J'en profite pour partager mon expérience vu que j'y ai voyagé cet été. J'ai séjourné à Oslo, Kristiansand, Stavanger et Bergen et voyagé en voiture (électrique) entre ces localités.
Globalement le réseau autoroutier, quasiment inexistant il y a 20 ans, s'étend lentement mais sûrement. On relève également que plusieurs tronçons sont à l'état de semi-autoroutes (2x1 voies avec échangeurs).
L'axe E6 relie Oslo à Otta bien plus au Nord, ce qui représente 290 km. Actuellement l'autoroute va de Oslo jusqu'à Moelv, puis l'axe se poursuit en semi-autoroute jusqu'à Otta ; mais il manque le tronçon entre Tretten, au Nord de Lillehammer (là où le pont s'est effondré...) et Frya. D'ici quelques années, l'autoroute ira jusqu'à Tretten (avec doublement de la section en semi-autoroute), et la semi-autoroute sera terminée jusqu'à Otta avec la construction du tronçon manquant entre Tretten et Frya.
Plus au Nord, une "alternance d'autoroute et de semi-autoroute" est également en construction entre Ulsberg et Skogn (dans la province de Trondheim), ce qui représentera à terme un linéaire continu de 165 km, même si non relié au reste du réseau.
L'axe E18 relie Oslo à Mandal au Sud via Kristiansand. Sur les 318 km entre Oslo et Kristiansand, on compte 225 km d'autoroute ; le reste a le statut de semi-autoroute, à l'exception d'une section de 14km entre Akland et le Nord de Tvedestrand qui n'a pas de statut. Il y a 3 tronçons de semi-autoroute : la déviation de Porsgrunn actuellement en cours de doublement, Bamble-Akland qui comprend plusieurs sections à 2+1 voies, et Arendal-Grimstad. Il est prévu de doubler ces sections d'ici la fin de la décennie. Entre Kristiansand et Mandal l'autoroute est en cours de finalisation et ouvrira en automne de cette année, à l'exception des derniers km avant Mandal qui ont ouvert l'année passée.
L'axe E39 parcourt la côte ouest de la Norvège. L'autoroute devrait atteindre Stavanger à moyen terme, puis Bergen à long terme. Pour le moment une vingtaine de km avant Stavanger sont en service, ainsi que la traversée en tunnel de cette dernière ville. Actuellement, seuls les 10 premiers km après Mandal sont en chantier. J'avais un peu d'apréhension de parcourir une si longue distance sans possibilité de dépasser mais finalement ce n'était pas désagréable : la route, comprenant de nombreux tunnels et viaducs est très roulante et comme elle est limitée à 80 km/h, il n'y a pas besoin de dépasser les camions qui roulent aussi à cette vitesse.
Le trajet le plus marquant était celui entre Stavanger et Bergen. Actuellement, seuls quelques kilomètres d'autoroute avant Bergen sont en service, mais la quinzaine de km qui séparent ce tronçon de l'arrivée du ferry au Sud de la ville devrait ouvrir cet automne. On voyait d'ailleurs que l'autoroute était quasiment terminée. Ce trajet nous fait voyager d'îles en îles et et en presqu'îles, reliées par des ponts spectaculaires ou même des tunnels sous-marins ; la traversée de ces derniers étant pour le moins marquante : à peine le portail franchi, la route se met à descendre en ligne droite avec une pente marquée (généralement 7%), puis, au milieu du tunnel, la route revient à plat durant un bref instant avant de remonter en ligne droite avec la même pente qu'à la descente. On comprend pourquoi ces tunnels, assez longs (le plus long faisait 8 km), sont dimensionnés pour 3 voies : cela permet de dépasser à la montée les poids-lourds qui avancent difficilement. Cela offre aussi un véritable créneau de dépassement qui peut être bienvenu étant donné qu'il n'y en a quasiment pas ailleurs. L'itinéraire est très "aquatique" avec la mer tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, parfois des deux côtés, parfois en-dessous (pont), parfois en-dessus (tunnel), le tout dans un paysage de fjords "à moitié engloutis" dont seules les crêtes émergent ; ces dernières offrant parfois de beaux points de vue. Il faut enfin mentionner que cet itinéraire emprunte deux fois le ferry ; disons-le tout de suite, cela ne rallonge que peu le parcours. En effet, le fonctionnement de ces derniers est bien rôdé : le paiement se fait en free-flow donc pas besoin d'acheter un billet, et la fréquence est de 15 minutes : à peine l'un parti après avoir terminé l'embarquement que le suivant arrive ; ils fonctionnent en rotation continuelle, on en croise d'ailleurs plusieurs en sens inverse durant le trajet. On voit que la priorité a été donnée à la minimisation du temps d'attente : sur les deux parcours que j'ai empruntés les garages étaient loin d'être remplis. Une telle fréquence n'aurait donc pas été tout le temps nécessaire si le seul critère était l'affluence. Ces trajets en ferry étaient très agréables : on peut parler d'une véritable aire de service flottante ! Des ascenseurs vous mènent depuis le garage directement à l'étage, où l'espace dédié aux voyageurs est très vaste et lumineux. Un self-service permet de se restaurer et les sièges confortables vous offrent un beau point de vue sur les fjords à moitié immergés que l'on traverse. Les deux trajets durent respectivement 20 et 40 minutes.
A noter que les deux premiers tunnels sub-aquatiques au Nord de Stavanger ne seront pas repris dans le projet d'autoroute. En effet, c'est un tunnel à 2x2 voies, le tunnel de Rogfast, qui partira directement du Nord de Stavanger jusqu'à l'actuel terminus Nord du ferry qui est en construction : il mesurera pas moins de... 27 km !! Fin des travaux prévue en 2033.
Un petit mot sur les péages : ils fonctionnent tous en Free Flow. On rencontre régulièrement des portiques sur les autoroutes ainsi qu'avant les principaux ouvrages d'art. A chaque passage, un panneau "Autopass" vous indique de combien va s'alléger votre porte-monnaie. Soit vous avez le boîtier de télépéage, soit on lit votre plaque et vous payez votre trajet sur la page web... ou recevez la douloureuse directement chez vous.
Encore une dernière remarque sur les bornes de recharge puisque j'ai voyagé en véhicule électrique : la possibilité était offerte au même prix qu'un véhicule thermique, c'était donc l'occasion ou jamais d'essayer. Il y en un peu partout le long des axes que j'ai empruntés ; la plupart étant installées par des sociétés locales (MER, Fortum...). Il faut savoir qu'en Norvège plus d'un véhicule sur deux vendu est électrique depuis les années 2020. Le revers de la médaille est donc que ces bornes sont prises d'assaut par les locaux et j'ai le souvenir qu'à mon premier arrêt sur une aire d'autoroute au Sud d'Oslo, la quinzaine de bornes mises à disposition était occupée. Fort heureusement c'est la seule fois que j'ai dû attendre, il n'y avait d'ailleurs pas de queue avant moi et une place s'est libérée après quelques minutes. Ceci dit, même si je n'ai pas eu à attendre les autres fois, à plusieurs reprises il ne restait qu'une seule place de libre à mon arrivée. J'ai donc tendance à imaginer que j'ai eu de la chance et que j'aurais très bien pu voir mes trajets se rallonger sensiblement si j'avais dû patienter !
Je termine avec deux liens :
Une liste détaillées des tronçons d'autoroute en service, en travaux et en projet (oui c'est en Norvégien, mais Google Traduction s'en occupe très bien)
http://www.nyeveier.no Le détail des projets en cours sur le site de la société qui construit les autoroutes
... et avec seulement deux photos prises d'un ferry : tout le reste est sur StreetView !
https://i.imgur.com/n3u2JTA.jpghttps://i.imgur.com/y2IHbEz.jpg