Autoroutes en Inde
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G.E. a écrit:Remarque, si un jour des échangeurs trompettes sont construits sur l'Océan Indien, on devrait pouvoir faire de même au large de la Côte d'Azur...
Comment l'Inde veut construire 20 km d'autoroutes par jour
Les immenses ambitions du pays se heurtent à une mise en place chaotique. Mais, peu à peu, les acteurs locaux, qui cassent les prix pour obtenir les concessions, se trouvent confrontés à des problèmes de financement. Une porte ouverte pour les étrangers.
C'est le chiffre magique : l'Inde répète qu'elle va construire « 20 km d'autoroutes par jour ». Correspondant à 7.000 km par an, cet objectif fait rêver bien des entreprises indiennes et étrangères. « C'est simple, l'Inde met en concession chaque année plus d'autoroutes que tout le reste de la planète », explique Patrick Viellard, directeur général d'Egis Infra Management India, De fait, renchérit Rajesh Samson, spécialiste du secteur chez Ernst & Young, « le programme indien de partenariats public-privé (PPP) dans les autoroutes est le plus gros du monde ».
Les besoins sont gigantesques. L'Inde dispose du troisième réseau routier de la planète derrière les Etats-Unis et la Chine, mais ses routes sont souvent étroites et défoncées. Quant au réseau d'autoroutes, il est largement sous-développé. Selon Ernst & Young, sur les 70.000 km du réseau national, 16.500 km sont à au moins deux fois deux voies, 13.000 km sont en cours de mise aux normes autoroutières et 20.000 km restent à traiter. A cela s'ajoutent les projets d'autoroutes qui dépendent des Etats. Au total, estime-t-on chez Egis, le potentiel sur dix ans est de 120.000 km. Le plan quinquennal 2012-2017 prévoit d'investir 241 milliards de dollars dans le réseau routier !
Et ce vaste programme se fait entièrement par le biais de PPP, dans un cadre réglementaire bien rôdé, selon Rajesh Samson, qui précise cependant : « Nous avons un très bon dispositif en place... sur le papier. Dans la réalité, c'est le chaos ! » Car les autoroutes indiennes réservent quelques surprises. « Ici, raconte un professionnel étranger, les autoroutes à deux fois trois voies passent au milieu des villages. Les charrettes roulent sur l'autoroute, les camions s'y garent, on se retrouve avec deux fois une voie pour rouler vraiment. Du coup, il faut de cinq à six jours pour couvrir les 1.200 km entre Delhi et Bombay. »
« Des offres à des prix incroyables »
Le chaos routier se retrouve dans une certaine mesure dans les procédures : les appels d'offres lancés par la National Highways Authority of India (NHAI), l'agence publique chargée du secteur, sont victimes de leur succès. « Il y a plein de groupes de BTP ici, ils voient tous les autoroutes comme une énorme opportunité, explique le spécialiste d'Ernst & Young. Si bien que, pour chaque contrat, il y a 25 candidats. Et ils font des offres à des prix incroyables, insoutenables. » Alors que normalement les candidats demandent de l'argent aux autorités pour construire puis opérer une autoroute, le vainqueur étant celui qui demande le moins, le processus s'est inversé en Inde : désormais, dans une majorité de projets le partenaire privé finance l'intégralité de la construction et paye en plus une redevance annuelle à NHAI, en comptant se rembourser sur l'exploitation de l'autoroute pendant vingt-cinq ans. Et c'est celui qui offre le plus qui gagne. « Les candidats font des offres basées sur des prévisions de croissance économique de 10 % par an et des projections de trafic complètement irréalistes », souligne un expert. Au bout du compte, un nombre croissant de projets peinent à se financer.
Une fois, le projet bouclé, la construction de l'autoroute n'est pas non plus une partie de plaisir. Problème majeur comme souvent ici : l'achat des terres. « En théorie, le gouvernement est censé fournir les terrains, explique Rajesh Samson, mais ça ne se passe jamais comme ça : on construit un bout d'autoroute sans avoir les terres pour le tronçon suivant. » « Les projets prennent trois ou quatre ans de retard pour ces problèmes de terres, confirme un professionnel, quatre ans d'intérêts en plus et de péages en moins, ça dévaste un modèle financier. » Quand le gouvernement n'a pas tenu ses engagements, les concessionnaires ont droit à des dédommagements, mais les demandes traînent longtemps devant les tribunaux.
NHAI, c'est vrai, a sensiblement accéléré les attributions de projets. Pour l'année fiscale à fin mars 2012, l'agence a octroyé 6.600 km de projets autoroutiers, soit 18 km par jour, contre 5.085 km l'année précédente. Mais la construction effective a au contraire ralenti, passant en un an de 2.920 à 2.100 km. Sur les trois dernières années, il s'est construit 7 km par jour, un tiers de l'objectif. Les spécialistes s'attendent désormais à un assainissement brutal du marché. Déjà certains opérateurs cherchent à revendre leurs concessions, parfois à prix cassés. « Si les acteurs domestiques sont confrontés à un "cash crunch" et doivent se consolider, estime Rajesh Samson, ce pourrait être le bon moment pour les groupes étrangers pour venir sur le marché. »
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