Alexandre a écrit:Pourtant ASF étit candidat pour la concession de l'A65. C'est que la société y trouvait un intérêt...
Sauf que la concession envisagée initialement englobait, elle, la subvention d'équilibre et que dans la solution A'lienor elle a disparu.
Sur ce point j'ai une théorie qui vaut ce qu'elle vaut :
Comment fonctionne une société d'autoroute privée (schématiquement):
- j'emprunte sur 40+ ans pour financer les travaux (80% d'emprunt pour A65, 20% de fonds propres)
- pendant 40+ ans, la concession me garantit des recettes de péage que j'estime supérieures au remboursement des intérêts additionnés des coûts d'entretien du réseau. Cela me permet de faire tourner une activité et de dégager du bénéfice si le produit trafic*tarif du péage tient la route.
Dans le cas de l'A65 : lors de l'appel d'offres l'étude réalisée par la DRE (forcément optimiste car elle travaille sur commande du pouvoir politique qui veut le projet) conclut que le trafic ne permettra pas d'assurer la rentabilité de ce projet, et préconise une subvention d'équilibre de 50%, soit 500 M€ à la charge de l'Etat et des collectivités locales.
Avec cette subvention, la rentabilité du concessionnaire étant assurée, il y a forcément des candidats (ASF, Eiffage+Sanef, ...).
Le problème c'est la clé de répartition du financement public : un projet pas nécessairement indispensable, les caisses publiques peu enclines à s'ouvrir, bref personne ne veut financer donc le projet risque de capoter.
Et là arrive A'lienor (Eiffage+Sanef) qui propose subitement un contrat de concession sans AUCUNE subvention (alors que la DRE tablait sur 50%): d'un coup de baguette magique le projet va être rentable simplement via les recettes de péage !!!
Mais pour cela bien évidemment il faut que le trafic augmente dans des proportions bien supérieures aux études de la DRE.
On peut alors se demander pourquoi A'lienor prend un tel risque.
Et bien il suffit de considérer que dans ce projet, Eiffage, actionnaire à 65% d'A'lienor, s'est réservé pour ses différentes filiales 70% des travaux, soit un chiffre d'affaire de 600 M€ assuré pour le groupe si le projet se réalise, quoi qu'il advienne (les 30% restants seront obligatoirement sous-traités aux entreprises locales).
Si le trafic suit les estimations très optimistes du concessionnaire, la concession sera une réussite, et si le trafic n'est pas là , certes le concessionnaire devra activer la clause de déchéance, fermer boutique et céder ses actifs à l'Etat, mais son principal actionnaire aura tout de même fait travailler ses filiales pour 600 M€...
Quant aux banques qui pourraient se montrer regardantes face à la rentabilité précaire du projet, les collectivités sont là pour garantir la déchéance du concessionnaire et racheter l'ensemble (via la clause de déchéance).
Tout le monde est donc gagnant : les banques qui prêtent sans grand risque, le concessionnaire qui garanti un chiffre d'affaire à son actionnaire, et les collectivités publiques qui réalisent un projet sans bourse délier.
Sauf qu'en cas de déchéance, les dites collectivités publiques seront CONTRAINTES de débourser 1 MM€ d'euros alors qu'on avait juré au bon peuple que ce projet ne lui coûterait pas un sou..