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Liaison Lyon-Turin: où en est le chantier du tunnel ferroviaire?
04/02/2019 à 13h07 Mis à jour le 04/02/2019 à 13h35
À Saint-Martin-La-Porte en Savoie, côté français, plus de 64% des 9 km de la galerie de reconnaissance dans l’axe et le diamètre du tunnel de base franco-italien, ont été creusés.
À Saint-Martin-La-Porte en Savoie, côté français, plus de 64% des 9 km de la galerie de reconnaissance dans l’axe et le diamètre du tunnel de base franco-italien, ont été creusés. - Société Telt (Tunnel Euralpin Lyon Turin)
Contesté par le mouvement 5 étoiles italien au pouvoir, le tunnel ferroviaire continue d'être creusé sous les Alpes. La France presse l'Italie de sortir le projet de l'impasse politique. L'Europe conditionne l'attribution de nouveaux financements au respect du calendrier.
En visite vendredi 1er février en Savoie sur le chantier du tunnel ferroviaire Lyon-Turin, la ministre des transports, Élisabeth Borne, a invité l'Italie à prendre rapidement des décisions sur son engagement dans le projet afin que son calendrier soit respecté.
"il y a aussi des échéances qui nécessitent que des décisions soient prises dans un calendrier compatible avec la mobilisation des financements européens", a déclaré la ministre.
La veille, jeudi 31 janvier, le ministre italien des Transports Danilo Toninelli avait indiqué que le rapport évaluant les coûts et les bénéfices de cette liaison à grande vitesse (LGV), commandée par le gouvernement de Giuseppe Conte, sera rendu public après la mi-février. Selon la presse italienne, il ne fait aucun doute que ce rapport recommande l'arrêt des travaux du tunnel. Si une annulation de ce projet transfrontalier reste une hypothèse possible, voici où en sont les différents éléments du dossier.
Un projet central de tunnel transfrontalier de 57,5 km
Né dans les années 1990, ce projet veut reporter sur le rail une partie du fret routier entre la France et l’Italie. Le Lyon-Turin est une ligne ferroviaire qui s’étend sur 270 km, dont 70% en France et 30% en Italie. L'élément central est la section transfrontalière de la liaison ferroviaire (65 km), en souterrain à 89%. Ce tunnel doit s'étendre sur 57,5 kilomètres entre Saint-Jean-de-Maurienne (France) et Suse (Italie): 45 km en France et 12,5 en Italie. La société binationale Telt (Tunnel Euralpin Lyon Turin) est en charge de la construction. La mise en service du tunnel de base est prévue pour 2030.
20 ans de gestation et d'accords internationaux
La réalisation de l’ouvrage est régie par quatre accords internationaux souscrits entre la France et l’Italie en 1996, en 2001, en 2012 en 2015 et un protocole complémentaire en 2016. Entre fin 2016 et début 2017, les Parlements français et italien ont ratifié l’accord qui lançait les travaux définitifs. Le 21 mars 2018 le Comité interministériel pour la programmation économique (Cipe) a approuvé le projet du site de chantier sur le versant italien qui prévoit la réalisation des travaux principaux de l’ouvrage à partir de Chiomonte (Italie) au lieu de Suse. La procédure d’autorisation de l’ouvrage, en France et en Italie, est achevée depuis cette date.
Le creusement avance vaille que vaille
Le tunnel continue d'être creusé dans les Alpes des deux côtés de la frontière. "Près de 800 personnes s'activent sur l’ensemble du chantier dont 530 en chantiers et 250 réparties en sociétés de service et ingénierie" précise-t-on du côté de la Telt.
A ce jour, le creusement atteint 15,5% des 162 km galeries prévues par l’ouvrage (tunnels de reconnaissance, sondages, descenderies etc.). Côté français, à Saint-Martin-La-Porte (Savoie), plus de 64% des 9 km de la galerie de reconnaissance située dans l’axe et le diamètre du tunnel de base ont été creusés. Côté italien, à Chiomonte le creusement des 7 km de la galerie de reconnaissance a été achevé en février 2017. Mais le lancement du creusement du tunnel de base côté italien n'est pas encore effectué.
