Inutile de préciser que la soif d'autoroutes et de voies rapides (à péage) est énorme. Pour rattraper ce retard, l'Inde projette de réaliser jusqu'à 20 nouveaux kilomètres par jour. Une aubaine pour les majors françaises qui n'ont quasiment plus rien à se mettre sous la dent : on pourra noter le double discours de la France qui ne veut plus d'autoroutes chez elle mais s'empresse de répondre favorablement aux demandes indiennes. Ces 2 articles sont très intéressants pour comprendre la situation et les projets.
Les Echos a écrit:L'Inde vient chercher l'appui de la France pour son programme autoroutier
05/01/11 | 07:00 | Marie-Christine Corbier
Le ministre indien des Transports et des Autoroutes, Kamal Nath, est en visite officielle en France. Il rencontrera demain Christine Lagarde et Nathalie Kosciusko-Morizet.
En Chine, on voit des autoroutes se créer et des périphériques entourer la ville. En Inde, on a l'impression que rien ne bouge, déplore Olivier Lefebure, avocat associé au cabinet UGGC. Les autoroutes avancent à un rythme d'escargot, alors que la croissance du pays justifierait quelque chose de beaucoup plus rapide. » Les besoins en infrastructures de ce pays sont gigantesques. Le gouvernement indien prévoit d'ailleurs de doubler les sommes prévues pour le programme autoroutier dans le plan quinquennal 2007-2012, de 500 à 1.000 milliards de dollars. Le Highway Development Program doit permettre de construire 20 kilomètres d'autoroutes par jour, soit 7.000 par an.
C'est tout l'objet de la visite officielle en France du ministre indien des Transports et des Autoroutes, Kamal Nath, qui, dans un entretien au « Figaro », déclarait hier souhaiter « un partenariat avec la France ». Il doit rencontrer aujourd'hui les ministres de l'Economie et des Transports, Christine Lagarde et Nathalie Kosciusko-Morizet. « Depuis le printemps 2009, nous avons engagé un dialogue très franc avec Kamal Nath pour évoquer nos inquiétudes quant à la participation des entreprises françaises aux projets autoroutiers indiens. Et il a pris en compte nos suggestions pour améliorer les conditions de passation des marchés pour la gestion déléguée d'autoroutes », se félicite un observateur français avisé.
« Corruption omniprésente »
« Kamal Nath a été nommé à ce poste pour bousculer les procédures indiennes, il a la réputation d'un homme à poigne capable de faire bouger un pays connu pour son inertie », renchérit Guy de Panafieu, président du conseil des chefs d'entreprise France-Inde de Medef International.
L'inertie indienne n'a pas empêché l'opérateur Vinci, le spécialiste de technologies pour ponts et ouvrages Freyssinet, son concurrent chez Bouygues VSL, l'équipementier Fayat, Systra ou encore Total, avec son usine de bitume au Rajasthan, d'être présents en Inde. Mais elle est néanmoins « un frein » évident aux investissements, poursuit Olivier Lefebure. « Les lourdeurs administratives sont dramatiques, bien plus importantes qu'en Chine. La corruption est présente à tous les niveaux. En Chine, vous payez une fois. En Inde, vous payez 10, 15, 20 fois et à la 22e, lorsque vous croyez que c'est fini, il y en a une 23e… » La complexité de l'Etat fédéral ne facilite pas la vie des entreprises. Mais avec une croissance annuelle quasi insolente de 9 % pour 2011-2012, le pays a évidemment de quoi séduire les entrepreneurs.
Le Figaro a écrit:Autoroutes : l'Inde veut «un partenariat avec la France»
Par Marie-France Calle
03/01/2011 | Mise à jour : 22:20 Réactions (13)
INTERVIEW - En visite officielle à Paris à partir de mardi, Kamal Nath, ministre indien des Transports, rencontrera notamment Christine Lagarde et Nathalie Kosciusko-Morizet.
LE FIGARO. - Dans quelle mesure le retard de l'Inde dans le développement de ses infrastructures freine-t-il sa croissance ?
Kamal NATH. - Le déficit en infrastructures est énorme en Inde, mais c'est parce que la croissance a précédé le développement des routes, des autoroutes, l'approvisionnement en électricité, etc. Si l'on veut continuer sur notre lancée d'une croissance soutenue, ce fossé doit être comblé. Or, à l'heure actuelle, pour ce qui est des infrastructures, nous ne travaillons pas pour l'avenir mais pour combler notre retard. L'Inde perd environ deux points de croissance par an en raison de la défaillance de ses infrastructures.
Depuis dix ans, le plus grand projet consiste à relier par des autoroutes les grandes métropoles indiennes. Où en est-il ?
Il s'agit du National Highways Development Project (NHDP), qui consiste en un réseau d'autoroutes à quatre ou six voies visant à connecter Delhi à Bombay, Bombay à Madras, Madras à Calcutta et Calcutta à Delhi. La première phase du NHDP est terminée à 99,37 %. De surcroît, le tronçon Bombay-Madras a été étendu à Bangalor.
Que prévoyez-vous pour accélérer la construction de routes, de ports, d'aéroports, etc. ?
C'est là notre priorité. Des infrastructures de qualité sont la condition sine qua non pour atteindre la croissance à deux chiffres. La décennie à venir sera celle des infrastructures. L'investissement global (électricité, rail, routes, ports, aéroports, irrigation, assainissement et distribution de l'eau en zones urbaines et rurales) passera de 5 % du PIB en 2006-2007 à 9 % à l'horizon 2012. Le gouvernement prévoit de consacrer 46 % des dépenses sur l'année fiscale 2010-2011 au développement des infrastructures. À eux seuls, les investissements pour améliorer les transports routiers augmenteront de 13 %.
L'État fédéral et les gouvernements régionaux peuvent-ils financer à eux seuls ces investissements ?
On estime à 514 milliards de dollars les investissements nécessaires au développement des infrastructures entre 2007 et 2012. C'est un objectif ambitieux ; pour le remplir, il faudra faire appel au secteur privé à hauteur de 154,17 milliards de dollars, soit 30 % des sommes requises. Les ressources limitées du gouvernement nous obligent à faire appel à des investisseurs privés dans le développement autoroutier. À lui seul, ce secteur réclame 70 milliards de dollars sur les trois à quatre ans à venir, dont 41,05 milliards devraient provenir d'investissements privés, notamment étrangers. Le défi est de taille. Qu'on en juge : entre 2000 et 2009, les apports en capitaux étrangers pour construire routes et autoroutes en Inde n'ont été que de 955 millions de dollars. Clairement, il est impératif de doper les investissements étrangers.
Qu'attendez-vous de la France ?
Le gouvernement indien a lancé un vaste programme, Highway Development Programme, qui se fixe pour objectif de construire 20 kilomètres d'autoroute par jour, soit 7 000 kilomètres par an. Nous avons besoin de la participation des compagnies internationales les plus compétentes. Notre but est aussi de faire comprendre aux institutions financières que le programme autoroutier indien est une formidable opportunité. La France a un important réseau de routes et d'autoroutes et de nombreuses compagnies françaises sont réputées pour leur compétence dans ce secteur. Il suffit de rappeler que la France a participé à la réalisation de l'Eurotunnel, qui relie l'Europe continentale à la Grande-Bretagne. Une véritable merveille ! Il est évident que la France possède un formidable «know-how» dans la construction et la maintenance des autoroutes, notamment à péage. Nous souhaitons vivement arriver à un partenariat où tout le monde est gagnant, une «win-win situation».