Le rapport publié hier s'inscrit hélas dans une vision hélas assez connue de la politique des transports. Il y a certes des points sympa comme pour le vélo mais dans le fond, on reprend les vieilles recettes : idéologie anti-voitures, coupes budgétaires, taxes... La couleur du Ministre de l’Écologie préparait au pire et on l'a bien eu. Quant à la Ministre des transports, elle a fait le tour de France de l'abandon des projets, laissant des territoires à leurs problèmes. A noter que cette commission qui comprend les mêmes membres qu'il y a 5, 10 ou 15 ans est bien aux ordres d'un gouvernement à l'autre, quitte à avaler toutes les couleuvres successives.
La politique de "transports du quotidien" affichée vise en réalité à masquer de nouvelles coupes budgétaires. Que l'on abandonne des projets délirants comme une grande partie du Lyon-Turin ou certaines LGV héritées du Grenelle, soit. Ce n'était pas réaliste dès le départ mais les problèmes cruciaux de desserte de Fos, du sillon lorrain, de Saint-Étienne, de contournement de Lille, du quart-Nord-Ouest parisien, etc. n'héritent pas de réponse correcte aux attentes. Tout est cédé à l'inaction et donc aux opposants de tous ordres.
Si on résume à grands traits ce que dit réellement le rapport :
- Les grands projets routiers sur fonds publics ont été liquidés (A56, LEO...), sauf la RCEA non concédée.
- Tout ce qui prêtait à controverse d'une manière ou d'une autre et qui respirait encore a été liquidé : A45, contournement de Lyon, contournement de Lille, etc.
- Il subsiste de rares projets d'autoroutes concédées avec une volonté d'action molle : Toulouse-Castres, A154+Rouen, A54-Arles, A31-Bis, A63-Sud de Bordeaux, RCEA-Allier.
- L'essentiel de la politique routière est désormais concentrée dans les CPER dont les moyens ont été fort rabotés et qui reposent largement sur les régions. A moyens constants, ces CPER vont en outre devoir récupérer les restes de projets liquidés comme la LEO, la RN19 (ex-A319), la RN569 (ex-A56).
- Les grands projets de LGV sont retardés ou abandonnés (l'expérience montre que tout ce qui est à horizon indéterminé devrait être liquidé à son tour dans le prochain rapport en 2023). Les phasages comme Montpellier-Béziers étaient déjà dans l'air mais dans le discours, on sent que la LGV va s'arrêter longtemps à Montpellier pour ne prendre que cet exemple.
- Les grands projets sur lignes classiques (électrification) sont aussi abandonnés, les rénovations de voies passant définitivement dans les CPER. De nouvelles lignes vont donc fermer.
- Il reste malgré tout quelques projets de désaturation des nœuds ferroviaires, mais sans financement garanti ou à horizon trop lointain (20 ans !) alors que les besoins sont immédiats. Le monde va vite et en France, les projets urgents s'engluent.
Budgétairement parlant, personne ne peut être contre un assainissement des comptes publics et notamment du système ferroviaire tellement mal géré. Cependant, l'effort porte ici trop sur l'investissement alors que le pays en a besoin. Le système de transport se dégrade lentement et sûrement... Pendant ce temps, le budget 2018 (en général) laisse toujours une énorme part aux dépenses de fonctionnement qui n'ont pas le même effet de levier.
Ce matin, les réactions sont molles ou convenues. Le nouveau bond en arrière vécu hier est passé comme une lettre à la poste, une fois de plus. Le gouvernement est chanceux et/ou habile alors qu'il a fini d'achever ce qu'il restait de politique des transports dans ce pays en supprimant une flopée de projets (NDDL, A45), en contraignant fortement le système (réduction générale des vitesses, taxations diverses), sans apporter de réelles solutions (accélération des procédures, financement pérenne). Chapeau !