
Un petit article:http://www.letelegramme.com/une/transport-maritime-nantes-aura-deux-autoroutes-de-la-mer-27-02-2009-268396.php
rafi a écrit:A noter que la ligne La Seyne - Rome tenue par Grimaldi à été temporairement suspendue pour cause de crise.
Déjà que ces bateaux ne faisaient pas le plein en temps normal et survivaient grâce à des aides de l'Europe, aujourd'hui ils ont décidé de tout arrêter pour un temps et réfléchir au devenir de la ligne.
Un truc sans rapport, mais quand on voit l'accès à ce port, je me dis que les autorités locales s'en moquent. J'essairai de trouver des photos.
GERARD76930 a écrit:Très heureux qu'il y ait des nouvelles lignes d'autoroutes de la mer. Dont bien sûr celle du Havre...
Je n'ai pas vu à qui elle était attribuée ? Pas à Louis-Dreyfus (LD Lines), pourtant déjà fort actif au Havre et Dieppe...
G.E. a écrit:Le développement de ces autoroutes devrait être la priorité numéro 1 du Grenelle en matière de transports. Imaginez une ligne Barcelone - Gênes : rien de tel pour désengorger l'axe routier Espagne - Italie.
L'autoroute de la mer en service
Sud Ouest du 10/09/10 Par Philippe Baroux
À Montoir, le nouveau terminal de la liaison avec Gijón. Photo dr
Hier à la mi-journée, le « Bridge » accostait pour la première fois dans le port espagnol de Gijón.
La veille au soir, le cargo de GLD Atlantique quittait Montoir, aux portes de Nantes. Avec l'objectif de détourner sur mer une partie du trafic routier de poids lourds.
Désormais, trois fois par semaine, ce roulier de 180 mètres de long traversera le golfe de Gascogne.
Cette première autoroute de la mer de la façade atlantique sera inaugurée le 16 septembre par le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, et le ministre espagnol de Travaux publics et du Transport, José Blanco López.
Les deux États engagent 30 millions d'aide sur sept ans pour ce projet qui bénéficie aussi du soutien de l'Europe, au titre du programme Marco Polo (4 millions).
Quatorze heures de traversée
L'exploitation du service a été confiée à Louis Dreyfus Armateurs et à Grimaldi, réunis au sein de la société GLD Atlantique.
Les lundis et mercredis soir et le samedi à la mi-journée, le « Norman Bridge » partira du port de Nantes-Saint-Nazaire.
Les mardis, jeudis et dimanches, il appareillera d'Espagne.
Ses 2 000 mètres linéaires de garage offrent une capacité d'embarquement de près de 150 ensembles routiers complets (tracteur et remorque). 450 euros le billet, quatorze heures de traversée.
Cette durée est l'une des clés pour favoriser l'adhésion des entreprises de transport au projet.
Le chauffeur peut effectuer en mer sa pause obligatoire, sachant que les routiers sont astreints à onze heures de repos par tranche de vingt-quatre heures de travail. C'est pourquoi le choix s'est porté sur un navire disposant de cabines.
Un élément susceptible de rassurer les transporteurs : dans le cas d'un roulier qui n'embarquerait que des remorques, ils devraient modifier leur chaîne logistique de pré et post-acheminement.
Le directeur général de Louis Dreyfus Lines, Christophe Santoni, met en avant cette souplesse, concédant que trois allers et retours hebdomadaires sont un démarrage prudent. « Notre posture est assez simple : l'amorce d'une telle ligne pourrait se faire avec six bateaux et trois départs par jour.
Mais le ticket d'entrée (225 millions sur sept ans) est tellement élevé que ça n'est pas réaliste.
Une amorce crescendo permettra de tester la pertinence du système.
S'il y a une vraie demande, nous verrons vite le degré d'intérêt. »
C'est une réponse aux critiques que formulait récemment le conseiller général vert de Saint-Nazaire, Gilles Denigot : « Le concept d'autoroute de la mer induit l'idée d'un tapis roulant. Avec seulement trois rotations par semaine, on est bien en deçà. On galvaude le concept ! »
20 millions d'investissement
Côté nantais, de lourds investissements ont été consentis ces deux dernières années pour héberger cette escale.
Une passerelle spécifique adaptée à l'embarquement des poids lourds sur le roulier, y compris les convois exceptionnels, a mobilisé 16 millions.
