-de-la-rn-41-de-lille-la-bassee
Vingt ans après, quel est le bilan de l’élargissement de la RN 41, de Lille à La Bassée?
Il y a vingt ans, la Nationale 41 était élargie à deux fois deux voies sous les applaudissements. C’était la promesse de la fin des accidents et des nombreux bouchons. Mais aujourd’hui, la RN 41 est de nouveau saturée, reflétant les limites du tout-voiture.
C’était il y a seulement 25 ans. Et c’est si dur à imaginer aujourd’hui. La Nationale 41 était alors surnommée la route de tous les dangers, dotée de seulement deux voies (une centrale pour dépasser) avec des feux rouges, et bardée de grands panneaux publicitaires. Son élargissement était la promesse de la fin des bouchons et aussi des accidents.
Car avant les travaux, on pouvait par exemple tourner à gauche en allant vers Lille pour se rendre à la station-service. Les automobilistes prenaient parfois de gros risques pour s’engager, en venant de petites routes. Daniel Herbaut, ancien maire de Fournes-en-Weppes (de 1995 à 2020) se rappelle la triste litanie des drames : « Il y a 20 ans, tout le monde était pour la route ! Elle était indispensable, surtout niveau sécurité. »
La voie à la périurbanisaton
Las. Vingt ans après, la mise à deux fois deux voies est loin d’avoir tout résolu. « À l’époque on a bien fait. Mais quand ça roule bien, les gens arrivent ! », reconnaît Philippe Waymel, conseiller général au moment des travaux. « C’était une voie de désenclavement, c’est devenu une voie de contournement », résume Frédéric Motte, conseiller régional, ex-maire de Beaucamps-Ligny de 1995 à 2014.
Car s’il y a eu un avant et un après élargissement de la RN 41, c’est aussi en termes d’aménagements du territoire. La nouvelle route a accéléré la périrubanisation, changeant le visage des Weppes. « En 1995, quand j’ai été élu maire de Beaucamps-Ligny, c’était un petit village rural et c’était une commune pauvre. Je me souviens d’un lotisseur qui pleurait car il n’arrivait pas à vendre ses maisons ! Cela s’est complètement retourné, relate Frédéric Motte. La route a permis l’extension de l’urbanisation. Donc il y a eu des avantages et des inconvénients. »
La fin du tout-voiture ?
Reflet de notre époque, la RN 41, tout comme le tout voiture montre aujourd’hui ses limites. Poussant certains élus à imaginer d’autres stratégies. « A ujourd’hui, on pourrait tripler cette RN 41, elle serait toujours saturée. Il y a des années, j’avais proposé sous forme de boutade que La Bassée devienne le centre de la région pour éviter que tout le monde aille à Lille », se souvient Philippe Waymel. Quant à Frédéric Motte, il rappelle qu’il avait voulu créer un centre de télétravail à Beaucamps-Ligny.
Et puis la réfection de la RN 41 a aussi permis la création d’une piste cyclable entièrement sécurisée, longeant la nouvelle route, et aujourd’hui considérée comme un axe structurant dans le nouveau plan vélo. Axe de communication majeur depuis des siècles, la fameuse 41 continuera sans doute à refléter nos façons de nous déplacer.
Les pépites de nos archives
« Route de tous les dangers ». C’était visiblement le surnom donné à l’axe La Bassée-Englos qui comptait jusqu’à 25 000 véhicules par jour. À l’époque, notre journal considérait que c’était « beaucoup ». L’axe était le drame d’une vingtaine d’accidents par an, dont 3 à 4 mortels.
« L’éternel bouchon de Wavrin va sauter ». C’était le titre d’un article de novembre 2001 dans lequel la DDE assurait qu’avec le premier tronçon de l’élargissement de la RN 41, le bouchon allait disparaître. Ce qui peut faire sourire aujourd’hui !
« La fraîche liberté ». Un article d’octobre 2002 évoque la « fraîche liberté » des automobilistes sur la RN 41 alors qu’une partie de la route (de l’A 25 jusqu’à Wavrin) a été élargie. D’après notre article de l’époque, on peut compter un gain de « 20 à 30 minutes » aux heures de pointe, grâce à la levée des feux rouges et ralentissements, « un gain particulièrement apprécié en cette période speedée ».
« Les gens des Weppes sont devenus des banlieusards ». Voici ce que regrettait Philippe Waymel, alors conseiller général et alors que les travaux démarrés en 2001 mettaient du temps à s’achever. Ils n’ont été terminés qu’en 2004. Ils ont coûté 380 millions de francs.
https://www.lavoixdunord.fr/1378153/article/2023-09-27/mobilite-et-transition-ecologique-dans-l-orchesis-ou-en-est
Mobilité et transition écologique dans l’Orchésis : où en est-on ?
Alors que « La Voix du Nord » vient de lancer sa nouvelle grande campagne « Mobilité, je bouge ! », comment se déplacer pour une démarche plus vertueuse, plus économique et en toute sécurité dans la Pévèle alors que de nombreux actifs rejoignent Lille ou Valenciennes quotidiennement ? Le point dans l’Orchésis.
Le mur de l’A23
L’accès à l’autoroute A23 est la bête noire des automobilistes, sans compter les kilomètres de bouchons qui s’en suivent. Au niveau du rond-point de la marbrerie Slosse, à Orchies, un des nœuds du problème, ce ne sont pas moins de 40 000 véhicules qui sont recensés chaque jour. Un axe que beaucoup redoutent aux heures de pointe. « Le matin, il faut presque prendre son ticket pour aller sur l’A23, se désole Pascal Fromont, maire de Coutiches. C’est de la folie. »
C’est aussi le casse-tête des politiques dont le projet il y a quelques années d’une troisième voie est en sommeil, pour ne pas dire tombé aux oubliettes. La création d’un réseau de bus en site propre sur la bande d’arrêt d’urgence de l’A23 dans le sens Valenciennes-Lille n’est plus d’actualité. La facture, qui avait été estimée à 24 millions d’euros, a eu raison du projet.
