Une polémique bien prévisible :
Laurie Bosdecher de SUD OUEST a écrit:Bordeaux : où va le pont Bacalan-Bastide ?
Rive gauche, des aménagements sont prévus pour absorber le trafic.
Rive droite, les débouchés restent flous
La mise en service du pont Bacalan Bastide est prévue fin 2012. Côté rive gauche, le trafic arrivera par la rue Lucien-Faure, voie à deux fois deux voies qui va être réaménagée (lire encadré).
Côté rive droite, « c'est le mystère », tempête Fabienne Vassel, présidente de la fédération d'associations Cap Bastide. Elle préfère ironiser, mais dit que la colère et l'inquiétude sont bien réelles parmi les habitants du quartier de la Bastide. Ils ne savent toujours rien sur les aménagements routiers et le plan de circulation prévu pour accueillir l'augmentation de la circulation sur la rive droite. « C'est inadmissible ! Comment peut-on construire un pont sans penser aux débouchés ? » poursuit-elle (lire ci-contre).
Muriel Parcelier, adjointe au maire de Bordeaux en charge du quartier n'est pas aussi radicale, mais elle aussi est inquiète. « Il faut vraiment qu'on avance sur le dossier maintenant », dit-elle. Une demande formulée vendredi dernier par le maire Alain Juppé au conseil de la Communauté urbaine (CUB) qui pilote à la fois les travaux du pont et de voirie. « J'agite la sonnette d'alarme, car pour le moment, on ne sait rien. Un carrefour à feu, cela ne conviendrait à personne.
Réponse du président Vincent Feltesse : « Il faut finaliser la question […] C'est un pont urbain, on ne bouleversera pas le plan des déplacements dans le secteur de la rive droite. »
Pas question donc de créer une nouvelle route pour rejoindre directement les boulevards de la rive, André-Ricard et Joliot-Curie. Aujourd'hui, il est prévu que le pont débouche sur un carrefour en forme de T. Les véhicules circuleront sur les voies existantes. À gauche sur la rue Charles-Chaigneau, à droite sur le quai de Brazza. « Ces deux axes de circulation seront élargis pour accueillir un site propre pour les transports en commun. La circulation des véhicules se fera, elle, sur deux fois une voie », annonce la CUB.
Ces aménagements ont deux objectifs. Le premier : assurer une fluidité de circulation pour les bus qui rouleront déjà en site propre sur le pont levant et la rue Lucien-Faure. Le second : limiter le flux automobile sur le pont urbain. Mais à ce jour, rien n'a été entériné, voté ou financé à la CUB.
Qui dit élargissement dit empiétement sur une partie des terrains des entreprises qui bordent les futurs débouchés du pont. « Ces sociétés sont dans l'incertitude et vivent une situation compliquée pour leur développement futur », relève Muriel Parcelier.
Surtout, ce plan de circulation ne colle pas vraiment avec les souhaits de la municipalité bordelaise. Elle voudrait éviter que le quai de Brazza puis le quai de Queyries vers le pont de pierre ne deviennent un aspirateur à voitures. Cet axe, le long de la Garonne, est une respiration verte avec le parc aux Angéliques, le Jardin botanique et bientôt l'écoquartier Bastide-Niel.
Un T ou trois branches ?
L'adjointe de quartier voit plutôt les débouchés en trois branches : rue Charles-Chaigneau, quai de Brazza mais aussi une bretelle en direction de la voie ferrée, puis le parc relais Galin (avenue Thiers). Une rue permet aujourd'hui de faire cette jonction : la rue Lajaunie, voie pavée en piteux état, traversant la zone industrielle.
La CUB, elle, n'envisage pas pour l'heure cette bretelle. « On reste sur l'arrivée en T. Les autres voies restent à définir. Elles reposent sur un travail tripartite entre la mairie de Bordeaux, la CUB et le projet urbain sur le quartier élaboré par Djamel Klouche. »
Les villes voisines attendent elles aussi avec impatience le plan des futurs aménagements. Lormont avec son projet des Cascades de Garonne compte sur une bonne irrigation du trafic. Cenon craint la thrombose dans le bas de son territoire. Celui qui descendra par exemple la côte des Quatre Pavillons pour aller à Bordeaux Nord bifurquera forcément par les petites rues des quartiers du bas Cenon pour rejoindre le pont si la circulation est bouchée par le boulevard André-Ricard et la rue CharlesChaigneau. Floirac est aussi attentive au dossier. Avec la construction du franchissement Jean-Jacques-Bosc, la boucle des boulevards sera bouclée.
