Nouvelle parue aujourd'hui dans L'Est Républicain :
Poids-lourds tolérés sur la RN4
Le préfet revoit sa copie. Il n'est désormais plus question d'interdire la célèbre nationale aux camions pendant les travaux de réparation de la chaussée.
BAR-LE-DUC. _ Pour réparer l'assise et la bande de roulement de la RN4, la direction de l'Equipement et la préfecture meusiennes avaient décidé d'interdire aux véhicules de plus de 7,5 tonnes de circuler (dans les deux sens) à compter du mardi 6 juin à 8h et jusqu'au lundi 16 octobre à 18h.
La nouvelle a fait grincer tellement de dents que le préfet de la Meuse Michel Lafon a retardé la signature de l'arrêté confirmant ces dispositions. Hier soir, une solution a pu être trouvée au terme d'une réunion à la préfecture avec les fédérations de transporteurs routiers. Une solution qui concilie à la fois l'exigence de sécurité des employés qui vont effectuer les travaux de réfection de la chaussée et la libre circulation des camions, nécessaire à la vie de nombreuses entreprises lorraines. Initialement en effet, les transporteurs se voyaient contraints de dévier leur flotte logistique vers des autoroutes à péage ; sur l'A4 au nord ou sur l'A26, l'A5 et l'A31 au sud. Une obligation légale qui aurait augmenté les coûts de revient du transport de marchandises sur route.
Craintes économiques
Les élus meusiens du secteur concerné -une soixantaine de km entre Ancerville et Pagny-sur-Meuse- ont eux-aussi alerté le préfet sur les risques économiques qu'une mesure aussi radicale allait faire courir à de nombreuses entreprises commerciales et industrielles. André Jannot, maire-conseiller général de Void-Vacon, Alain Verneau, conseiller général de Commercy et Marie Maron, maire de Pagny-sur-Meuse ont été les premiers à attirer l'attention du représentant de l'Etat.
« On va mettre des entreprises à genoux », estimait André Jannot, qui compte sur son territoire des restaurants et une importante entreprise de ventes par correspondance de produits lorrains. Même crainte à Pagny-sur-Meuse, où 600 emplois dépendent du transport routier. C'est là en effet que sont installés la base logistique Intermarché, ainsi que de vastes entrepôts frigorifiques, sans oublier d'autres sociétés de transports, un restaurant, un hôtel, une station service Total...
Contrôles de vitesse systématiques
La concertation avec les élus et les professionnels s'est donc conclue hier en fin d'après-midi, avec la décision du préfet de ne pas restreindre la circulation des poids-lourds. Mais assortie de mesures strictes, notamment en matière de limitation de vitesse. La RN4, dans les secteurs dégradés, ne pourra être empruntée qu'à la vitesse maximale de 90 km/h. Dans les zones où la circulation sera mise en double sens par basculement, la vitesse maximale autorisée sera de 50 km/h.
Ces réductions de vitesse devraient permettre de préserver la structure fragile de la chaussée durant le chantier. Dans l'hypothèse d'une aggravation des désordres, une restriction immédiate du trafic pourra être envisagée pour la sécurité de l'ensemble des usagers. Les forces de l'ordre seront chargées de procéder à des contrôles de vitesse systématiques de jour comme de nuit. Les mesures de réduction de vitesse seront modulées tout au long du chantier dans l'objectif de rendre la RN4, pleine et entière, à ses utilisateurs dans les meilleurs délais (16.000 véhicules par jour dont 40 % de poids-lourds selon les chiffres de la DDE de la Meuse). Ces travaux importants avec basculement du trafic sur des longues distances vont entraver de façon significative la fluidité du trafic, il est donc fortement conseillé aux poids-lourds de plus de 7,5 t en transit d'éviter la RN4 (entre l'échangeur RN4/A26 à Sommesous (Marne) et l'échangeur RN4/A31 à Toul (Meurthe-et-Moselle).
Fernand DOYEN
La chaussée a subi de sérieux dégâts durant l'hiver : le macadam se dérobe et laisse place à de nombreux nids de poule. Photo Fabrice JUNG