Investissement auquel s'ajoutent 4 millions pour le terre-plein, la clôture du site et sa surveillance, et 4 autres millions pour la gare de passagers.
Des sommes à confronter aux 47 millions du budget investissement de toute l'année 2009. « Ça n'est pas tout à fait une ligne maritime comme une autre, se réjouit le président du directoire du Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire, Jean-Pierre Chalus.
Ici, on envisage déjà de possibles interconnexions de cette ligne avec la liaison des Antilles, notamment pour le trafic de fruits et de produits réfrigérés, et avec le Maroc.
Une étude est aussi lancée, qui rapprocherait cette Transgascogne de connexions ferroviaires
Le routier de demain devra-t-il avoir le pied marin ? La question, pour saugrenue qu'elle paraisse, a du sens. C'est en tout cas le secret espoir entretenu par les promoteurs de « l'autoroute de la mer », lancée le 16 septembre dernier entre Montoir (Saint-Nazaire) et Gijón, en Espagne. Pour l'instant, c'est une goutte d'eau dans un océan de camions… sur la route.
Direction le terminal, où est amarré le « Norman Bridge ». C'est un fameux « ro-ro » (roll-on, roll-off ) qui accueille les véhicules par des rampes d'accès. Celui-ci a une capacité de 120 semi-remorques. Du long de ses 180 mètres hors tout, avec ses 2 000 mètres linéaires, le navire de la LD Lines a du coffre.
Embarquement immédiat. Le départ est prévu ce vendredi à 23 h 59. Une quarantaine de camions patientent depuis plusieurs heures déjà au pied des grues. Les formalités administratives occupent les routiers qui s'apprêtent à passer la nuit en mer pour une traversée estimée à quatorze heures. Peu après 22 heures, le manège commence. À grands coups de sifflet, une partie des 36 membres de l'équipage (Français, Anglais, Portugais, Polonais, un Estonien et un Lituanien) guident les poids lourds dans l'antre de l'ancien « Blanca del Mar ». La gestuelle est rodée, énergique, presque artistique. Les camions alignés sont fixés au sol avec de lourdes chaînes. On ne sait jamais. Le golfe de Gascogne, en cette période hivernale, peut s'avérer piégeur. On ne sera pas déçus.
Des routiers, pas des marins
Sur la passerelle, alors que la côte s'éclipse dans la nuit, les conversations des habitués de la ligne tournent autour du mauvais temps. Inconsciemment, on redoute les creux de 5 à 6 mètres, qui sont monnaie courante. Il y a un mois, certains ont vu des vagues passer par-dessus le pont supérieur. Les chargements ont été ballottés et quelques camions ont eu la tôle froissée.
« Parti comme c'est parti, le commandant anglais ne va pas mettre les gaz à 20 nœuds. La mer n'est pas terrible, et la sécurité et le confort passent avant la décision commerciale », explique Fernando. Ce Lisboète, marin de père en fils, est commissaire de bord. Cela fait vingt ans qu'il navigue, dont six pour Louis Dreyfus Armateurs, après un long passé de croisiériste sur un paquebot.
Sur le pont 7 du « Norman Bridge », dont les murs sont tapissés de tableaux hippiques « so british », les routiers prennent leurs marques avant d'aller rejoindre leurs couchettes doubles. 210 cabines passagers sont à disposition. Chacun s'installe au prétendu lounge bar. Les cartes et les dominos sont de sortie. Les discussions suivent le rythme du roulis. Mario, routier portugais, arbore fièrement l'écharpe bleu et blanc du FC Porto, mais cache sa joie d'être monté pour la première fois sur ce rafiot.
« On est des routiers, pas des marins. Sur la route, on est tranquilles. L'entreprise nous demande d'embarquer, mais il faut avoir l'estomac solide », dit-il. João, son partenaire de belote, partage son avis. Quand le thème de l'écologie vient sur le tapis, il coupe court : « Tout ceci n'est que politique. Les camions d'aujourd'hui sont à 0,5 g, super-écolos, bien plus que ce bateau », s'emporte-t-il, après une journée commencée à 7 h 20 du matin quelque part en Allemagne.
