Sud Ouest a écrit:Gironde : faut-il construire un grand pont sur l'estuaire ?
Le maire de Blaye relance l'idée de créer un pont pour relier les deux rives et faciliter les liaisons entre Bordeaux et la Haute-Gironde
Un référendum pourrait être prochainement proposé aux habitants de Blaye pour définitivement trancher sur la nécessité ou non de créer un pont enjambant l'estuaire. Pour faciliter les liaisons entre les deux rives d'une part, entre la Haute Gironde et Bordeaux d'autre part et éviter à terme l'asphyxie. Certains jours, il faut autant de temps pour se rendre en voiture de Blaye à Bordeaux centre que pour faire Bordeaux-Angoulême.
Le retour du grand contournement ? « Il est temps de lever la chape de béton et de clarifier les choses », note Denis Baldès, le maire de Blaye et président de la Communauté du canton de Blaye (CCB). « Il y a des gens qui sont pour, des gens qui sont contre. Je suggère d'organiser un référendum à l'échelle communale et si possible à l'échelle de la communauté de communes pour connaître vraiment l'opinion des gens et prendre les bonnes décisions. »
Pas une boutade
Denis Baldès a relancé le débat du pont enjambant l'estuaire lors de sa cérémonie de vœux à la CCB, vendredi dernier. Depuis, ça fait le buzz.
« Beaucoup ont cru que c'était une boutade, ça ne l'était pas » dit-il « De ce pont, j'ai toujours entendu parler. Lorsque j'étais gamin et que je promenais le long de la rivière comme on dit ici, mon père me disait : tu vois, c'est là qu'un jour sera construit un pont et que l'on pourra traverser l'estuaire. Dans ma tête, il a donc toujours été là. »
Du coup, le voilà aux côtés du président du Conseil général pour relancer le dossier. « Sur ce point, je partage totalement l'avis de Philippe Madrelle », reconnaît-il. Ce qui ne manque pas de sel sur le plan politique lorsqu'on sait que les deux hommes ne s'entendent guère depuis les municipales, Denis Baldès ayant soufflé le fauteuil de maire à Bernard Madrelle.
Ce ralliement « surprise » autour du franchissement fait sourire Philippe Madrelle. « C'est bien que le maire de Blaye soit favorable au pont aujourd'hui car si ma mémoire est bonne, je l'ai vu du côté des opposants au grand contournement lors de l'inauguration du rond-point Bel Air. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. »
Déjà en 1985…
Sur l'idée développée aujourd'hui par l'élu de Blaye, le président du Conseil général ne se prononce pas encore. « Je ne sais pas très bien ce qu'il a déclaré, il m'est donc difficile de commenter ses propos. Tout ce que je peux dire, c'est que pour construire un pont, il faut un financement. Or, il n'y en a pas ! Nous ne sommes plus dans la configuration du grand contournement avec zéro euro à débourser. » (NDLR. les travaux étaient réalisés dans le cadre d'une concession.)
Le président du Conseil général profite de l'occasion pour rappeler qu'à Blaye, on parle d'un pont enjambant l'estuaire depuis plus de vingt ans. « En 1985, avec mon frère Bernard, on soutenait le projet de création d'un pont entre Blaye et Lamarque. Tout était prêt. Le Département était là pour le financement. Cela ne s'est pas fait. On ne peut aujourd'hui que le regretter. »
Un lieu de passage
« Historiquement, Blaye est un lieu de passage », souligne de son côté le maire de Blaye. « Avant que le pont Eiffel ne soit construit, c'est là que les gens traversaient la rivière. »
Depuis que l'élu a lancé le pavé dans la mare, les opposants au contournement sont vent debout. D'ici à ce qu'ils relancent les manifs, il n'y a qu'un pas… Le maire ne retire pas pour autant ses propos. « Bien sûr, les communes qui sont proches d'une bretelle d'autoroute et à proximité de Bordeaux n'ont que faire de ce franchissement. Nous, en revanche, nous avons besoin d'un axe rapide. Encore plus, si nous voulons relancer les activités économiques dans notre secteur. Depuis des mois, je me bats pour faire venir des entreprises. Devinez ce qu'elles me disent : vous êtes à combien de Bordeaux ? À combien de l'aéroport ? Elles vont logiquement s'installer ailleurs. Des entreprises fixées depuis longtemps en Haute Gironde rêvent aussi de se rapprocher de l'agglomération, lorsqu'elles ne l'ont pas déjà fait. » Et la protection de l'environnement, l'écologie dans tout cela ? « Je veux bien tout entendre mais il faut être sérieux. Fermons la centrale nucléaire car elle est potentiellement dangereuse, ne créons pas de nouvelle autoroute car ça pollue et fait du bruit. Qu'est ce qu'on fait de Blaye et de la Haute Gironde ? »
Bref, Denis Baldès veut clarifier le débat et apporter une réponse définitive. Selon lui, deux lieux de franchissement sont possibles sur Blaye : un au nord de la citadelle, un au sud à hauteur de Bel Air. Lequel… ou pas du tout ?
Ca me rappelle une certaine discussion