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Les pistes cyclables, une solution
Alors que faire ? Pour proposer une alternative à la voiture ou inciter à d’autres modes de déplacements doux, trois circuits de pistes cyclables pour relier Coutiches, Landas et Beuvry-la-Forêt à la gare d’Orchies sont bien engagés. « Si l’on veut que les gens délaissent la voiture pour le vélo, il faut qu’on leur donne la possibilité d’un déplacement apaisé et sécurisé », abonde Françoise Dupré-Barthélémy, adjointe déléguée à la transition écologique à Orchies.
Les travaux d’une première vélo-route, interdite aux automobilistes, vont enfin commencer dans les prochains jours pour relier Coutiches à Orchies, et éviter ainsi les ronds-points proches de l’autoroute. Il s’agit de la fameuse « route à trous », une voie agricole utilisée comme raccourci par les voitures, au lieu-dit Le Molinel. L’ouverture est espérée en avril 2024.
Le coût des travaux est de 750 000 € TTC, financés à 70 % par le Département, 21 % par la CCPC et 9 % par Orchies.
Pour relier Landas à Orchies, un autre projet de liaison douce est également attendu sur la départementale. Les travaux devraient être lancés à la fin de l’hiver et offrir ainsi à la D158 un aménagement pour les cyclistes et les piétons au début de l’été 2024. La réhabilitation de la rue d’Orchies s’étendra sur 3 km, au départ du centre de Landas jusqu’à l’entreprise Leroux, à Ochies.
Le coût des travaux est estimé à 858 263 € hors taxes dont 793 035 € à la charge de Landas.
Enfin, l’axe Beuvry-Orchies est un projet de réaménagement de la D953. Un dossier onéreux dont le coût total est de 11 millions d’euros. « Le Département a fait un gros effort pour que le projet ne tombe pas à l’eau », précise le maire d’Orchies, Ludovic Rohart. La première partie, côté beuvrygeois, doit être lancée en 2024. Pour Orchies, ce ne sera pas avant 2025.
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Les aires de covoiturage
À Orchies, deux aires officielles pour covoitureurs existent près du rond-point de la marbrerie Slosse et près de la gare. Au PACBO, quatre places existent également. À Nomain, deux places sont disponibles au dojo et deux autres à l’église. À Mouchin, deux également sur la D938 et deux autres sur la place de Verdun. Coutiches qui envisageait une aire, près de la pharmacie, a pour l’instant renoncé au profit des travaux de la nouvelle école pour des raisons de budget.
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Une passerelle à la gare d’Orchies ?
Une étude de faisabilité, financée par la ville d’Orchies, doit être lancée pour réfléchir à la situation d’une future passerelle pour enjamber la gare d’Orchies. Le coût de ce projet de passerelle ferroviaire, qui relierait la rue Jean-Lagache à la gare, avec la mise en place d’un ascenseur serait estimé entre 15 et 20 millions d’euros. Il résoudrait de nombreux problèmes pour les cyclistes, piétons et personnes à mobilité réduite. Reste à trouver les financements pour une réalisation espérée en 2030.
La ligne Ascq-Orchies, dont les trains ne circulent plus depuis 2015, patine toujours malgré les besoins des habitants du territoire. Un accord n’a toujours pas été trouvé entre les différents acteurs. En attendant, ça bouchonne toujours !
« Il semblerait qu’il y ait un consensus pour abandonner le chemin de fer. Une motion a été votée en juillet en conseil communautaire pour la création d’une voie verte cyclable transitoire entre Orchies et Cysoing, explique Ludovic Rohart, maire d’Orchies. Cela aurait du sens, notamment avec la passerelle sur laquelle nous travaillons à Orchies. » Oui, mais encore faut-il que la SNCF cède à l’euro symbolique ce tronçon.
Et comme le rappelle Luc Foutry, président de la Communauté de communes Pévèle-Carembault, qui connaît le dossier par cœur, c’est loin d’être gagné. Lui, comme d’autres élus de la Pévèle aimeraient qu’un car à haut niveau de service redonne vie à cette voie, entre Orchies et Villeneuve-d’Ascq, qui n’est plus rythmée par le passage de trains depuis 2015. Mais le dossier traîne pour ne pas dire s’enlise à son grand désespoir.
La CCPC s’est engagée à financer 20 millions d’euros, tandis que la Région est prête à apporter 16 millions pour un projet à 76 millions d’euros selon Luc Foutry. La députée de la majorité, Charlotte Lecocq avait réuni il y a un an des maires de la Pévèle en pointe sur le dossier, mais également des habitants favorables à une vélo-route. Une énième réunion pour tenter de trouver enfin une solution.
« Il faut donner la main au préfet »
Le président Foutry, qui jure ne pas vouloir faire de polémique, est las. « Je regarde ce sujet avec une certaine désespérance. Nous avons financé une étude. Nous avons organisé huit séances de comités de pilotage et des réunions participatives. Nous n’arrivons pas à être d’accord donc on est loin de trouver une solution. (…) Qu’en pensent la MEL et l’État ? Il faut donner la main au préfet là-dessus. La mobilité, c’est un sujet national. Ce n’est pas politique. C’est une réalité. Les gens nous demandent d’aller d’un point A vers un point B en toute sécurité. »
Pourtant, ce projet, beaucoup moins lourd et onéreux que le rail, pourrait contribuer au désengorgement de l’A23 en offrant un service de transport en commun aux habitants du sud de la métropole lilloise, de la Pévèle-Carembault et du Valenciennois.