« On espère que d'ici la fin de l'année, on aura un engagement ferme de la CUB sur les tracés exacts et les financements », relève Muriel Parcelier. Le temps commence à presser. Dans deux ans maintenant, le pont sera mis en service. Et il faut quand même un peu de temps pour acter puis lancer des travaux.
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Le trafic sera fluide rue Lucien-Faure
La décision date de vendredi dernier. Les conseillers communautaires ont entériné le projet de réaménagement de la rue Lucien Faure, de la place Latule à l'embouchure du pont, au niveau de Cap Sciences, rive gauche. L'axe de circulation va conserver ses deux fois deux voies mais deux autres y verront le jour. Elles seront réservées aux transports en commun. Un emplacement pour un futur tramway qui franchirait la Garonne par le pont ? Pas certain. « Sortons du tout tramway », a suggéré le président de la CUB Vincent Feltesse lors de la discussion sur le dossier vendredi.
Le Vert bordelais Pierre Hurmic aurait aimé que des voies de circulation pour les voitures soient supprimées. Vincent Feltesse et Alain Juppé y sont tous les deux opposés. « Il faut arrêter cette folie absurde de vouloir supprimer la voiture individuelle », a lancé le maire de Bordeaux. Le président de la CUB ne dit pas autre chose. Sur la rive gauche, au moins, ils s'accordent sur les débouchés du pont.
Des pistes cyclables seront également aménagées rue Lucien-Faure.
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Ils craignent l'asphyxie du quartier
Ils étaient déjà dans le front associatif contre le pont levant. Aujourd'hui, la nouvelle bataille de Cap Bastide, Préservons Thiers-Galin et l'Association de défense du quartier de Queyries s'est déplacée sur la terre ferme. Leurs représentants réclament d'urgence le futur plan d'aménagement de la circulation à la Bastide.
« On ne veut pas que des centaines de voitures envahissent les rues du quartier. Avec leur lot de nuisances sonores, de pollution et d'insécurité routière », dit Françoise Frémy.
50 000 véhicules par jour ?
Quel flux de circulation est attendu sur le pont ? Selon les estimations établies par la CUB, 3 700 véhicules sont attendus aux heures de pointe dans les deux sens. « On aura 50 000 voitures par jour sur ce franchissement », s'inquiètent les riverains.
Vent debout, ils font circuler depuis quelques jours une pétition dans le quartier. « On réclame des débouchés sécurisés avec une vitesse limitée à 30 km/h et un péage urbain dans le quartier pour les non-Bastidiens », réclament-ils. Demande maximale avec l'espoir d'être au moins entendu. Eux ne voudraient aucun trafic de poids lourds sur le pont. « Seuls ceux pour la desserte locale devraient y être autorisés. » Bacalan-Bastide est un pont urbain, insiste Muriel Parcelier. On va tout faire pour dissuader les camions. Ce n'est pas une voie de transit. »
Aussi, les entreprises installées dans la zone industrielle de Brazza et ayant besoin de gros services de logistique ont été rencontrées. Celles où les ballets de poids lourds se font par dizaines par jour seront certainement invitées à se délocaliser ailleurs. Mais là, non plus, rien d'acter à ce jour. La patience est un plat qui se mange froid sur ce côté de la rive droite, dont l'avenir est aussi à un autre projet. Dans la future décennie, le quartier sera remodelé, pour accueillir de nouveaux habitants tout en préservant une partie de son industrie. Un projet sur lequel planche l'architecte Djamel Klouche.
Pas de carrefours à feux aux débouchés du pont BA-BA
Ils ne vont pas quand même nous planter deux giratoires
GE, au secours