Sur le pont, pause cigarette et embruns pour les camionneurs espagnols. Carlos Callado, natif d'Oviedo, « Poney » de son nom de guerre, est beaucoup plus réceptif. « C'est mon quatrième voyage, un vers le bas, trois vers le haut. Tu gagnes du temps et, sur le bateau, tu te reposes. J'arrive de la frontière hollandaise, via Paris. Au total, ce sont 2 000 kilomètres au compteur. Par la route, tu pars le mardi et tu n'es pas de retour avant le lundi. Par mer, le samedi, tu es à la maison », se réjouit-il.
Son compère, Javier, transporte une cargaison de fer, d'autres fois ce sont des patates ou des céréales pour animaux. « C'est très intéressant pour le patron de nous faire voyager les week-ends, notamment le dimanche, quand nous ne pouvons pas circuler par la route. Parfois, tu perds quelques heures, mais tu évites les gendarmes. Être tranquille, ça vaut de l'argent. » Sur le « Norman Bridge », on dit se mettre en quatre pour le confort du routier. « Avant, on ne mélangeait pas les passagers avec les camionneurs. Les deux salles de restaurant étaient séparées. Notre philosophie a changé. Il n'y a plus de sectarisme ni d'a priori. Et cela se passe très bien », assure l'intendant, Fernando.
Après une nuit de baston et d'estomac retourné, une visite de la cabine de pilotage nous est proposée. Le commandant anglais et son second fixent l'horizon sans ciller. Le pilote prend les vagues aux trois quarts, « les épaules », comme on dit dans le jargon.
Le maître à bord avoue s'être dérouté au large pour éviter une plus grosse houle près des côtes (des creux de 5 mètres) avec un vent de force 5. Résultat : un retard de cinq heures, soit dix-neuf heures de navigation. Gijón est enfin là. Les routiers sont pressés, voire heureux, de prendre le volant. Partis de nuit de Saint-Nazaire, ils repartent de nuit sur les routes des Asturies. Dimanche, le « Norman Bridge » reprendra la mer, à 16 heures, avec un plein de 90 poids lourds. « Depuis le début, cela marche mieux dans ce sens-là. Nous approchons les 70 % de remplissage. Depuis Saint-Nazaire, c'est du 50 %. Et nous espérons faire beaucoup mieux en sortant de la crise avec plus d'exportations et moins d'achats », assure Adriano Cadrecha, un des responsables du très ambitieux port de Gijón.
100 000 camions espérés par an
L'autoroute de la mer Montoir-Gijón a été inaugurée le 16 septembre dernier. Depuis, elle tourne au rythme de trois allers-retours par semaine (http://www.ldlines.fr). Les premiers chiffres sont estimés « encourageants », puisque le « Norman Bridge » a embarqué 2 000 remorques dans les trois derniers mois de 2010. L'affluence la plus surprenante est venue des passagers classiques. Elle s'élève, dans la même période, à 6 300.
À terme, l'armateur Louis Dreyfus table sur 13 000 poids lourds dans la première année d'exploitation, puis sur 100 000 annuels au bout de cinq ans (de 3 % à 5 % du trafic actuel entre la France et l'Espagne).
Si les objectifs sont atteints, le périple deviendrait quotidien, avec deux bateaux en service ou, tout au moins, un plus grand que l'actuel. Pour un bateau exploité à une vitesse de 22 nœuds durant quatorze heures (durée moyenne de la traversée Saint-Nazaire-Gijón), le point mort économique est situé à 50 % de taux de remplissage, c'est-à-dire la moitié de la capacité annuelle du navire ropax (45 000 camions). Le « Norman Bridge », aujourd'hui en activité, a fait ses preuves sur la ligne Boulogne-Douvres.
Il a été construit par Astilleros Españoles, à Séville en 1999, et bat pavillon britannique. Les tarifs pratiqués se veulent attractifs. Ils sont de 450 euros un aller simple (400 euros si l'aller-retour est prévu). Par la route, les villes de Saint-Nazaire et Gijón sont distantes de 1 000 kilomètres et on estime à 1 euro le kilomètre pour les poids lourds.
L'intérêt de ce transport est bien évidemment d'ordre écologique. « Avec un taux de remplissage de 50 % à 60 %, notre bateau émet moins de CO2 que la totalité des camions transportés », assure Antoine Person, secrétaire général de Louis Dreyfus Armateurs.
La ligne Montoir-Gijón a suscité aussi un rapprochement économique (mais pas seulement) entre les deux villes. C'est ensemble que les deux ports présenteront leur aventure commune aux journées logistiques de Paris et de Barcelone.
J. S.
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