Le Monde a écrit:En été, les autoroutes wallonnes fondent aux premiers soleils
LE MONDE | 15.07.09 |
BRUXELLES CORRESPONDANT
La situation d'un pays se mesure-t-elle à l'état de son réseau routier ? Si tel est le cas, la Belgique est dans de sales draps. Dans le Sud, certes plus habitué à la pluie et à la brume qu'aux fortes chaleurs, les autoroutes fondent dès que le thermomètre frôle 30 degrés. Et cela a été le cas à la fin du mois de juin. L'autoroute E 42, dite "de Wallonie", qui court de la frontière française jusqu'à l'Allemagne, via les villes de Mons, Charleroi, Namur et Liège, a dû fermer. Une partie de son revêtement avait fondu sous le soleil, immobilisant des automobilistes qui ont eu le sentiment de rouler "sur du chewing-gum".
Quinze jours plus tard, cet axe européen essentiel, par lequel transitent quotidiennement quelque 50 000 véhicules n'est pas totalement rétabli. Il est certes rouvert au trafic mais, sur une quinzaine de kilomètres, on y circule encore sur une seule voie, à 50 km/h au maximum. Les ingénieurs de la région wallonne ont réévalué la durée des travaux, passée de "quelques jours" à "quelques semaines". Et, à contempler la situation sur place, on se dit que c'est plutôt la date du démarrage des travaux qui n'a pas encore été fixée...
Que se passe-t-il donc sur cet axe construit il y a trente-cinq ans ? "On a peut-être un peu négligé les travaux et l'entretien", confesse un expert. Un euphémisme. Car sur l'essentiel de son trajet, l'E 42 se caractérisait, bien avant l'été, par son bitume usé, ses crevasses et sa signalisation défaillante. Les associations de motards et d'automobilistes sont fatiguées de dénoncer l'état des routes wallonnes. Les conducteurs étrangers raillent souvent des autoroutes qui n'ont qu'un seul mérite à leurs yeux, celui d'être totalement gratuites.
SOLUTION D'AVENIR ?
Un peu gênés, les ingénieurs ne manquent pas de mots pour expliquer le drôle de phénomène de fonte, d'autant plus inattendu que le climat wallon ne ressemble ni à celui de la Sierra Nevada en été, ni à celui de la Sibérie en hiver. Aussi laissent-elles un peu sceptiques. Les analyses techniques évoquent la dilution du béton sous l'effet présumé de l'infiltration des eaux et des sels de déneigement. Quant au mélange utilisé pour boucher et reboucher les trous, il se serait, paraît-il, liquéfié sous l'effet des premières chaleurs, mais la cause réelle de ce phénomène reste à trouver.
Les fonctionnaires régionaux, prudents, n'oseraient pas, en tout cas, évoquer publiquement l'incapacité des décideurs politiques à assurer aux usagers un réseau un peu plus sûr. Mais, en définitive, les responsables wallons ne seraient-ils pas en train d'innover ? Résoudre concomitamment les problèmes de l'état du réseau et de la sécurité en limitant la vitesse sur autoroute à 50 km/h est peut-être une solution d'avenir.