SudOuest a écrit:Parce qu'elle le vaut bien
Dans un mois, jour pour jour, l'écotaxe remplacera le remboursement au péage de Ré. Tout le monde semble d'accord sur le principe. Mais les élus de Rivedoux contestent les tarifs
Il y a vingt-cinq ans que l'on a posé la première pierre de cet ouvrage, qui suscita tant de débats et qui aura coûté environ 150 millions d'euros. Une somme qui sera entièrement remboursée dans un mois, jour pour jour, grâce au péage.
Néanmoins, ce n'est plus un secret pour personne, il faudra continuer à payer pour entrer dans l'île de Ré en 2012. Du moins pour les non-Rétais.
Car une écotaxe a été instituée, de façon à donner aux insulaires les moyens de défendre leur environnement face à l'afflux massif et sans cesse croissant de visiteurs : 3,2 millions de véhicules ont franchi le pont en 2010. La courbe de fréquentation de l'île n'a jamais cessé de progresser depuis l'ouverture du viaduc, le 19 mai 1988.
12 millions d'euros par an
Cette île si fragile et que Léon Gendre, maire de La Flotte, craignait de voir « assassinée » par le pont dans les années 80, aurait pu être à la merci d'une entrée encore plus massive si, comme cela s'est fait pour l'île d'Oléron, on avait purement et simplement retiré les péages sitôt la dernière mensualité versée. Cette fameuse écotaxe, baptisée Cap Ré (1), sera donc plus précisément consacrée à la gestion et la restauration des milieux naturels, les aménagements de mise en valeur d'espaces remarquables, la mise en place de transports à énergie propre et d'écogardes pour surveiller les sites fragiles et la réalisation d'études liées à l'environnement.
Sur les 12 millions d'euros que devrait rapporter chaque année ce péage vert, la moitié sera entièrement consacrée à ces missions, l'autre moitié restant réservée à l'entretien de l'ouvrage et de son péage.
Tarifs en légère baisse
Par rapport au remboursement des mensualités qui a cours jusqu'au 31 décembre, les tarifs ont été revus un peu à la baisse. Un tout petit peu pour le paiement au passage (lire ci-dessous), qui était jusqu'alors de 9 et 16,50 € en fonction de la saison, mais de façon plus conséquente pour les abonnements (baisse de 39 %).
De quoi obtenir le consensus entre insulaires et continentaux ? Pas forcément. Parce qu'à Rivedoux, première commune traversée par les automobilistes, si on est d'accord sur le principe de l'écotaxe, on est vent debout contre les tarifs adoptés. Le Conseil municipal a même voté une délibération pour s'y opposer.
« On constate, en découvrant les barèmes de tarification adoptés, que rien ne va changer pour nous. Au contraire, les choses risquent de s'aggraver. Rien n'est fait pour encourager les transports en commun en facilitant, par exemple, le passage des autocars et rien n'est fait pour dissuader les voitures individuelles d'emprunter le pont. Nous sommes complètement martyrisés par la circulation. Les deux axes de l'île partent de Rivedoux, sur des voies qui sont de la compétence du Conseil général. Et le Département ne fait rien pour arranger les choses. Les embouteillages légendaires du dimanche soir, au rond-point de Rivedoux, s'étendent maintenant sur une grande partie de l'année. Mais qui s'en soucie ? », tempête Patrice Raffarin, maire de Rivedoux et candidat malheureux à la dernière élection cantonale.
Rivedoux, « paillasson » de l'île, comme l'a baptisé son maire, veut respirer. « Si je n'arrive pas à me faire entendre, je n'exclus pas des manifestations de mécontentement. Ce n'est pas un ultimatum, mais ce n'est pas compliqué de bloquer la route à Sablanceaux », poursuit Patrice Raffarin, s'appuyant sans le dire sur la jurisprudence de la rue d'Aligre, à Marans.
Et Oléron ?
Bref, malgré la belle idée de l'écotaxe, tout n'est pas au mieux dans le meilleur des mondes possibles. Les insulaires vont tout de même gagner 6 millions d'euros par an dans l'aventure. De quoi faire des jaloux dans l'île d'Oléron ?
« La mise en place d'une écotaxe ne peut se faire qu'à la demande des élus du territoire concerné. Jusqu'alors, les élus d'Oléron n'en ont pas fait la demande », commente, sourire en coin, Jean-Paul Peyry, vice-président du Conseil général et lui-même élu d'Oléron.
À chaque île sa logique.
(1) « CAP » pour Contribution à la protection de l'île de Ré.
Avantage aux abonnés
Par passage
Gratuit pour les insulaires, 2 € toute l'année pour les résidents secondaires, 8 € en basse saison et 16 € en haute saison pour les véhicules de classe 1 (véhicules légers avec ou sans remorques), 8 et 16 € pour les véhicules de classe 2 (véhicules intermédiaires entre 2 et 3 mètres de haut et moins de 3,5 t), 18 € (haute et basse saison) pour les véhicules de classe 3 (poids lourds et autocars à deux essieux), 40 € (haute et basse saison) pour les véhicules de classe 4 (poids lourds et autocars à plus de deux essieux), 3 € (haute et basse saison) pour les véhicules de classe 5 (motos, side-cars, quads, etc.).
Le passage est par ailleurs gratuit pour les vélos et cyclomoteurs de moins de 50 cc.
par abonnement
550 € pour la carte d'abonnement annuelle avec passages illimités, ce qui représente une baisse de 39 % par rapport aux tarifs précédents.
De 50 à 350 € pour une carte rechargeable par tranches de 50 €. Les cartes sont renouvelables par rechargement (carte bancaire, chèque, etc.) pendant trois ans. Elles sont en vente dès aujourd'hui au péage du pont de Ré.