Le financement sous la houlette de l'Europe
Le tunnel de 57,5 km affiche un coût global de 8,6 milliards d'euros. "Jusqu'à aujourd'hui 2,5 milliards d'euros ont été engagés pour la réalisation de l'ouvrage, dont 1,2 milliard déjà dépensés pour les études et projets (financés à 50% par l'Union européenne, 25% par la France et 25% par l'Italie). 1,3 milliard sont contractualisés. D'ici à 2019, l'attribution de marchés pour un montant global de 5,5 milliards d'euros est prévue", explique la société Telt.
La construction du tunnel est cofinancée par l’Union européenne à 40%, le reste étant réparti entre les deux pays (35% pour l’Italie, 25% pour la France). La part de l'Europe dans la construction elle-même pourrait atteindre 50% comme pour la phase études et projets. Cette rallonge diminuerait d'autant le coût budgétaire supporté par la France comme par l'Italie, ce qui permettrait de vaincre les réticences transalpines.
La France favorable à l'achèvement du projet
En juillet 2017, Emmanuel Macron avait annoncé une "pause" dans les grands projets d’infrastructures, laissant planer un doute sur la poursuite du Lyon-Turin. Mais fin septembre 2017, lors d’un sommet franco-italien, il a confirmé l’engagement de l’État en faveur de cet ouvrage. Évoquant la "position claire de la France" sur la poursuite du projet, au regard notamment du traité international ratifié lors du dernier sommet franco-italien, la ministre des Transports, Elisabeth Borne a rappelé "l'engagement" pris à cette occasion par les deux États et estimé que "le projet doit aller à son terme".
Les atermoiements du pouvoir italien
La coalition au pouvoir en Italie depuis le printemps 2018 est en désaccord total sur le projet. Alors que la Ligue (extrême droite), dont la base électorale dans le nord du pays est très favorable à la future LGV, veut poursuivre le chantier, le Mouvement 5 étoiles (M5S) prône un abandon ou une remise à plat intégrale. Pour ce mouvement, cette ligne ferroviaire est considérée comme un gaspillage d'argent public. Ainsi, le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio a assuré dimanche 3 février que cette ligne ferroviaire "ne se fera pas", deux jours après que son partenaire au gouvernement, Matteo Salvini, eut réaffirmé son franc soutien au projet.
Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a essayé de calmer le jeu. Il a rappelé que la décision finale de l'exécutif serait prise de manière "transparente", après une analyse du "rapport coûts-bénéfices" commandée par le gouvernement et qui devrait être rendue publique vers la mi-février.
https://lepetitjournal.com/milan/actual ... ent-249399
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GV Lyon-Turin : le tunnel de la discorde enflamme le gouvernement
Par Marie-Astrid Roy | Publié le 03/02/2019 à 21:47 | Mis à jour le 04/02/2019 à 11:51
Photo : Le projet de TGV Lyon-Turin est contesté depuis 30 ans
TGV Lyon Turin
Le conflit sur la ligne à grande vitesse Lyon-Turin s’enflamme, provoquant de virulentes tensions au sein du gouvernement de coalition jaune-vert. Alors que l’analyse coûts-bénéfices commandée par le Mouvement 5 étoiles doit bientôt être rendue publique, la ministre française des Transports a quant à elle invité l’Italie à respecter les calendriers.
Le ton est encore monté d’un cran ce week-end entre les deux vices premiers ministres du gouvernement italien, Luigi Di Maio et Matteo Salvini. Le sujet de discorde : la ligne ferroviaire à haute vitesse Lyon-Turin qui déchaîne les passions dans la péninsule. Le leader du Mouvement 5 étoiles, farouchement opposé au projet, a assuré dimanche que la « TAV ne se fera pas ». La veille, il avait annoncé que « Tant que le Mouvement 5 étoiles sera au pouvoir, le chantier ne débutera pas ». Il répondait ainsi à l’autre membre de la coalition au pouvoir et chef de la Ligue qui avait deux jours auparavant réaffirmé son soutien au TGV Lyon-Turin – « Plus tôt on fait la TAV, mieux ce sera » - lors d’un déplacement sur le chantier côté italien, dans la vallée de Suse. Le ministre de l’Intérieur a rappelé que « 50.000 emplois » sont en jeu, il soutient en outre qu’ « y renoncer mettrait en danger la vie des entreprises ». Matteo Salvini s’était malgré tout montré ouvert à un accord, estimant qu’il était sans doute possible de réduire le coût du projet pour un milliard environ.
