Et oui, le fret SNCF se casse la gueule
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http://www.leprogres.fr/fr/article/4519049/Balbigny-un-train-de-530-metres-percute-un-convoi-exceptionnel.htmlBalbigny : un train de 530 mètres percute un convoi exceptionnel
publié le 26.01.2011 02h01
Hier, un train de marchandises est entré en collision avec un convoi routier, coincé à un passage à niveau, à l’entrée de Balbigny. Une des locomotives a déraillé. Le conducteur a été sauvé grâce à son sang-froid
Une locomotive dans le pré, des poutrelles de métal d’une dizaine de mètres et d’une cinquantaine de tonnes éparpillées, une remorque d’une rare longueur étalée au fossé, un convoi de trente et un wagons stoppé : le spectacle était étonnant hier matin, à l’entrée de Balbigny, sur le passage à niveau de la ligne Saint-Etienne/Roanne.
On ne déplorait pourtant et heureusement qu’un blessé léger : le conducteur de la motrice ! Son sang-froid et son expérience l’ont assurément sauvé. Il a vu arriver la collision avec un poids lourd et sa remorque coincés sur la voie. Il s’est baissé, s’est tapi au sol pour se protéger.
Il a même pu, ensuite, répondre aux questions des enquêteurs avant d’être pris en charge par les secours. Quant au chauffeur du camion, il avait sauté de sa cabine à temps.
Les trois impressionnantes poutrelles étaient destinées à l’un des ponts sur le chantier de l’A89 qui va relier Balbigny à Lyon. Elles étaient convoyées par la société Stex, installée près d’Orléans, dans le Loiret, spécialisée dans le transport exceptionnel, notamment de grandes longueurs.
Les convoyeurs connaissent le chemin. Il leur est indiqué par la Direction des Routes pour éviter le centre de Balbigny et des intersections trop étroites. Ils savent aussi que ce passage à niveau est en même temps un passage critique, avec son dos-d’âne prononcé. Mais, hier, ils n’utilisaient pas la même remorque.
L’ensemble routier allait littéralement se poser sur la voie, et son système hydraulique n’allait pas permettre de le rehausser suffisamment.
Le camion était suivi par un autre véhicule de la société STEX. Son conducteur allait comprendre que la situation était très dangereuse, et il remontait les rails pour signaler le problème au train de fret qui arrivait.
Le conducteur du train allait réduire la vitesse, mais l’on n’arrête pas comme cela trois locomotives et un demi-kilomètre de wagons (531 mètres de convoi exactement). Ils transportaient 1 200 tonnes de bouteilles vides, depuis Ambérieu, pour aller les remplir d’eau de Volvic à Clermont-Ferrand.
Dans le choc, la première motrice s’est retournée sur la seconde, qui s’est éventrée, et dont l’avant s’immobilisait sur le ballast. Cette deuxième locomotive perdait son gasoil et les pompiers mobilisaient la cellule de dépollution, ainsi que le fourgon des risques technologiques. Une trentaine d’hommes de pratiquement toute la Loire étaient appelés sous les ordres du commandant Benoît Rouchon. Le colonel Marescal, commandant les gendarmes de la Loire, était aussi sur les lieux avec de nombreux militaires.
La SNCF fermait évidemment la ligne Saint-Etienne/ Roanne, et organisait le transport des voyageurs par la route.
Jean-Yves Moulin
« Le conducteur du train est sorti par une vitre »
Principal témoin de l’accident, l’employé de la société de transports STEX, qui suivait le camion dans une voiture, a été impressionné par le sang-froid du conducteur du train, un Clermontois âgé d’une quarantaine d’années : « Il nous a fait signe que ça irait depuis sa locomotive, et, après le choc, il est ressorti par une vitre en nous disant que c’était bon. C’est lui qui nous rassurait ».
L’homme revient sur les circonstances de la collision : « On a l’habitude de passer là. Mais ce matin, on avait une autre remorque, un autre système d’attelage.
L’ensemble s’est posé sur les rails. Le chauffeur du convoi a actionné le système hydraulique pour surélever le plateau, mais ce n’était pas suffisant.
Comme ça durait, j’ai décidé de remonter le long de la voie pour faire des signes. Quand le train est arrivé, j’ai pu faire comprendre au conducteur qu’il y avait du danger ».
Cette intervention a sûrement limité les dégâts et peut-être évité que le conducteur du convoi de fret ne soit plus gravement touché.
Les deux convoyeurs de la société basée à Orléans n’ont pas voulu avoir de soins, hier matin.
Les secours espéraient simplement que s’ils n’étaient pas blessés physiquement, ils n’allaient pas ensuite connaître ce que l’on nomme le contrecoup, qui est plus du domaine psychologique que physique.
J.-Y. M.