Déviation de Jargeau : le groupe Baudin Châteauneuf choisi pour construire le pont sur la Loire
Jeudi 6 mai 2021 à 20:01
Le Département du Loiret a choisi Baudin Châteauneuf pour construire le pont sur la Loire, prévu à Mardié, dans le cadre du projet de déviation de Jargeau, toujours contesté par les associations de défense de l'environnement. Début des travaux à la fin de l'année pour une mise en service en 2024.
Voilà à quoi ressemblera le fameux pont prévu à Mardié dans le cadre de la déviation de Jargeau - Département du Loiret
C'est le groupe Baudin Châteauneuf qui construira le nouveau pont sur la Loire à Mardié : un pont voulu par le Département du Loiret dans le cadre de la déviation de Jargeau. L'entreprise basée à Châteauneuf-sur-Loire a été préférée à Bouygues et à Vinci. Le pont aura une longueur de 570 mètres.
"Pas le pont le plus complexe qu'on ait réalisé"
C'est un sacré défi qui attend Baudin Châteauneuf, car il faudra prévoir des fondations particulièrement robustes, jusqu'à 29 mètres de profondeur, en raison du sous-sol calcaire très fragile à cet endroit, comme l'avait indiqué un rapport effectué par le BRGM, le bureau de recherches géologiques et minières, et qu'avait révélé France Bleu Orléans.
"Je ne pense pas que ce soit le projet le plus complexe en terme technique qu'on ait eu à réaliser, relativise Damien Colombot, le président du directoire chez Baudin Châteauneuf. En revanche, on n'a jamais été aussi loin dans les études préalables, ce qui est très sécurisant, et en ce sens, le rapport du BRGM nous a bien aidés. Mais c'est vrai qu'il y a des enjeux forts en matière d'environnement, en matière d'insertion de l'ouvrage, et on va les travailler très fort avec nos partenaires."
Le pont de Mardié inclura une piste cyclable et un belvédère - Département du Loiret
Baudin Châteauneuf s'appuiera en effet sur un groupement, au sein duquel collaboreront neuf autres entreprises, dont SCE pour la conception et Spie Batignolles pour la réalisation. L'entreprise castelnauvienne a d'ailleurs récemment construit un édifice avec des contraintes géologiques comparables dans le Doubs, le viaduc du Picot.
10ème pont sur la Loire dans le Loiret pour Baudin
Au-delà du défi, c'est aussi une grosse fierté pour Baudin Châteauneuf qui édifiera là son dixième pont sur la Loire dans le Loiret en un siècle d'existence, "10 ponts en 100 ans, cela veut dire en moyenne un par décennie, note Damien Colombot, mais il y a eu des décennies plus prolixes, notamment après la guerre. C'est surtout un grand plaisir de réaliser un pont presque chez soi, puisqu'on sera à 10 km du siège de l'entreprise."
L'annonce du choix du constructeur à seulement six semaines du 1er tour des élections départementales peut étonner. C'est surtout une façon pour la majorité départementale d'afficher sa détermination sur ce projet imaginé dès 1998 et toujours contesté par les associations de protection de l'environnement. "Nous sommes dans le calendrier, il était temps d'attribuer le marché, indique Marc Gaudet, le président du conseil départemental du Loiret. J'ai toujours dit que le projet avançait en respectant les échéances administratives. Certains trouvent que ça va trop lentement, d'autres trop vite, je crois, moi, que c'est le bon rythme."
Un vote lors de la session du 27 et du 28 mai
Le choix de Baudin Châteauneuf sera entériné lors de la dernière session de la mandature à la fin du mois. Ce ne sera plus en principe un sujet pour la prochaine mandature. Le seul élu au Département opposé à ce projet, l'écologiste Thierry Soler, ne se représente pas, et Jean-Vincent Valliès, le maire de Chécy, qui espère lui succéder dans le binôme avec la socialiste Vanessa Slimani annonce déjà que s'il est élu, il n'aura pas la même attitude que Thierry Soler, "non, parce que le dossier est désormais bien parti, explique Jean-Vincent Valliès. Il s'agira d'accompagner les choses, d'être vigilant sur les impacts environnementaux mais aussi d'expliquer les bénéfices que ce projet peut apporter : je ne serais pas dans l'affrontement."
Ce nouveau pont à Mardié est en effet censé répondre à l'engorgement actuel du pont de Jargeau, traversé par 15.000 véhicules par jour dont 70% de poids-lourds selon les chiffres du Département. Le pont en lui-même coûtera 27 millions d'euros (58 millions d'euros si on inclut les aménagements connexes prévus sur une portion de 4 km), le projet de déviation, qui compte au total 15 km de voies nouvelles, 94 millions d'euros.
Les travaux malgré le risque juridique
Les travaux débuteront à la fin de l'année pour une mise en service en 2024 : le chantier commencera donc avant que ne soit purgé l'ensemble des procédures devant la justice administrative. On attend notamment la décision de la Cour d'appel administrative de Nantes sur la déclaration d'utilité publique accordée par le préfet en 2016, ainsi qu'un nouvel avis émis par une autorité environnementale indépendante, comme vient de le réclamer le tribunal administratif d'Orléans. Mais ces procédures ne sont pas suspensives.
Qu'une décision de justice stoppe un chantier déjà commencé n'est pourtant pas qu'une hypothèse d'école : c'est ce qui s'est passé pour la déviation de Beynac, en Dordogne. Mais les services du Département du Loiret assurent qu'ici le risque juridique est infime : "Sur 18 recours, nous en avons déjà gagné 16", soulignent-ils.