Bonsoir
Travaux prévus pour le tunnel.
http://www.leprogres.fr/fr/region/la-ha ... chois.htmlPrès de 2,5 millions d'euros investis pour sauver la coursive du plateau ardéchois
publié le 10.05.2010 04h00
Sur le plateau ardéchois, le tunnel du Roux fait la passerelle avec la vallée. Indispensable l'hiver, le souterrain sera mis aux normes de sécurité
Il y a bientôt un siècle, les ouvriers commençaient à creuser le tunnel du Roux avec l'espoir de voir, bientôt, le train de la Transcévenole siffler dans le souterrain.
Aujourd'hui, c'est pour maintenir le bruit des moteurs à explosion que le conseil général d'Ardèche a décidé d'engager un vaste programme de pérennisation de cet ouvrage situé entre Saint-Cirgues-en-Montagne et Montpezat-sous-Bauzon, entre la montagne et la vallée ardéchoise…
Entre deux mondes.
Avec cet engagement signé lors de sa séance du mois de mars, le conseil général a acté un geste de courage : maintenir en vie le plus long tunnel routier français à la charge d'une collectivité territoriale. Et cela « pour pas grand chose » serait-on tenté d'écrire au vu du trafic dans l'ouvrage : 250 véhicules par jour en moyenne sur l'année, avec des pointes jusqu'à 500 en période estivale. Rarement plus.
Oui mais voilà. Sur le plateau ardéchois, le tunnel du Roux, ce n'est pas rien. De la Toussaint à Pâques, il est même indispensable pour ouvrir la route vers un monde englué dans les congères et la burle. Depuis Saint-Cirgues-en-Montagne, à 1 100 mètres d'altitude, le passage par le col des « Sagnas » pour rejoindre la vallée est souvent délicat.
Reste qu'après quatre-vingts ans consacrés au passage des voitures, le tunnel du Roux montre des signes évidents de fatigue. La sécurité des usagers n'est plus garantie dans le tube, en dépit des nombreuses restrictions mises en place (lire par ailleurs).
Le premier budget voté par le conseil général d'Ardèche (2,5 millions d'euros) permettra de mettre en place les dispositions pour la sécurité sous l'ouvrage en suivant les conseils de la CNESOR (Commission nationale de la sécurité des ouvrages routiers). Trois millions d'euros supplémentaires devront être investis dans les années à venir pour des travaux de génie civil et d'amélioration de l'itinéraire alternatif (par le col).
Éric Lespinasse, le maire de Saint-Cirgues-en-Montagne et conseiller général de Montpezat-sous-Bauzon, a été l'un des fervents défenseurs du dossier. Il détaille les travaux qui vont être engagés dans l'immédiat. « Une étude est lancée autour d'un système d'éclairage latéral. Il faut savoir que le tunnel n'est, actuellement, pas éclairé. Une bande médiane sonore va être installée, de même que des demi-barrières à chaque entrée qui s'abaisseront dès que le téléphone de la borne d'appel d'urgence sera décroché. Un gabarit interdisant l'accès aux véhicules de plus de 3,5 mètres de haut sera également installé, ainsi que des signalisations régulières pour indiquer les distances des sorties et la signalisation de l'issue de secours en tête Nord. »
D'ici quelques années, il faudra aussi penser au renforcement de la voûte, rongée par l'humidité. 5,5 millions d'euros et quelques années plus tard, le tunnel du Roux aura sauvé sa peau… Et son histoire.
Dossier réalisé par Rémi Barbe
rbarbe@leprogres.fr La seconde vie d'un souterrain qui n'a jamais vu passer le train...
L'histoire du tunnel du Roux, il pourrait la raconter sans cesse et sans s'ennuyer. Tellement belle, tellement longue et tellement insolite. Hubert de Bree vit au Roux, ce village qui a donné son nom au tunnel et qui s'accroche sur le flanc Sud.
Pendant des années, et au départ pour une exposition, il a retourné les archives pour retracer l'histoire de cet ouvrage qui a marqué l'histoire du plateau ardéchois et fascine encore ses habitants. Depuis, il a écrit un livre (1) autour de cette histoire incroyable.
Une histoire qui débute à la fin du XIXe siècle, avec la grande épopée de la Transcévenole. La voie ferrée doit relier Le Puy-en-Velay à Aubenas.
