La Provence a écrit:En 2011, Iter passe par chez vous
En 2010, le projet Iter est sorti de terre et est devenu visible. C'est sans doute ce que l'on retiendra à l'heure de rédiger l'histoire du plus grand projet scientifique international. En 2011, il en ira sans doute de même en matière de visibilité avec, cette fois, une différence de taille : le projet Iter va être visible par tous, sur plus de 100 kilomètres entre Berre et Cadarache. C'est en effet cette année que les premiers tests vont être effectués sur l'itinéraire spécialement aménagé pour acheminer les composants du réacteur.
Fabriquées par les pays partenaires, ces énormes pièces arriveront par bateau à Fos, traverseront l'étang de Berre par barge, et prendront ensuite la route entre Berre et Saint-Paul- lez-Durance où elles seront assemblées, sur le site même. Les tout premiers trajets devraient être effectués en 2012 avec une densification du trafic dans le courant de 2013. Même si, avant cela, il faut d'abord procéder à des tests... "Une cellule de coordination va être mise en place début 2011 afin de prendre en charge l'itinéraire et d'en assurer la maintenance", explique Jérôme Pamela, directeur de l'Agence Iter France, en charge de la contribution française (financière et en nature). Dans le même temps, l'organisation internationale devra choisir le transporteur qui sera en charge des convois. Un très gros contrat en perspective qui sera sans doute passé avec un consortium.
Le transporteur unique devra en effet gérer l'intégralité du trajet : le transport maritime depuis le pays d'origine de chacun des éléments jusqu'à Fos, puis la traversée par barge jusqu'à Berre, enfin, la route jusqu'à Cadarache. Il n'y aura donc que deux interlocuteurs (cellule d'organisation et transporteur unique) afin de simplifier les opérations. Dès qu'ils seront définis, l'itinéraire sera testé à trois reprises: en charge, en gabarit, et en logistique.
La première date n'est pas encore connue, mais ce sera sans doute autour de l'été avec un convoi qui devra vérifier la solidité des édifices : un véritable challenge en matière de transport... Aujourd'hui, la référence se situe entre Bordeaux et Toulouse avec une route dédiée aux pièces des Airbus A380. Mais les éléments à transporter entre Berre et Cadarache seront trois fois plus lourds et volumineux que les plus grosses pièces de l'Airbus. Ce gigantisme a été analysé en amont, au kilo et au centimètre près : après inventaire des 36 ponts concernés par l'itinéraire, il a été décidé d'en remplacer 20 et d'en renforcer 10.
Car les pièces les plus grosses du réacteur Iter, avec leur emballage, pèseront jusqu'à 600 tonnes et pourront faire jusqu'à 11 mètres de hauteur. Elles seront installées sur des plateformes autopropulsées et téléguidées, pensant elles-mêmes 300tonnes. Constituées uniquement de roues, elles avanceront à la vitesse d'un homme au pas soit à 5 km/h ! Pas moins de 52 essieux permettront de diviser le poids et de répartir la charge et, sur certains passages, les convois ne devront pas s'écarter de plus de 25 centimètres de la trajectoire théorique. Au moins deux tests seront effectués en 2011 (en charge, puis en gabarit) avant un ultime test logistique, sans doute début 2012, afin d'être au plus près des conditions réelles.
Après, ce sera au tour des composants eux-mêmes d'emprunter cet itinéraire hors normes, sachant que les convois les plus lents mettront trois jours pour relier Berre à Cadarache. Ils circuleront essentiellement la nuit et pourront s'arrêter sur des aires de stationnement disposées de façon régulière le long de l'itinéraire. Une lente procession qui sera sans doute très spectaculaire et qui, en outre, permettra à tout un chacun de prendre conscience du gigantisme de ce projet. Et ce, sans le moindre risque puisque ces morceaux de réacteur sont inertes et, donc, non dangereux.
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200 convois très exceptionnels
Acheminés par navire de haute mer jusqu'à Fos, environ 200 grands composants seront transportés par barge jusqu'à Berre, puis convoyés jusqu'au site de Cadarache. Les 33 convois les plus imposants sont : 9 éléments de 544 tonnes constituant la chambre à vide (8,50 mètres de large, 14,10 mètres de long, 7,45 m de haut). 19 bobines supraconductrices pesant chacune 530 tonnes (8,50 m de large, 17,30 m de long et 9,10 m de haut). Une bobine supraconductrice pesant 306 tonnes (8,50 m de large, 10 m de long et 8,40 m de haut). 4 poutres de pont roulant de 190 tonnes (4,50 m de large, environ 47 m de long et 2 m de haut).
Ces convois emprunteront de nuit les 106 km de l'itinéraire. Les plus lents se déplaceront à 5km/h (la vitesse d'un homme au pas) et les plus rapides ne dépasseront pas les 30 km/h. Après 20 marchés d'études et 16 marchés publics de travaux, les chantiers de l'itinéraire ITER ont été réalisés par 8 groupes de BTP français, 30 entreprises locales et régionales et 70 sous-traitants. 400 salariés du BTP, en période pointe ont travaillé sur l'itinéraire, ce qui représente 300 000 heures de travail, dont plus de 7% ont été effectuées par des personnes en insertion : jeunes de moins de 26 ans, bénéficiaires du RMI ou travailleurs handicapés.
Le calendrier : après deux tests en 2011 (masse, puis gabarit), un ultime test sera effectué "grandeur nature" en 2012, avant le passage des 200convois, entre 2012 et 2017. C'est également au début de l'année 2011 (sans doute en février) que l'organisation internationale annoncera le nom du transporteur unique (terre et mer).
Plus d'informations, aujourd'hui, dans La Provence (Aix).
Damien FROSSARD (dfrossard@laprovence-presse.fr)
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