Mais Luigi Di Maio a vu rouge. Dimanche, il s’est interrogé publiquement : « Si on insiste sur cette question, dois-je en tirer la conclusion que c’est pour rompre l’alliance gouvernementale ? »
Alliance gouvernementale dans le tunnel
Le sujet divise le gouvernement depuis le début. Pour le M5S, il s’agit indiscutablement d’un gaspillage d’argent public. La Ligue au contraire, dont la base électorale est notamment composée de moyens et petits entrepreneurs du nord de l’Italie, se dit très favorable à la Ligne grande vitesse, comme à d’autres grands chantiers, tel le gazoduc des Pouilles.
Selon la volonté du M5S, une analyse coûts-bénéfices a été commandée par le gouvernement italien. La commission d’experts a remis son rapport le 9 janvier 2019 mais pour l’heure, le contenu n’a pas été dévoilé. Reste que d’après la presse italienne, l’avis de la commission est négatif. L’infrastructure serait inférieure à un seuil de profitabilité de 3,5% et recommanderait donc l’arrêt des travaux. L’avis de la commission sera rendu public vers la mi-février, a assuré le ministre des Transports Danilo Toninelli
Projet souhaité par la France
Vendredi, en déplacement sur le chantier côté français, la ministre des Transports Elisabeth Borne a rappelé « la position claire » de la France qui souhaite la poursuite du projet. Elle a ainsi demandé à l’Italie de prendre rapidement ses décisions dans le respect des calendriers et de la mobilisation des financements européens.
Cela fait 30 ans, depuis ses débuts, que le projet d’une ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin est contesté. Le tunnel qui doit faire 57,5km de long pour un coût de 8,6 milliards d’euros a commencé à être creusé des deux côtés des Alpes. Et côté italien, les manifestations « pro » et « contre » TAV ont lieu régulièrement.
https://www.challenges.fr/monde/europe/ ... sse_640596
Le chantier du tunnel TGV Lyon-Turin dans l'impasse
Par Jean-Pierre De La Rocque le 04.02.2019 à 17h28
En visite sur le chantier le 1er février, Elisabeth Borne, la ministre des Transports, a réitéré le soutien du gouvernement au projet. Mais Paris doit maintenant attendre la décision de Rome, où les deux vice-présidents du gouvernement italien - Matteo Salvini, chef de la Ligue, favorable au projet et Luigi di Maio, leader du Mouvement Cinq étoiles (M5S) qui ne veut pas en entendre parler - se sont écharpés sur le sujet pendant tout le week-end.
Discutée depuis plus de 20 ans, la ligne TGV entre Lyon et Turin, censée favoriser le développement du fret ferroviaire de part et d'autre des Alpes, est de plus en plus vivement contestée.
Vendredi 1er février, le chantier du tunnel Lyon-Turin a été l'objet d'une opération de com franco-italienne quasi-simultanée… Mais non concertée ! Tandis qu'Elisabeth Borne, la ministre des Transports descendait dans la galerie de base de la future ligne TGV entre Lyon et Turin, à Saint-Martin-la-Porte, en Maurienne, Matteo Salvini, leader de la Ligue et ministre de l'Intérieur italien faisait de même de l'autre côté de la frontière, dans la vallée de Suze. " Hélas, le tunnel n'est pas encore percé ! ", a déclaré la ministre, casquée, bottée et couverte d'une chasuble orange, qui semblait (presque) regretter de ne pas pouvoir discuter du sujet avec Matteo Salvini. " La France est vraiment engagée dans ce projet. C'est plus qu'un projet, c'est une réalisation ", a insisté Elisabeth Borne, juchée sur l'imposant tunnelier Federica et visiblement impressionnée par le travail déjà accompli. Les quelque 8.737 mètres d'excavations doivent, en effet, être achevés d'ici à juillet prochain, pour un projet long de 57,5 kilomètres.
Entourée de quelques huiles locales, dont Hervé Gaymard, président du conseil départemental de Savoie et Thierry Repentin, président des autoroutes et tunnel du Mont-Blanc, la ministre s'est déclarée confiante quant à la décision du gouvernement italien. Comme s'en félicite la députée LR Emilie Bonnivard, ce chantier est soutenu par la quasi-totalité des élus locaux qui font bloc derrière un gouvernement lui aussi enfin convaincu de " l'intérêt de cette réalisation pour la région et pour la France ". Une bonne nouvelle après des années de tergiversations sur un dossier déjà vieux de plus de 20 ans, toujours très critiqué par la mouvance écologiste. Et qui divise toujours l'opinion publique italienne.