Après des décennies de négociations, elle est déclarée d'utilité publique en 1906. Au Roux, en Ardèche, sera creusé le plus long des trente-cinq souterrains de la ligne : 3 325 mètres.
Les travaux débutent en 1911, puis s'arrêtent presque en 1914 avec la guerre. Ils reprennent à la fin du conflit, dirigés par l'entreprise lyonnaise Trunel père et fils.
Le plateau ardéchois est en ébullition. La population explose, notamment avec l'afflux d'ouvriers italiens reconnus pour leurs compétences à manipuler les explosifs.
En 1924, la galerie d'avancement est percée, la jonction est réalisée entre les entrées Nord et Sud. En 1930, le chantier s'achève. Amer. Le tunnel du Roux est prêt, souterrain fantôme sur une ligne qui ne verra jamais le jour. Lorsqu'ils quittent le chantier, les ouvriers savent que leur ouvrage ne verra jamais l'ombre d'un train.
Plus bas, à Montpezat, l'ambitieux projet de la spirale consistant à voir la voie ferrée passer quatre fois sous elle même en réalisant plusieurs boucles pour permettre aux locomotives d'avaler le dénivelé ne restera qu'un rêve sur le papier.
Dès les années trente, la question se pose : que faire de ce bijou de maçonnerie ?
Les automobiles apparaissenent doucement, le tunnel du Roux offre un raccourci de 3,5 kilomètres et évite d'emprunter une route tortueuse et enneigée. Son avenir est tout tracé.
En revanche, ce n'est qu'en 1960 que le tunnel du Roux est goudronné. Pour cela, 17 000 m² de ballast (sur les 25 000 installés pour recevoir les rails) sont évacués. Le drainage de l'eau est amélioré par la même occasion.
Dans les années qui suivent, une première porte est installée à l'entrée Nord du tunnel (lire par ailleurs). En bois, elle est remplacée par un système automatisé et un portail métallique toujours en place.
Voilà comment le tunnel du Roux, dont la traversée procure toujours quelques frissons aux automobilistes, est devenu « la coursive plateau ardéchois ».
> (1) La construction du tunnel du Roux, par Hubert de Bree, juillet 2005. Déjà réédité, l'ouvrage approche actuellement la rupture de stock.
Sur la face Nord, une porte empêche les courants d'air et les congères...
Si parmi toutes ses extravagances il est une particularité à retenir pour le tunnel du Roux, c'est bien... sa porte d'entrée. Oui, une vraie porte installée sur la face Nord (côté Saint-Cirgues-en-Montagne). Cet équipement montre son utilité l'hiver. Il évite les courants d'air et donc la formation de congères à l'entrée du tunnel, mais aussi le gel et la formation de stalagtytes dans le souterrain. Cette porte, automatisée, s'ouvre à l'arrivée des véhicules. Par le passé, il s'agissait seulement d'un portail en bois qu'il fallait ouvrir et fermer soit même.
Le tunnel du Roux en quelques chiffres
3 325 mètres de long, 8 mètres de large et 6 de haut, 66 mètres de dénivelé entre l'entrée Sud et l'entrée Nord, 19 années de travaux entre 1911 et 1930 (phases d'études et arrêt de travail par temps de guerre inclus), jusqu'à 570 ouvriers sur le chantier en simultané (en 1923).
Déjà une batterie de restrictions en place
Aux entrées du tunnel du Roux, un arsenal de panneaux rappelle les interdictions en vigueur dans l'ouvrage. Les piétons, les cyclistes, les véhicules au GPL, les camions de plus de 3,5 tonnes et les transports scolaires. Il est interdit de doubler et la vitesse est limitée à 70 km/h. La hauteur maximale autorisée, actuellement limitée à 4,3 mètres, sera abaissée à 3,5 mètres.
Trois accidents mortels en quinze ans
En quinze ans, trois cyclistes ayant bravé l'interdiction de circuler ont été tués dans le tunnel.
S'y rendre depuis la Haute-Loire
Le tunnel du Roux est situé à une vingtaine de kilomètres de la Haute-Loire, sur le plateau ardéchois. Accès par la RN102 depuis Pradelles. Bifurquer à gauche à Lanarce et suivre Saint-Cirgues-en-Montagne puis Montpezat par la RD160.
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