Le Parisien a écrit :
Val-d’Oise : un radar contre les collisions avec les animaux sauvages
Le conseil départemental a fait installer à Seugy un dispositif avec des capteurs infrarouges, pour prévenir les automobilistes et éviter les accidents tout en protégeant les animaux.
Les capteurs infrarouges déclenchent un panneau lumineux invitant les automobilistes à ralentir.
Tout automobiliste qui a eu un jour la désagréable surprise de croiser de trop près un animal sauvage est bien placé pour savoir que ce type de rencontre peut causer de graves dégâts. En France, 40 000 accidents de la route sont ainsi causés par des collisions avec des animaux sauvages. Certains avec des conséquences dramatiques.
Pour éviter ce type d'accident, le conseil départemental du Val-d'Oise a décidé de mettre en place un dispositif expérimental à Seugy, sur la D 922, route d'intérêt régional et corridor identifié au Schéma Directeur de la région Île-de-France (SDRIF). Des caméras infrarouges ont été installées de chaque côté de la route, sur une distance d'environ 500 m. Ces dernières peuvent ainsi détecter grâce aux variations de température la présence d'un cerf, d'un chevreuil ou encore d'un sanglier. Lorsqu'elles repèrent la présence d'un invité surprise, elles filment mais surtout déclenchent un panneau lumineux affichant un chevreuil cerné de diodes rouges.
Quarante collisions en cinq ans
Il s'agit d'une première expérience en Ile-de-France et d'une troisième en France, après des essais en Isère et en Haute-Savoie. « Une étude a été réalisée entre 2014 et 2019, et nous avions recensé environ quarante collisions, explique-t-on au conseil départemental. Cela peut créer des accidents graves. »
Le projet a été monté en collaboration avec la fédération interdépartementale des chasseurs d'Ile-de-France. « Ce site sur la D 922 est identifié comme l'un quatre secteurs les plus accidentogènes à cause du passage des animaux », approuve Jean-Luc Barrailler, président de l'association pour la gestion du grand gibier dans le Val-d'Oise (AGGGVO) qui a activement participé au projet.
Trois autres sites sensibles
L'organisme a déjà repéré trois autres localisations posant problème, au niveau du château d'Epinay-Champlâtreux, aux alentours de l'abbaye de Royaumont et plus à l'ouest du département, à la sortie de La Chapelle-en-Vexin sur la D 14. C'est Seugy qui a finalement été choisi pour une première expérimentation. « C'est la préservation des animaux qui est en jeu, mais aussi la sécurité des automobilistes », souligne Jean-Luc Barrailler.
Les deux sont plus que jamais liés, puisqu'un nombre croissant d'animaux semble se déplacer d'un massif boisé à un autre ces dernières années. Surveillées de près par l'AGGGVO, ces populations issues notamment des zones boisées de l'Oise reviennent peu à peu dans le département, après l'avoir longtemps déserté.
Un phénomène rendu possible notamment par l'action du parc naturel régional Oise-Pays-de-France qui s'est attaché depuis des années à identifier et restaurer les corridors écologiques. « Tout cela s'inscrit dans la stratégie de protection des biocorridors », se félicite Jean-Luc Barrailler. La traversée de la D 922 à Seugy fait partie de cette carte de chemins précieux empruntés par les animaux.
En six mois, 91 animaux ont été détectés
Le système installé depuis le mois de mars, et dont le coût est de 80 000 €, a permis de détecter 91 animaux, dont 63 % de sangliers et marcassins, 14 % de renards et 2 % de chevreuils. « Nous savons que les cerfs sont bien là aussi, nous le voyons dans nos comptages de nuit », rappelle le président de l'AGGGVO heureux de voir enfin l'animal emblématique reprendre possession du territoire Val-d'Oisien.
Le dispositif conçu par l'entreprise Lacroix signalisation pourrait dans l'avenir se montrer utile sur d'autres routes du département, couvert à 21 % par des forêts et des bois. « J'espère juste qu'il ne sera pas détérioré, c'est la seule crainte », confie Jean-Luc Barrailler. Les derniers systèmes d'observation de la faune mis en place par l'association sont en effet « systématiquement la cible de dégradations ou de vols ». L'organisme a ainsi malheureusement bien du mal à effectuer des comptages sur des sites comme le passage faune implanté au-dessus de la N 184 en forêt de L'Isle-Adam.
Le Parisien