Tensions en Italie
Pire, le sujet pourrait bien provoquer le déraillement du train gouvernemental, une alliance composée du courant populiste, le Mouvement Cinq étoiles (M5S) et de celui de la Ligue du Nord. Le ton est, en effet, sérieusement monté le week-end dernier, entre les deux vice-présidents du gouvernement : Matteo Salvini, chef de la Ligue, favorable au projet et Luigi di Maio, leader du Mouvement Cinq étoiles (M5S) qui ne veut pas en entendre parler. « Plus tôt on fait le TAV [nom italien du TGV Lyon-Turin, NDLR], mieux ce sera. Il faut achever cet ouvrage public exceptionnel dont l’Italie devrait être fière dans le monde entier », a lancé Salvini. Pendant que Luigi di Maio ripostait : « Le discours est clos. Nous pouvons simplement dire que tant que le M5S sera au gouvernement, ce chantier ne se fera pas », réaffirmant ainsi les engagements électoraux de son mouvement.
A quelques mois des élections européennes et des élections régionales dans le Piémont, dont le chef-lieu est Turin, et alors que l’Italie est de nouveau en récession, ce chantier est politiquement vital pour Matteo Salvini. « Il y a 50.000 emplois (…) qui sont en jeu dans une phase de crise économique, et y renoncer et mettre en danger la vie des entreprises me semble peu raisonnable », a insisté le leader de la Ligue, qui compte une majorité d’électeurs en sa faveur dans le nord de la péninsule, dont nombre de très dynamiques patrons de petites et moyennes entreprises. « Si on insiste sur cette question, dois-je en tirer la conclusion que c’est pour rompre avec l’alliance gouvernementale ? », s’est interrogé, de son côté, Lugi di Maio.
Le projet maintenu sur une voie de garage
En réalité, Matteo Salvini et Luigi Di Maio ont intérêt à attendre les résultats des futures élections pour compter leurs troupes et en découdre pour de bon. Autrement dit, ces bisbilles transalpines maintiennent le projet sur une voie de garage, alors que la date limite pour lancer les appels d’offres se rapproche. « Nos voisins italiens souhaitaient des expertises complémentaires et nous respectons leur processus de décision. Mais il y a aussi des échéances qui nécessitent que des décisions soient prises dans un calendrier compatible avec la mobilisation des financements européens », a insisté Elisabeth Borne, lors de son déplacement en Savoie. Même si elle ne s’en offusque pas en public, la ministre des Transports a dû être un peu chagrinée que son homologue italien, Danilo Toninelli - un membre du mouvement M5S qui a un rapport d'analyse coûts-bénéfices du projet depuis début janvier sur son bureau-, ne lui en ait pas envoyé une copie.
Pas de quoi en faire une jaunisse non plus, car l’essentiel du document est connu. Ce rapport estime le coût total du tunnel à 12,3 milliards d’euros (dont 2,7 milliards pour les Italiens contre une estimation antérieure de 8,6 milliards. Selon Marco Ponti, chef de la commission d’évaluation : « Les coûts du TGV Lyon-Turin sont deux fois supérieurs aux bénéfices attendus ». Bien sûr, les partisans du projet n’ont pas tardé à dénoncer les déclarations de Ponti qui serait, selon eux, un anti TGV de la première heure. Ponti assure même que l’Italie ne serait pas contrainte à payer 2 milliards d’euros de pénalités en cas d’annulation du projet. «Aucune clause de cette nature n’a été signée », a t-il affirmé. Mais il en faut plus pour écorner la détermination de Matteo Salvini qui assurait vendredi dernier que le coût du projet pouvait être réduit de 1 milliard d’euros. Paradoxalement Salvini, qui tire à boulets rouges sur la politique de la France en matière migratoire et accuse le président français Emmanuel Macron de gouverner « contre son peuple », aurait peut-être intérêt à calmer le jeu. Car sur ce dossier, le gouvernement français et le ministre de l’Intérieur italien pourraient se rallier autour d’intérêts communs.