Et le resultat de cette réunion :
SudOuest a écrit:Petits accès pour un grand pont
Le débouché du pont Bacalan-Bastide se fera sans voie nouvelle, sur une voirie de quartier.
Le futur pont Bacalan-Bastide, à moitié construit, est-il déjà une erreur du passé ? La question peut être posée après la réunion qui a eu lieu hier à la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB). Consacrée aux accès au pont sur la rive droite, à La Bastide, elle a confirmé le caractère urbain de l'ouvrage. Les accès seront réduits (une voie par sens pour les voitures), passant par des rues de quartier, alors que l'ouvrage avait été conçu à l'origine comme l'alter ego du pont d'Aquitaine, dont il avait capacité à prendre une partie du trafic.
Tout cela est remisé aux oubliettes. Hier, les élus ont confirmé l'option déjà prise par la CUB d'une desserte de la rive droite par des voies existantes et à petit gabarit. Seuls les transports en commun bénéficieront, à long terme, d'une voie pénétrant dans l'axe du pont, permettant de gagner directement l'avenue Thiers. Une pénétrante qui ne sera pas ouverte aux voitures. En clair, les automobilistes venus de la rive gauche tomberont à la sortie du pont sur un rond-point à deux branches seulement, une à droite (vers l'amont), une à gauche (vers l'aval).
Changement d'ère
Pourquoi avoir construit un ouvrage si monumental, large comme le pont d'Aquitaine, si c'est pour qu'il débouche rive droite sur une voirie secondaire ? La réponse est toute simple : entre le début du projet, il y a plus de 10 ans, et sa réalisation, on a changé d'ère. Politiquement, la CUB estime qu'il n'est plus possible d'ouvrir un boulevard dans un quartier existant. « L'époque où on pouvait traverser des quartiers avec de grands axes est terminée. Qu'un élu s'amuse à tracer une voie de gros gabarit sur une carte, il verra la réaction des habitants… », confirme l'UMP Michel Duchène, vice-président de la CUB chargé de l'urbanisme. Même son de cloche chez Alain David, le maire PS de Cenon : « À l'origine, ce pont était fait pour délester le pont d'Aquitaine. Et puis tout d'un coup, on a eu peur d'avoir un aspirateur à voitures, le costume a été retaillé. Personne n'a trop voulu le dire parce que le coup était parti. Bacalan-Bastide devait encaisser 50 000 véhicules par jour, il en accueillera au plus 20 000 ». Les grands projets urbains sont comme les tankers géants : il n'est pas facile de les faire changer de direction. Ne pouvant revoir à la baisse la taille de l'ouvrage, la CUB a opté pour une réduction de sa fonction. Elle a conservé son projet de pont au gabarit autoroutier, mais il sera utilisé comme un pont de centre-ville, en restreignant les voies d'accès côté rive droite.
Doté de 2x2 voies (plus deux voies de transports en commun), le pont débouchera sur une voirie limitée à une seule voie par sens. Et sans pénétrante directe (voir infographie).
« Bricolage »
Cette option n'est pas nouvelle, la CUB l'avait déjà votée il y a quelques mois. Elle a seulement été confirmée hier, lors de la présentation aux élus des contours précis de la desserte sur la rive droite. Toutefois, certains élus ont émis des réserves. Certains ont remis sur la table la question d'une liaison entre le pont et la rocade. Ils se sont attirés des grincements de dents : c'est justement ce dont la CUB ne veut pas. Devant l'étroitesse du réseau sur la rive droite, Jean-Pierre Turon, le maire PS de Bassens, aurait parlé de « bricolage ». Pour lui, « les solutions proposées pour l'accessibilité de la presqu'île d'Ambès ne sont pas à la hauteur des enjeux. Il faut absolument traiter les points durs. Rue Chaigneau, on va se retrouver avec un goulot d'étranglement, qui ne marche déjà pas aujourd'hui. Vous imaginez quand il y aura en plus le trafic du pont, et toutes les lignes de bus qui passeront aussi par là. On ne peut pas repousser ce problème aux calendes grecques. Ce ne sera pas un pont autoroutier, d'accord, mais l'urbanisation ne s'arrête pas aux abords de l'ouvrage. Qu'il n'y ait pas de voie pénétrante conduisant au pont, ce n'est pas si grave si la voirie autour permet une circulation fluide. Cela fait un an et demi que j'attire l'attention sur ce point, je souhaite être entendu ».
« Péché originel »
Selon un élu du groupe Communauté d'avenir (droite, minoritaire), « le pont Bacalan-Bastide est marqué par un péché originel de l'époque Rousset (Alain, l'ancien président PS de la CUB, NDLR) : les accès au pont n'ont jamais été mis à l'étude ». Ironie de l'histoire, c'est de cette impréparation qu'est finalement sortie la solution retenue aujourd'hui : sur la rive droite, on fera avec le réseau local. Selon Pierre Hurmic (EELV), « oui, on se retrouve avec des accès un peu riquiqui, dérisoires, mais on a donné de fausses idées aux gens au départ, en disant qu'il y aurait un trafic de 53 000 véhicules/jour. Le rôle de ce pont a changé en cours de route. On aura un ouvrage incontestablement surdimensionné. Avec des voies d'accès qui ne correspondent pas à son gabarit. De toute façon, dans les villes, le trafic des voitures est destiné à baisser. »
Je me suis permis de souligner l'aspect positif sur les TC en rive droite, par contre, je n'ai pu recuperer l'infographie, mais il est facile d'imaginer cette voie consacrée aux TC qui necessitera surement un ouvrage au dessus des voies ferrées longeant la rue des Queyries