L'Oise est bien décidé à faire entendre sa voix pour défendre le barreau de Roissy
Le Parisien a écrit :
«Il faut créer un rapport de force» : face au Val-d’Oise, l’Oise unie pour le barreau Roissy-Picardie
Le projet entre dans sa phase concrète avec le début de l’enquête publique le 23 février. L’occasion pour les élus du Creillois de mobiliser le département, alors que le voisin francilien demeure hostile à ce chantier.
C'est le vieux serpent de mer du Bassin creillois. Évoqué depuis les années 1980, en phase de préparation depuis une dizaine d'années, le barreau Roissy-Picardie entre enfin dans une phase concrète.
À partir du 23 février et jusqu'au 6 avril se tiendra l'enquête publique de ce projet, estimé à 356 millions d'euros (M€), qui devrait relier en 2025 le sud de l'Oise au pôle aéroportuaire du nord de Paris en moins de trente minutes. Au total, un aménagement de 6,5 km de voies, le fameux barreau manquant, réalisé dans le Val-d'Oise, entre Vémars et Marly-la-Ville.
Mais si près du but, les élus de l'Oise redoutent de voir la fronde se lever chez le voisin francilien, où élus et habitants restent vent debout contre le projet.
« Valérie Pécresse a brutalement refermé la porte »
Le Département avait ainsi rendu un avis défavorable dès janvier 2020. « Ce projet n'apporte aucune réponse aux enjeux de mobilité du département mais des conséquences négatives notables, soutient Marie-Christine Cavecchi, présidente (LR) du Val-d'Oise. Ces travaux vont impacter au quotidien le déplacement des Val-doisiens sur les lignes B et D qui, elles, pâtissent déjà de sous-investissements depuis des dizaines d'années. »
Plus largement, les rapports avec l'Ile-de-France sont depuis longtemps houleux sur le sujet. « L'ancien président, Jean-Paul Huchon, était plus ouvert, mais Valérie Pécresse a brutalement refermé la porte, retrace le maire (PS) de Creil et président de l'agglomération creilloise, Jean-Claude Villemain. Pourtant, dans les Hauts-de-France, nous avons su passer outre l'intérêt régional en trouvant l'argent pour le financement de la passerelle de Survilliers (Val-d'Oise), qui permettra aux habitants d'emprunter cette future ligne. »
Des « actions coups de poing » pour se faire entendre
Les permanences de l'enquêteur public se tenant en grande partie en Ile-de-France (seulement trois villes dans l'Oise), l'édile ne voudrait pas voir le résultat tourner en défaveur de son département. « C'est bien normal car la grande majorité des travaux s'y déroulent, mais il nous faut faciliter l'accès de nos habitants à cette consultation », insiste-t-il.
Mobilisation des habitants, des élus et des acteurs économiques, des syndicats ouvriers et patronaux… L'Oise entend bien peser de tout son poids dans la dernière ligne droite. L'agglomération creilloise s'apprête à mener des « actions coup de poing » d'ici à la fin de l'enquête publique ainsi qu'une campagne de communication musclée. « Il faut créer un rapport de force », insiste Jean-Claude Villemain.
« Ce projet que nous soutenons depuis tant d'années est aujourd'hui à la croisée des chemins. Alors mobilisons-nous clairement, fortement et collectivement », appuie Éric Woerth, le député (LR) de l'Oise.
Si l'hypothèse de voir le barreau tomber à l'eau semble très mince, un avis négatif (ou avec certaines réserves) de l'enquêteur public pourrait retarder un chantier qui s'est déjà trop fait attendre.
« 8 000 habitants du Creillois qui se rendent chaque jour à Roissy »
« Peut-être que cette mobilisation ne servira à rien, que les habitants du Val-d'Oise ont compris l'intérêt pour eux de cette ligne, mais je n'ai reçu aucun appel des élus de ce département » ironise le maire de Creil.
À quelques jours du lancement de l'enquête publique, le fervent partisan reste cependant optimiste : « Réseau ferré de France a bien ficelé le dossier et des études techniques ont débuté en parallèle afin de gagner du temps. Ce qui montre que la SNCF reste confiante. »
Un revers dans ce chantier tant attendu serait en tout cas un véritable coup dur pour le Creillois. « Cela serait au détriment du développement économique de notre territoire, prévient Jean-Claude Villemain. Mais il y a aussi une question environnementale avec la réduction des émissions de CO2. Ce sont 8 000 habitants du Creillois qui se rendent chaque jour à Roissy. En étant optimiste et en comptant quatre personnes par voiture, c'est déjà 2 000 véhicules. Et ce sans compter le reste du département. »
Le voisin francilien, lui, n'entend pas céder trop facilement. « Au cas où la décision serait maintenue, le Département demande de prendre en compte dans ce projet la totalité du financement de la passerelle en gare de Survilliers-Fosses et l'arrêt en gare des TER Picardie Paris », insiste Marie-Christine Cavecchi.
Le Parisien