Wattrelos
Des riverains tremblent à cause de la nouvelle voie Tourcoing-Beaulieu
Elle est très attendue, la voie qui doit permettre de se rendre de Tourcoing à Beaulieu en ligne droite ou presque. Mais là où le chantier a consisté à transformer des petites rues en grande route, comme c’est le cas rue Vallon, les riverains sont plutôt inquiets et mécontents.
’ancien propriétaire lui avait bien parlé de travaux. Mais à l’entendre, ce n’était qu’un petit chantier pour rénover la voirie. Même qu’après, elle aurait droit à une prime pour donner un coup de jeune à la façade. Et quand elle est allée se renseigner en mairie, personne ne lui aurait expliqué l’ampleur du changement. Alors, en 2010, Céline (prénom d’emprunt) et son mari ont acheté la jolie petite maison de la rue Vallon, à la lisière du quartier de Beaulieu, dans un coin plutôt champêtre. Aujourd’hui, ils le regrettent. « Si nous avions su, nous n’aurions pas acheté », affirme la jeune mère de famille.
Un bus toutes les dix minutes
Rue Vallon, on n’était à l’opposée d’un petit chantier de voirie. Ici se concrétise un projet dont on parle depuis des lustres à Wattrelos : la liaison Tourcoing-Beaulieu. À l’origine, c’est le conseil général qui était à la manœuvre. La nouvelle voie était donc bel et bien une route départementale destinée à traverser la ville du nord-ouest au sud-est, via le parc du Lion. La Métropole européenne de Lille (MEL) a depuis hérité du projet, mais la finalité reste la même.
« On va passer de 4 000 véhicules par jour à 17 000 ! » s’alarme Céline. Et pas que des voitures électriques. On y voit des poids lourds, les bus Transpole passent toutes les dix minutes. Le chantier a déjà été vécu avec difficulté par certains habitants (lire ci-dessous). Depuis que la route est en circulation, ils sont encore plus inquiets et en colère. « Et qu’est-ce que ce sera quand toute la liaison sera ouverte ? » – une chance pour eux, le dernier tronçon qui doit traverser le parc du Lion n’est pas encore programmé.
« C’est l’autoroute belge ! »
Pour corser le tout, rue Vallon, la MEL a fait le choix de la technique du béton coulé. Cela devait permettre de limiter les nuisances du chantier – pour bitumer, il faut compacter le sol au préalable – mais le résultat laisse sceptiques les habitants, alors que les joints commencent déjà à se décoller entre les plaques. « C’est l’autoroute belge ! » ironise Céline, qui rit jaune. Sur ce point, la MEL estime que « la majorité des joints sont en bon état » et précise que « des reprises sont prévues pour déceler les inévitables faiblesses ponctuelles d’accrochage ». Ce que nous avons constaté nous-mêmes sur place quelques jours après l’ouverture de la nouvelle route n’était pourtant pas très rassurant.
L’étude phonique se fait attendre
Un bus passe toutes les dix minutes. Chez les riverains qui nous ont ouvert leur porte, on les entend clairement.
La voie Tourcoing-Beaulieu traverse de nombreuses zones habitées. La MEL y a l’obligation de mettre en place des protections phoniques. Quand la configuration des lieux le permet, elle installe un écran ou une butte. Mais ce n’est pas toujours le cas, comme rue Vallon. Dans ce cas, elle doit financer entièrement le remplacement des fenêtres, mais seulement si « la façade présente un niveau de protection insuffisant ». Pour le déterminer, un diagnostic acoustique a été réalisé dans 85 maisons. Les résultats devaient être communiqués mi-mai aux riverains qui, depuis, s’impatientent. « Il y a eu un contretemps, ils ne seront communiqués que cette semaine », précise la MEL. Persuadée que l’étude acoustique de la MEL ne reflète pas la réalité, Céline a déjà prévu, dès qu’elle aura le diagnostic en main, de faire réaliser une contre-expertise.
Peuvent-ils espérer une indemnisation ?
Si la MEL a préféré faire poser du béton plutôt qu’un macadam classique, c’était pour limiter les nuisances – le sol est très meuble rue Vallon. Mais les riverains sont formels : les entreprises de travaux publics n’ont pas été très précautionneuses. « Ils sont venus taper avec le godet de la pelleteuse à ras des façades », dit un habitant qui a eu aussi la désagréable surprise de découvrir que les ouvriers avaient cassé les fondations de son mur de parement. Chez lui, des fissures sont apparues et n’ont fait que s’agrandir. Chez Céline, les vibrations ont provoqué la chute d’une verrière.
Selon la MEL,ils peuvent espérer une indemnisation. Une expertise des façades (mais pas de l’intérieur des maisons) avait d’ailleurs été réalisée avant les travaux en vue des éventuelles réclamations. Pour faire valoir leurs droits, les riverains doivent passer par leur assurance qui se rapprochera de celles de la MEL et des entreprises. Une expertise sera alors réalisée pour déterminer si oui ou non la responsabilité du chantier est engagée.
http://www.nordeclair.fr/74084/article/ ... g-beaulieu